•Magxine• le Clan du Pentagone

Prologue

Le vent souffle violemment. Les arbres ploient sous les bourrasques, l'écorce craque, les feuilles s'arrachent...

"L'orage arrive, pense-t-elle en continuant de galoper. Elle arrive."

Heureusement, le vent n'est pas contre eux. Il les accompagne, leur ouvre le chemin.

Ils sont trois à galoper aussi vite que possible en direction de l'Arcade la plus proche de la côte. Mais ils sont suivis. Et ils le savent. Alors ils accélèrent.

- On n'est plus très loin ! hurle le cavalier de droite pour se faire entendre. Ény, tu tiens le coup ?

- Ça va Fél, répond-elle. Mais elle arrive, je le sens.

Il pâlit et resserre les rênes.

Elle sait qu'il s'inquiète et qu'il se sent coupable, mais elle sait aussi que si c'était à refaire, elle le referait. Elle l'aime. Elle l'aime, tout simplement.

Une poignée de minutes plus tard, ils débouchent sur une vaste étendue aride, paysage rocheux et inhospitalier du bord de la falaise. Si le ciel n'était pas aussi déchaîné, ils verraient la mer. Mais c'est l'arche de pierre à quelques kilomètres qui occupe toute leur attention.

Ils continuent leur course sans s'arrêter. Les trois Gelkipos leur servant de monture commencent à s'épuiser mais ils rempliront leur mission, ils lui ont promis.

Le ciel s'assombrit de plus en plus, et alors que le premier éclair fend le ciel, elle se tord de douleur.

- Ény ! s'écrit Félix. Franz, arrête toi, ça va pas !

- Non ! gémit-elle. Si on s'arrête maintenant, ils vont nous rattraper. Je vais tenir le coup. On continue, on y est presque.

Cependant, au deuxième coup de tonnerre, un spasme de douleur lui traverse la colonne vertébrale et elle manque de tomber de sa selle.

- On s'arrête, ordonne le troisième cavalier en démontrant sa parole. Énaïla, je monte avec toi, c'est non-négociable. Félix, désolé p'tit frère, mais t'es trop nerveux, c'est pas bon pour ma futur nièce. Tu prends la tête et tu m'exploses ce dôme de protection, je protège nos arrières et ta bien-aimée.

- Merci Franz, lui sourit-elle alors qu'il s'installe dans son dos. Merci pour tout...

Il lui rend son sourire et Félix hoche la tête en silence. Il s'en veut pour elle, mais aussi pour son frère qu'il a embarqué dans toute cette affaire sans savoir s'ils s'en sortiront tous...

Elle en est sûre désormais. Cet orage n'est pas dû au hasard, il est lié au petit être qui séjourne dans son ventre depuis près de neuf mois. À chaque nouvel éclair, une contraction plus longue que la précédente lui retourne l'estomac.

Gémissante et fiévreuse, elle gît sur Franz qui la maintient contre lui d'une main de fer et dirige leur Gelkipos de l'autre.

Il essaie de la rassurer en lui chuchotant à l'oreille que tout va bien se passer, qu'elle est très forte, qu'ils vont s'en sortir... Elle sait tout ça : Félix lui susurre les mêmes mots depuis huit mois.

La lumière du dôme d'énergie couvre les couleurs tristes du monde d'un filtre bleu surréaliste.

- Franz ! crie Félix en se rabattant à leur niveau. C'est maintenant !

Les deux frères brandissent leurs baguettes, et ainsi ils entrent sur le territoire de la mort, sur le territoire de l'Arcade...