Point de vue de Gabriel
Je rentrais chez moi après une journée épuisante. La pluie avait cessé, laissant derrière elle un air lourd et humide, typique de cette ville que je commençais à détester de plus en plus. Mes pensées vagabondaient entre les prochaines échéances et le stress. Mais ce soir-là, ce n'était pas le poids des responsabilités qui me préoccupait le plus.
Je me dirigeai vers mon appartement, les clés en main, quand une silhouette familière attira mon attention. Ils étaient là, en face de mon immeuble, se moquant bruyamment, les yeux brillants d'une haine que je croyais révolue.
Les mêmes voyous qui m'avaient tourmenté au lycée, me faisaient face. Leurs visages, marqués par le temps et la violence, m'évoquaient des souvenirs amers. Ils semblaient m'attendre, comme si le passé réclamait son dû.
L'un d'eux, un grand à la mâchoire carrée, fit un pas en avant. « Alors, le petit écrivain est de retour ? » lança-t-il avec un sourire méprisant. « On se croyait riche et célèbre, hein ? Maintenant, on veut notre dû. »
Je gardai mon calme, une froideur glaciale enveloppant mes paroles. « Vous avez des dettes à me réclamer ? Vous vous souvenez de ce que vous m'avez fait ? Vous me croyez effrayé par vos menaces ? Je le redirais encore et encore, c'était ton choix de me donner les sous» Dis-je en souriant.
Ils se rapprochèrent, menaçants, les rires s'éteignant lentement. « Ouais, et maintenant que tu te la coules douce avec une fille riche, tu te penses invincible ? T'as bien changé, Gabriel. Mais la réalité, c'est que tu dois encore payer pour ce que tu nous dois. »
Je fis un pas en avant, les yeux pleins de défi. « Vous pensez vraiment que vous pouvez me faire peur avec vos intimidations ? Vous ne savez rien de ce que j'ai traversé, et vous ne savez rien de ce que je suis devenu. »
Un autre, plus petit mais tout aussi agressif, lança un coup dans mon abdomen. Je le frappa en retour, comme si ce nain ne m'avait rien fait puis le grand me plaqua au mur.
« Vous croyez que votre violence peut effacer le passé ? Vous croyez que vous pouvez me faire revenir à l'époque où j'étais un petit gamin sans défense ? » Je laissai ma voix vibrer de mépris. « Vous vous trompez lourdement. Vous voulez me frapper ? Allez-y. Vous voulez de l'argent ? Vous n'en aurez pas un centime de plus. »
Les coups continuèrent, mais je ne fléchissais pas. Mes vêtements se tâchaient de rouge, mes muscles se crispaient sous la douleur, mais mon regard restait déterminé. Je ne laisserais pas ces démons du passé me réduire au silence.
Ils finirent par se lasser de leur jeu et reculèrent, laissant derrière eux une douleur physique et un sentiment d'injustice. Le plus grand s'avança une dernière fois. « T'es un vrai con, Gabriel. Mais souviens-toi de ça : les dettes du passé finissent toujours par se payer. »
Je les regardai partir, essuyant le sang de ma bouche avec le dos de ma main. La pluie recommença à tomber, mélangeant l'eau à la sueur et au sang. J'étais ébranlé, mais non brisé. Je savais que ce n'était pas la dernière fois que je les croiserais, mais j'étais prêt à affronter ce que l'avenir me réservait.
Je restais collé au mur du hall, puis pris une cigarette et l'a fuma, elle me piqua un peu mes plaies mais toute cette douleur n'était rien comparé à la rage que j'ai.
Emma et moi avions déménagé ensemble, du coup impossible de lui mentir, elle verra mes plaies et le sang sur ma chemise.
Après cette confrontation avec les ombres du passé, je rentrai chez moi, chaque pas étant une épreuve de plus contre la douleur persistante. L'appartement semblait étrangement calme, une paix trompeuse après la tempête.
En entrant, Emma m'attendait dans le salon, ses yeux s'illuminant à la vue de mon état. L'inquiétude peignait son visage alors qu'elle se précipitait vers moi.
« Gabriel, qu'est-ce qui s'est passé ? » demanda-t-elle, une lueur d'angoisse dans ses yeux. « Tu es tout ensanglanté et couvert de blessures. »
Je tentai de sourire, mais la douleur m'en empêcha. « Ce n'est rien, Emma. Juste quelques petits incidents. Ça ne vaut pas la peine de s'inquiéter. »
Elle n'était pas convaincue. Sans attendre de réponse, elle m'aida à m'asseoir sur le canapé et se dirigea vers la trousse de premiers secours. Ses gestes étaient rapides mais délicats, révélant une compassion sincère.
« Laisse-moi m'occuper de ça, » murmura-t-elle, ses doigts effleurant doucement les blessures. Elle désinfecta soigneusement chaque égratignure et contusion, son regard concentré sur son travail. La douleur était toujours présente, mais sa présence apaisait un peu l'angoisse.
Je la regardai en silence, mes pensées se mêlant entre la douleur physique et l'impact émotionnel de la confrontation. Emma était déterminée à s'assurer que je sois bien soigné, ses gestes empreints d'une tendresse silencieuse.
« Pourquoi ne m'as-tu pas dit ce qui se passait ? » demanda-t-elle finalement, sa voix tremblante. « Pourquoi endurer ça seul ? »
Je pris une profonde inspiration, cherchant les mots justes. « Parce que parfois, il vaut mieux faire face à ses démons seul. Je ne voulais pas te faire part de mes problèmes. Tu as déjà assez à gérer avec tout ce que nous avons traversé. »
Elle leva les yeux vers moi, une expression de détermination mêlée à une douce inquiétude sur le visage. « Gabriel, nous sommes ensemble dans ça. Peu importe ce que tu traverses, tu n'es pas seul. »
Quand elle eut terminé de nettoyer les blessures, elle déposa un baiser léger sur ma joue, comme pour apaiser la douleur et les peurs que je portais. Je la pris dans mes bras, la réconfortant à sa manière en lui transmettant tout le soulagement que je ressentais grâce à elle.
Les moments de calme que nous partagions étaient précieux, malgré les difficultés. Dans l'intimité de notre foyer, même les cicatrices du passé semblaient un peu moins douloureuses, car je savais que j'avais à mes côtés une personne prête à affronter l'avenir avec moi.
Je la regardais, cette fille que j'aimais plus que tout, et je voyais la détermination dans ses yeux. Ses mains serraient les miennes, comme si elle pouvait vraiment absorber tout ce qui pesait sur moi.
« Gabriel, donne-moi toute ta douleur, » murmura-t-elle, la voix tremblante mais résolue. « Je peux tenir le coup, moi. Je te le promets. »
Mon cœur se serra à ces mots. Elle ne comprenait pas. Comment aurait-elle pu ? Tout ce que j'avais traversé, tout ce qui continuait de me hanter... C'était trop. Trop pour moi, et certainement trop pour elle. Pourtant, elle était là, devant moi, prête à se sacrifier, à porter un fardeau qui n'était pas le sien.
Je détournai le regard, luttant contre l'envie de tout lui avouer. Elle méritait mieux que ça, mieux que moi. Mais elle ne lâchait pas prise. Je pouvais sentir la chaleur de son amour, sa volonté de m'aider, et cela me brisait encore plus.
« Tu ne comprends pas, Emma, » murmurai-je, la gorge serrée. « J'ai traversé trop de choses. Je ne peux pas simplement te refiler tout ça. Ce n'est pas juste. Je ne peux pas te laisser porter ma douleur, pas après tout ce que tu as déjà vécu. »
Elle secoua la tête, refusant de m'écouter, refusant d'accepter mes mots. Ses mains se resserrèrent encore, comme si elle voulait me faire comprendre par sa seule étreinte qu'elle pouvait tout supporter.
« Je suis plus forte que tu ne le crois, Gabriel, » insista-t-elle, les yeux brillants de détermination.
Je sentis mes défenses faiblir. Une part de moi voulait tout lui dire, tout lui confier, mais l'autre, celle qui avait survécu à tant d'épreuves, ne voulait pas la briser. Emma méritait la lumière, pas l'obscurité qui me dévorait.
« Je payerais toutes tes dettes »
Mes yeux s'écarquillèrent à sa demande. Je secoue la tête, les yeux remplis de confusion et de gratitude. « Non, je ne peux pas accepter ça, Emma. C'est trop pour moi. Je ne veux pas que tu te sentes obligée de payer mes dettes. Je vais trouver un autre moyen de m'en sortir. Tu me connais bien non ? »
« Gabriel..Je te connais beaucoup trop bien pour savoir que tout va mal finir »
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•Dear Diary•
RomanceÀ l'aube de sa vie, Emma redécouvre un vieux journal caché parmi les souvenirs. Les pages délavées murmurent l'histoire d'un amour interdit : Elle était riche, il était pauvre, mais leur amour, lui, était sans prix. Les mots d'autrefois ravivent des...