Chapitre 5 - Zerachiel

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Alors que je suis en train de nettoyer une sépulture, je vois arriver une jeune fille. La même qu'hier. Elle se dirige une nouvelle fois dans le secteur des Damnés.

— Qu'est-ce qu'elle fait ? chuchoté-je.

Je termine mon travail en jetant de temps en temps des coups d'œil. J'entends des croassements, je lève les yeux et je vois Och voler au-dessus de moi avant de se diriger vers le même secteur. Je décide d'aller y faire un tour pour m'assurer que tout va bien. Je la vois regarder chacune des tombes comme si elle en cherchait une en particulier.

— Je peux vous aider ? finis-je par demander.

Elle sursaute en se retournant avant de planter son regard dans le mien. J'écarquille les yeux en voyant sa tête. Si elle avait des flingues à la place des yeux, j'aurais fini en passoire. Elle me dévisage avant de s'approcher de moi et de me dire qu'elle travaille sur un sujet que son professeur lui a donné. Comme elle veut que ce soit parfait, elle se renseigne sur la période où les nécromanciens ont subi une chasse digne de celle des sorcières.

— Ce secteur est interdit, dis-je simplement. C'est la deuxième fois que je vous vois ici.

— S'il est interdit, il est où le cadenas m'empêchant d'y entrer ? demande t-elle

J'arque un sourcil, en soit, elle a pas tord mais le règlement est clair. D'ailleurs, je lui informe qu'une note de service à l'entrée stipule que personne ne doit y aller. Ce à quoi elle rétorque qu'elle ne l'a pas vu.

— Est-ce qu'au moins vous vous êtes arrêté pour la lire ? renchéris-je, y a pas plus visible dès l'entrée.

Elle se fout de moi celle-là, y a un gros panneau avec toutes les notes c'est pas pour faire joli !

— Demi-tour, dis-je en tournant les talons

Je vois qu'elle ne bouge toujours pas et semble camper sur sa position. Elle va apprendre à voler si elle continue. Je me retourne et la saisis par le bras, elle commence à crier comme si je l'agresser, je la relâche aussitôt, surpris par ce qu'elle vient de faire.

— J'ai à peine pris le bras, maugrée-je.

— J'ai besoin d'avoir des informations, continue t-elle

— Juste pour écrire un point de vue sur cet événement ? Pas besoin ! Allez oust !
Elle me sort un "non" avant de me tourner le dos et de continuer sa route. Je me mords la main droite en ayant une envie de la tuer. J'entends Och croasser de nouveau, j'ai l'impression qu'il se fout de ma gueule.

— On en reparlera ce soir, chuchoté-je en le regardant.

Je soupire avant de suivre la fille et de me mettre devant elle. A chaque fois qu'elle tente de passer, je lui bloque le passage. Pas de chance pour elle, l'allée s'est rétrécit et à par sauter au-dessus des tombes ou les profaner en marchant dessus, elle ne peut pas passer.

— Sors de ce secteur, deuxième fois, dis-je plus froidement.

— Je sortirai quand j'aurai d'autres informations.

Je perds patience et l'attrape avant de la mettre sur mon épaule comme un sac à patate. Vu comme elle est légère, c'est d'une facilité déconcertante. Elle se met de nouveau à crier en me tapant le dos, je passe outre sa crise d'enfant et la ramène dans le secteur autorisé. Je la dépose ou plutôt, je la balance par terre et je referme le portail. Discrètement, je fais apparaître un cadenas.

— Au fait, y 'avait un cadenas, dis-je en le montrant. Bonne journée.

Je lui souris avant qu'elle ne se mette à râler, j'hausse les sourcils, désespéré et je repars me mettre au travail. Sur le chemin, je l'entends me courir après.

— Attends, dit-elle, s'il te plaît.

Je m'arrête de marcher en levant les yeux au ciel en me demandant ce qu'elle va encore me faire comme coup foireux. Je me retourne vers elle, celle-ci reprend sa respiration avant de me demander si je sais des choses à ce sujet.

"Et c'est repartit"

— T'es sûre que y' a que cette histoire de rédaction et pas autre chose pour en faire une fixation comme ça ? demandé-je lassé.

Je vois ses yeux s'écarquiller avant qu'elle ne baisse la tête. Voilà, on y est, y a autre chose. Elle m'explique que depuis qu'elle a commencé ses recherches et qu'elle est allée sur la tombe d'un homme nommé Isaak Heinonen, elle reçoit des mails provenant d'une adresse inconnue. Elle sort un carnet de sa sacoche et me le tend. J'arque un sourcil en me demandant si c'est pas l'hôpital que je dois contacter pour qu'elle se fasse interner d'office.

— Lis s'il te plaît, insiste-t-elle en pointant le carnet.

Je m'exécute en lisant ses notes, elle a plus d'informations que ce que je pensais. En regardant les adresses mails, je fais le lien rapidement. Je lui rends son carnet et je me gratte l'arrière de la tête, faisant mine d'être embêté.

— Aucune idée, dis-je. Sûrement quelqu'un qui s'amuse.

— Quelqu'un qui s'amuse ? Qui sait sur quoi je bosse actuellement ? Impossible.

— Tout est possible avec la technologie d'aujourd'hui, bonne journée !

Je tourne les talons avant qu'elle ne me saisisse par le poignet. D'un geste sec, je me dégage de sa prise et sans la regarder, je lui demande de partir, maintenant. Une fois qu'elle est enfin sortie, je me passe les mains sur le visage en m'adossant contre le mausolée à ma droite.

— Mon dieu qu'elle était casse-couille celle-là, soupiré-je.

J'entends de nouveau Och, ce soir je sens que je vais le transformer en aiguillettes et que je l'assaisonnerai avec du thym-citron pour m'en faire mon repas. 

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