Chapitre 8 - Anahel

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Je me réveille, allongée sur une paillasse. Je suis surprise en découvrant des cordes serrées autour de mes poignets. Je regarde autour de moi et je découvre que je suis dans une cellule. Je m'appuie contre le mur pour me relever sentant la peur m'envahir. Je m'avance jusqu'aux barreaux et je regarde les alentours. Le silence est pesant et je ne vois personne d'autre. Je me tourne, une tout petite fenêtre se trouve en hauteur mais je n'ai rien pour pouvoir monter dessus et regarder à l'extérieur.

"C'est quoi ce délire"

J'entends une porte s'ouvrir, le bruit d'un trousseau de clés tapant sur quelque chose avant de voir un homme rondouillard, les cheveux dégarnis et le regard perçant. Il me détaille pendant quelques minutes avant de défaire son trousseau et d'insérer la clé.

— C'est l'heure pour vous d'aller rejoindre vos amis les morts, dit-il froidement.

Il ouvre la porte, je m'éloigne rapidement avant de heurter le mur. Je panique alors qu'il s'avance vers moi et me saisit violemment par les cheveux en me disant d'être sage et d'obéir aux ordres. Mais qu'est-ce que j'ai fait ? De quoi m'accuse-t-on.

Il me pousse hors de la cellule, je manque de perdre l'équilibre mais il me rattrape par le col de ma robe. Je regarde les autres cellules mais elles sont vides, on monte des escaliers et je commence à entendre des voix.

"Une foule"

Le regard d'autres personnes habillés chichement se pose sur moi, d'un air de dégoût. Les insultes fusent alors que la lumière du jour m'éblouit. Je porte mes mains devant mes yeux, quand ils sont habitués à la luminosité, je m'aperçois qu'une foule de gens se mettent à crier. Au bûcher. Mais je ne comprends toujours pas de quoi je suis accusée et qu'est-ce que je fais ici. Rien ne ressemble à mon époque.

"Celle de la chasse aux nécromanciens"

Mon coeur rate un battement quand je fais le lien. Je vois une potence se tenir devant moi. C'est loin d'être un bûcher mais ce n'est pas mieux. Une autre personne se tient déjà prête à être pendue. On me monte dessus, la corde s'enroule autour de mon cou. J'ai le temps de voir le visage de la personne à mes côtés.

"Lui"

On nous met un bandeau autour des yeux, les gens pressent le bourreau d'actionner la machine. J'entends sa voix résonner avant que le sol ne se dérobe sous mes pieds et que l'obscurité ne s'empare de moi.

Je sursaute en me redressant, mon réveil est en train de sonner. Je me dépêche de l'éteindre avant de reprendre ma respiration tout en regardant autour de moi. Ce n'était qu'un cauchemar, un horrible cauchemar. Je me passe les mains sur le visage avant de remettre mes cheveux en arrière encore sous le choc. Je revois encore le visage de ce gardien de cimetière, j'entends encore ses paroles avant d'être pendue.

"C'est trop tard"

Je sors de mon lit et je pars dans la salle de bain pour me passer de l'eau sur le visage. Je m'appuie sur le lavabo avant de lever les yeux sur le miroir, je panique en me revoyant les yeux bandés et le cou brisé. Je recule rapidement du miroir et tombe à la renverse.

Je me mets à crier quand mon téléphone se met à sonner. Je regarde dans sa direction avant d'aller le récupérer. Numéro inconnu. Mes mains tremblent et je me demande si je dois répondre. Le numéro se change en adresse mail. Cette putain d'adresse mail. Mes larmes coulent, l'angoisse de répondre s'empare de moi.

"Réponds Anahel"

J'appuie sur le bouton décrocher avant de porter le combiné à mon oreille. Il n'y a d'abord aucun bruit avant qu'une voix ne résonne en ne prononçant qu'une simple phrase.

"C'est trop tard"

Après cela, l'interlocuteur raccroche. Je m'effondre au sol, mon corps ne cesse de trembler, mes larmes de couler. Je porte mes mains sur mon visage en me mettant à crier. Quelqu'un se met à frapper à ma porte avant que celle-ci ne s'ouvre. Je sens des pas venir vers moi mais je suis incapable de bouger, des mains se posent sur mes épaules avant qu'ne voix ne résonne, celle de mon frère.

— Ana, c'est moi, dit-il d'une voix rassurante.

— Je... je ne veux pas faire cette dissertation, pleuré-je.

— Quelle dissertation ? demande t-il inquiet. Je n'ai pas donné de dissertation à faire Ana.

Je le regarde, je suis dans l'incompréhension la plus totale. Je lui répète ce qu'il a dit en cours et il semble aussi perdu que moi. Il me rétorque qu'il n'a jamais demandé cela.

"Impossible, tous les étudiants ont entendu la même chose"

— Ana, tu es sûre que ça va ? s'inquiète t-il.

"Non, non ça ne va pas, rien ne va"

— Maman ? dis-je subitement, comment va t-elle ?

— Elle va bien, pourquoi ? Ana, sérieusement, tu me fais peur là.

"Tu m'as dit qu'elle était morte"

Mais qu'est-ce qu'il se passe bon sang, je tiens mon visage entre mes mains, le flou total. Mon frère décide d'appeler nos parents mais je l'en empêche. Je lui demande de ne rien faire. Que ça doit être dû à mon cauchemar et qu'il ne faut pas qu'il s'inquiète.

— Je dois trop me surmener dans mes études, dis-je, laisse, c'est rien.

Je reprends mes esprits, il me demande si je suis sûre de moi, je répond par l'affirmative. J'aimerai être seule et je le lui fais savoir. Il me regarde en marquant un sourcil avant de se relever et de quitter ma chambre.

"C'est quoi ce bordel"

Je décide de repartir voir ce gardien de cimetière et de tout lui raconter quèitte à passer pour une folle. Mais il était également dans mon cauchemar et je veux savoir pourquoi. Je me dépêche de m'habiller avant de récupérer ma sacoche et je quitte précipitamment le campus avant d'aller au cimetière.

"Je n'ai pas rêvé, tout est vrai, c'est obligé"

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