"Les Chemins Croisés"

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Quelques semaines se sont écoulées depuis notre dernière rencontre sur le toit. Je m'efforce de maintenir le cap, plongé dans mes études et mes responsabilités familiales, mais je n'arrive pas à chasser Emma de mes pensées. Son visage, ses mots, cette douleur partagée, tout cela revient sans cesse me hanter. Je me demande souvent ce qu'elle devient, si elle a décidé de rester enfermée dans ce monde doré qui l'étouffe, ou si elle a trouvé un moyen de s'en échapper.

Ce soir-là, après avoir passé des heures à la bibliothèque, je décide de passer par le parc sur le chemin du retour. Il est tard, et l'endroit est presque désert, baigné dans la douce lumière de l'automne. Je marche lentement, appréciant ce moment de calme, quand j'entends des rires étouffés et des murmures. Intrigué, je me dirige vers le bruit et aperçois un groupe de jeunes rassemblés autour d'un banc.

Je reconnais immédiatement George, l'ami d'Emma. Il est là avec d'autres, leur petit groupe habituel, riant bruyamment, une bouteille à la main. Mais ce qui capte vraiment mon attention, c'est la silhouette assise à l'écart. Emma est là, mais elle semble complètement détachée de l'ambiance festive. Son regard est fixé sur le sol, et je peux voir la lassitude sur son visage.

Sans trop réfléchir, je m'approche d'elle. Mon cœur bat un peu plus fort, incertain de ce que je vais dire ou faire, mais incapable de rester à l'écart. Quand j'arrive devant elle, elle lève les yeux, et nos regards se croisent. Le temps semble s'arrêter, comme si tout ce qui nous entoure s'effaçait, ne laissant que nous deux, là, dans cette bulle de silence.

Emma semble surprise de me voir là, mais je dénote aussi une lueur de soulagement dans ses yeux, comme si ma présence lui offrait une bouffée d'air.

"Qu'est-ce que tu fais ici ?" murmure-t-elle, sa voix faible, à peine audible, mais chargée d'une vulnérabilité qu'elle tente de dissimuler.

Je hausse les épaules, feignant la nonchalance. "Je pourrais te poser la même question."

Elle esquisse un sourire triste, jouant distraitement avec la bouteille qu'elle tient entre ses doigts. "George m'a traînée ici. Je n'avais pas vraiment envie de venir..." Elle marque une pause, ses yeux plongés dans les miens. "Tu sais, j'ai beaucoup pensé à ce que tu m'as dit sur le toit."

Je hoche la tête, cherchant les mots justes. « Moi aussi, j'ai pensé à toi."

Un silence inconfortable s'installe, tandis qu'on se regarde sans dire un mot. Autour de nous, les rires et les éclats de voix de George et des autres semblent appartenir à un autre monde, lointain et sans importance.

"Mais t'es la personne qui était sur le toit avec murmure haha.. Quoi maintenant on est tombé amoureux d'elle ? Elle n'est pas de ton monde" Dit-il faisant rire toute la bande.

"Et ça te dirait de fermer ta gueule"

Je ne sais pas pourquoi, pourquoi suis-je confiant autour d'eux mais je pris la main d'Emma et marcha loin de sa bande.

"Je n'ai pas changé d'avis"reprend Emma, sa voix se faisant plus assurée. "Je veux vraiment quitter tout ça, mais... c'est plus difficile que je ne le pensais. Je ne sais pas comment m'y prendre."

"Peut-être que tu n'as pas besoin de le faire seule" dis-je doucement, laissant l'espoir percer à travers mes mots.

Emma me fixe, une lueur de gratitude et de détermination se mêlant dans son regard. "Peut-être" murmure-t-elle, comme si elle s'autorisait enfin à croire en quelque chose de mieux.

À cet instant, George s'approche, visiblement agacé par leur conversation privée. "Emma, qu'est-ce que tu fais ? Viens, on rentre."

Elle le regarde, puis tourne les yeux vers moi. "Non, George. Je vais rester un peu ici. Tu peux rentrer sans moi."

George la dévisage, surpris par son ton ferme, mais quelque chose dans son expression le pousse à ne pas insister. "Comme tu veux" grogne-t-il, avant de s'éloigner en marmonnant.

Quand nous sommes enfin seuls, je lui souris légèrement. "Alors, on fait quoi maintenant ? On pleure encore sur notre sort ?"

Emma répond avec un sourire sincère. "On va où tu veux, tant que c'est loin d'ici."

Et c'est ainsi que nous nous éloignons ensemble du parc, laissant derrière nous un monde de faux-semblants pour en explorer un nouveau, encore incertain, mais rempli de possibilités.

"Tu as révisé le baccalauréat ?" Dit-elle

"j'ai révisé énormément pour le baccalauréat. C'est ma chance de sortir de cette vie difficile, d'échapper à la pauvreté. C'est un vrai enjeu pour moi, un véritable tremplin."

Emma me regarde, une lueur de curiosité et de compréhension dans ses yeux. "Je comprends... "dit-elle doucement. "Moi, je n'ai pas révisé autant que je le devrais. Je suis tellement préoccupée par tout ce qui se passe autour de moi que j'ai du mal à me concentrer. Je sais que je devrais m'y mettre sérieusement, mais... je ne sais pas par où commencer."

Je la regarde, surpris par sa confession. "Peut-être que je pourrais t'aider"propose-je. « Si tu veux, on pourrait réviser ensemble. J'ai l'habitude de travailler dur et je pourrais t'expliquer certaines choses, te donner un coup de pouce. »

Emma semble hésiter un moment, puis un sourire timide se dessine sur ses lèvres. "Ce serait vraiment gentil de ta part. Je serais reconnaissante pour toute l'aide que tu pourrais m'offrir. J'ai l'impression de me noyer sous la pression, et parfois, une main tendue peut faire toute la différence."

Je lui rends son sourire, sentant une vague de soulagement et d'espoir. "D'accord. On peut commencer dès demain. Et ne t'inquiète pas, je suis sûr que tu t'en sortiras très bien. "

Nous continuons à marcher, discutant des détails pratiques pour notre prochaine séance d'étude. À mesure que la nuit avance, je réalise que, tout comme moi, Emma cherche une issue à ses propres difficultés. Peut-être que, en nous soutenant mutuellement, nous pourrons trouver une manière d'avancer, de construire un futur meilleur, ensemble.

"Du coup le pauvre garçon..c'est quoi ton nom?"

"Gabriel ..et je suppose que la riche aristocrate ici s'appelle Emma?"

Elle rigola, puis continua à marcher.

"Je viendrais chez toi alors Gabriel...mon père est à son shooting photo, c'est à dire que ma maison est rempli de papiers..c'est dur de réviser ici avec ses "Oui comme ça ma belle, sois plus féroce Grrr" enfin..bref.."

Je pouffe de rire, puis me retient quand je comprend qu'elle va venir chez moi, je lui montre quelque chose de vraiment vulnérable en la laissant aller chez moi.

"Après tout..qu'est ce qu'on ne sait pas dis hein.."

•••

•Dear Diary• Où les histoires vivent. Découvrez maintenant