Chapitre 3 - Zerachiel

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 J'étais étonné de voir une personne entrer dans ce secteur et qu'en plus elle me sois rentrée dedans. Pourquoi y a-t-elle mis les pieds ? Je pose mes outils d'entretiens dans la cabane derrière ma maison avant d'aller fermer le cimetière. L'heure est venue pour les défunts de faire la fête. A peine ai-je tourné la clé du dernier portail que j'entends déjà les mioches courir partout.

— Et c'est reparti.

 
Je lève les yeux et je vois Och arriver avant de se poser sur une pierre tombale. Je le salue avant d'aller dans ma maison. Je prends une douche rapide avant d'enfiler des vêtements puis je ressors. Je me dirige directement vers le quartier des Damnés et j'ouvre le portail avant d'aller voir sur quelle tombe elle s'est arrêtée. Och m'aide en venant se poser sur la sépulture en question. Je m'aperçois que les gamins m'ont suivi, je les ordonne de ressortir car ils savent très bien qu'ils n'ont pas le droit d'être là. Ils râlent avant de faire demi-tour, je me reçois tout de même un caillou à l'arrière de la tête.

— Je vous jure que vous allez vous en prendre une à force, maugrée-je.

Je rejoins Och et m'agenouille devant la tombe. Celle d'Isaak. Pourquoi s'est-elle arrêtée devant celle-ci ? Och croasse avant de se racler la gorge, je souris.

— Le démarrage est compliqué chez toi, dis-je.

— Passer sa journée à parler comme un corbeau puis reprendre une voix normale, c'est un peu chaud oui, répond t-il.

Il descend sur la tombe et regarde l'inscription avant de tourner la tête vers moi. Il m'explique que cette fille doit chercher quelque chose pour s'aventurer dans ce secteur. Mais lui comme moi, on ne sait tout simplement pas pourquoi.

— Peut-être qu'elle reviendra, dis-je en me relevant.

— Ou pas.

On retourne dans l'autre zone du cimetière et je referme le portail. Je vois Leonard tenter de se défaire des toiles d'araignées qui se sont installées sur lui. Je viens l'aider à se dépoussiérer, il me remercie avant de se recevoir un nouveau projectile sur la tête.

— Cons de mioches, soupiré-je, je compte jusqu'à trois !

Les garçons se mettent à rigoler avant de partir en courant à travers le cimetière. Och prend son envol et il m'indique leur position à chaque fois, j'arrive à les intercepter un par un et j'en chope deux par le col avant de les ramener à leurs parents.

— Infernaux vos progénitures, balancé-je

La mère semble outrée de ce que je viens de dire et le mari me réprimande. Cette famille a toujours été détestable même de leurs vivants. Trop laxistes. Même mon père ne pouvait pas les supporter et je le comprends maintenant. Je leur tourne le dos avant d'aller chercher le dernier gamin, toujours aidé par le corbeau. Je découvre qu'il est parti dans le quartier interdit.

— Je rêve... soufflé-je

J'entre en regardant partout, Och me prévient de sa position. Il s'est vraiment enfoncé dans cette partie. Je contourne les sépultures, m'excuse quand je marche sur un lopin de terre car on ne sait jamais si y' a pas quelqu'un en dessous. Je finis par le trouver, il pensait se cacher derrière une sépulture mais il oublie un détail. Son âme brille à mes yeux, donc il est facilement repérable ce couillon. Je le chope par la peau des fesses, le mets sur mes épaules tel un sac de patates et fais demi-tour.

— J'ai dit quoi à propos de ce secteur, damoiseau Lindeberg ? questionné-je

— Qu'il est interdit et qu'on a pas le droit d'y aller monsieur Heinonen, répond t-il.

— Alors pourquoi tu y es allé ?

Je le repose au sol et plante mon regard dans le sien, il baisse la tête.

— Je ne vois pas en quoi ce secteur est différent du nôtre monsieur, explique t-il

— Il est interdit, point barre. C'est comme ça. Et dis à tes copains d'arrêter d'embêter monsieur Lombardi. Qu'est-ce qu'il vous a fait sérieux ?

— On aime bien le taquiner...

— Et bien lui aimerait profiter de son éternité dans le calme et la sérénité, informé-je, allez file !

Il se met à courir et je le vois rejoindre son caveau. Rosalie apparaît à mes côtés et me regarde.

— Les garçons sont des petits chenapans, dit-elle.

Je me retiens de rire car j'avais un autre mot en tête, mais elle n'est pas de mon époque et cela risque de la choquer. Elle me prend la main avant qu'on ne se mette à marcher jusqu'au centre du cimetière, devant la fontaine. Elle s'assoit sur un banc, je m'installe à côté d'elle.

— Il y a eu de la visite, dit-elle, dans le secteur interdit.

— Effectivement, une jeune fille y est entrée, mais je ne sais pas pourquoi...

— Zerachiel, pourquoi n'a t-on pas le droit d'y aller ? Et pourquoi, contrairement à nous, aucun des défunts ne se montrent ?

Je la regarde tout en me mettant à réfléchir. Je m'adosse contre le banc et bascule ma tête en arrière pour regarder le ciel.

— J'aimerai te répondre, sincèrement. Mais je n'ai pas le droit.

Elle arque un sourcil avant de se lever et de se mettre face à moi en me prenant la main.

— Sont-ils si différents de nous ? questionne-t-elle.

Je viens planter mon regard dans le sien et je me mets à sourire.

— Pas si différents, répondé-je. Je ne dis rien de plus Rosalie.

Elle fait une mine boudeuse, elle veut en savoir plus mais elle sait que cela ne sert à rien, je ne dirai plus rien. J'entends un bruit sourd derrière nous, je tourne la tête et découvre un des mioches qui vient de casser la décoration d'une sépulture.

— Mais c'est pas vrai, soufflé-je en me levant.


Je me dirige jusqu'à la tombe en question, le gamin ayant déjà pris la fuite. C'est madame Kirven qui va être contente. Déjà que sa famille est insupportable, j'ai intérêt à réparer sa bêtise avant le lever du jour. 

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