Chapitre 7 - Zerachiel

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— M'sieur Zerachiel a trouvé une chérie ! balance un des mioches à ses camarades

Alors que j'ai Och entre les mains pour lui faire la peau, je me retourne vers les gamins et fronce les sourcils.

— De quoi il parle ce p'tit merdeux...

— De la jolie brune qui te tient tête ? répond Och
Je serre ma prise sur son cou, il croasse de surprise et me griffe avec ses pattes pour se défaire de mon emprise. Je finis par le lâcher et il prend son envol.

— Sûrement pas, maugrée-je.


"Pas que ça à foutre de me trimballer un boulet aux chevilles"

— M'sieur Zerachiel est amoureux ! continue le garçon.

— Tout compte fait, j'vais m'faire un gosse pour le repas...

Je disparais avant de réapparaître derrière le garnement qui n'arrête pas de raconter des conneries et je le chope par le col de sa chemise avant de le soulever jusqu'à ma hauteur. Il avale sa salive avant de baisser le regard. Bizarrement ça fait moins le malin là. Je lui demande de répéter ce qu'il a dit mais aucun son ne sort de sa voix.

— Laisse-le Zerachiel, il s'amuse, fait une petite voix derrière moi.

— Rosalie... chuchoté-je.

Je regarde le garçon avant de le déposer et de lui dire qu'il peut la remercier avant qu'il ne décampe rapidement. Je me tourne vers la petite fille et je croise les bras en la regardant.

— S'amuser à répandre une fake news ? Ça fait rire que lui et ces abrutis d'amis.

— Ce sont des enfants, sourit-elle, viens.

Elle me tourne le dos avant de se diriger vers le centre du cimetière, je la suis en jetant un œil par-dessus mon épaule. Il me nargue en faisant des grimaces.

"J'vais m'le faire celui-là"

Elle s'assoit sur le banc et tapote la place libre à côté d'elle. Je viens m'installer à mon tour avant de poser mes bras sur le dossier du banc et de basculer la tête en arrière en soupirant. Rosalie brise le silence en me parlant de cette fille, je lève les yeux au ciel en me disant que même elle, elle s'y met.

— C'est toi qui joue avec elle, n'est-ce pas ? demande-t-elle en regardant la fontaine.

— Moi ? Pourquoi ? Et comment veux-tu que je m'y prenne ?

— Je ne suis pas dupe Zerachiel. Ici, tout le monde sait qui tu es. Tu ne veux pas qu'elle continue ses recherches...

Je soupire en me penchant en avant, posant mes coudes sur mes cuisses, les yeux rivés vers la fontaine à mon tour.

— Non. Mais question... Qui te l'a dit ? Les adultes le savent, pas les enfants.

— Leonard, avoue-t-elle, je ne comprenais pas pourquoi tu étais sur la défensive par rapport à l'autre secteur. Et je n'aime pas ne pas comprendre.

— Sacré Leonard, dis-je en baissant la tête. C'est le plus emmerdé par les enfants et c'est lui qui balance la raison.

— Ne me confonds pas avec ces illettrés... dit-elle en parlant des enfants, on ne joue pas dans la même cour bien qu'on soit tous morts.

Elle se lève puis s'approche de la fontaine avant de s'asseoir sur le rebord.

— Pourquoi refuse-tu qu'elle continue ? questionne-t-elle en passant sa main dans l'eau.

— Côtoyer le passé des nécromanciens est une mauvaise idée. Elle se heurte à une magie qui la dépasserait et j'aimerais éviter que le secteur se réveille. Je peux en gérer certains, mais pas tous. Encore moins Isaak...

— Celui sur qui elle fait des recherches, chuchote-t-elle, qui est Isaak ?

— Pas envie d'en parler.

Elle tourne la tête vers moi, je plante mon regard dans le sien et hoche la tête négativement pour qu'elle comprenne qu'elle n'aura pas de réponse. Elle me balance alors de l'eau en souriant.

— Si elle est têtue, tu es borné, s'amuse-t-elle.

Je soupire en me levant et je m'étire avant de m'approcher de la fontaine. Je vois qu'elle arrive à dompter sa peur de l'eau petit à petit. Je tapote sa tête gentiment avant de la laisser et de faire ma ronde.

"J'suis pas borné"

Leonard est assis sur sa tombe, une tasse de thé à la main. Il sort rarement, mais ça reste un plaisir de le voir. La tête de turc des enfants et pourtant, il ne les a jamais réprimandé. Il est se'ul dans sa sépulture, sa femme ayant été enterré dans un autre cimetière. Je viens le saluer, il me propose une tasse de thé que je refuse poliment. Il m'invite à m'installer à côté de lui, je m'exécute.

— Veuillez me pardonner d'avoir dit la vérité à Rosalie, finit-il par dire, voyez-vous, je m'inquiétais un peu de votre situation, qui, j'avoue, n'est pas la meilleure.

Il prend une pause afin de boire une gorgée de sa boisson avant de reprendre.

— Mais je me suis dit qu'il serait temps pour vous de faire face à la réalité. Cette fille ayant entamé des recherches sur le passé de vos ancêtres, il me semble juste que vous puissiez cesser de renier ce que vous êtes.

— Et de finir enterré dans le secteur interdit ? soufflé-je

— Zerachiel Heinonen, vous n'êtes pas un nécromancien ordinaire, dit-il

Je lève les yeux au ciel en sentant que je vais me prendre un cours sur mon sujet alors que je le sais déjà. Mais par respect, je le laisse continuer. J'appuie ma tête sur mon bras et je regarde le cimetière.

— Il y a deux types de nécromanciens, la plus connue étant celle de ramener les morts à la vie mais bon, ce n'est que temporaire... Basique. Et y a les nécromanciens capable de les ramener, de les utiliser et d'interagir avec les vivants sans que cela ne se voit mais également le pouvoir de vie ou de mort sur eux.

"Je suis le deuxième"

— Et je ne vous apprend rien en vous disant que vous faites partie de la caste très restreinte de la deuxième catégorie, reprend t-il. Il me semble, de mémoire, que dans l'autre secteur, vous êtes seulement deux.

— Trois, rétorqué-je. L'arrière-grand père, le père et moi.

— La chasse est terminée, conclut-il, personne ne sait qu'il n'en reste qu'un.

Il se tourne vers moi avant de boire une autre gorgée de sa boisson. Il pose sa tasse avant de reprendre.

— Si vous vous demandez comment je sais tout ça, voyez vous, cette jeune fille n'est pas la première à faire des recherches sur cet événement.

Je tourne la tête vers en écarquillant les yeux. Il est en train de me dire que lui aussi en faisait.

— Je sais quelle est réellement votre date de naissance, jeune homme. Et ce n'est sûrement pas celle indiquée sur l'état civil actuel.

Il en sait plus que ce que je croyais au final. Je me lève, perturbé par tout cela et commence à partir avant de me retourner vers lui.

— Je suppose que vous êtes mort après avoir découvert la vérité, conclué-je.

— On va dire que cela n'a pas beaucoup plus à vos ancêtres. Et je comprends que vous ne vouliez pas que cette jeune fille subisse le même sort. Après tout, elle est très belle, ça serait dommage, n'est-ce pas ?

Je sursaute avant de froncer les sourcils, il va pas s'y mettre aussi !

— Retirez ce que vous venez de dire ou vous vous démerdez avec les mioches la prochaine fois.

Il se met à rire avant de me dire qu'il retire. Il me souhaite une bonne nuit avant de disparaître.

"Journée de merde"

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