•Magxine• le Clan du Pentagone

Chapitre 3 : Hayden

Je cours. Saute par dessus un muret. Escalade une barrière. Et cours encore.

Voici mon quotidien depuis trois jours. Trois jours. Seulement trois jours. Pas assez. Alors je cours toujours.

Je me suis enfui de nuit, avec l'aide de Percey. Elle est restée sur place, là-bas, à la Tour Botulique, pour "assurer mes arrières" comme elle aime le dire. J'espère de tout mon être qu'elle va bien... et que je la reverrai seine et sauve un jour. Percey... Ma seule amie en ce bas monde.

BAM !

Voilà ce qui arrive lorsqu'on rêvasse en courant. Je me suis pris une branche dans la tête. Mais la douleur, bien inférieure à celle dont j'ai l'habitude, se dissipe rapidement et je reprends ma route, plus concentré.

J'aimerai pouvoir m'envoler, afin d'aller plus vite et de mettre le plus de distance entre lui et moi, mais je sais que si j'use de mes pouvoirs tant que je serai de ce côté du monde, il le saura immédiatement et ce sera retour à la case départ. Percey et moi aurions pris tant de risques pour rien. Il en est hors de question.

Cinq jours que je suis en cavale. Je n'ai quasiment plus de provisions et je sens encore plus mauvais que l'haleine d'un dragon.

J'ai pris le risque de passer non loin d'Antichor hier matin, plus grosse cité se trouvant sur mon itinéraire de survie, espérant apprendre les dernières nouvelles de l'Alpharallèle, notre monde, mais je n'y ai rien vu d'inhabituel. Les arrestations continuent, les restrictions magiques se durcissent, et l'appel à rejoindre les forces de l'Empire se fait de plus en plus pressant. Après le massacre de la dernière décennie, je crains que l'empereur n'envisage d'envahir nos frères du Bêtarallèle, ces humains sans pouvoirs et donc sans défenses : les nums.

L'empereur... La pire créature que nos deux univers réunis n'aient jamais portée si vous voulez mon avis.

Huitième jour d'errance. Je me nourris principalement de plantes et de fruits que je trouve sur mon chemin. Tout à l'heure je suis même tombé sur une ruche abandonnée dans laquelle il restait du miel ; si je ne m'étais pas pris une énième branche, je ne l'aurais jamais remarquée. C'est ce qui s'appelle un mal pour un bien. Mais je vais vraiment finir par avoir une bosse de la taille d'un œuf sur le crâne.

Je n'ai jamais fait autant de sport. Je passe mes journées à marcher, courir, sauter, grimper, ramper... Quand je serai enfin de l'autre côté, j'aurai un cardio à toute épreuve.

Hier soir je me suis même fait repérer par la sécurité, c'est l'obscurité qui m'a sauvé. Deux hommes aidés d'un sort de vision renforcée m'ont vu depuis leur tour de guet. Les sortilèges d'éclairage et de tir n'ont pas tardé à jaillir et j'ai piqué le sprint de ma vie avant de me réfugier en haut d'un arbre au feuillage touffu pour attendre dans le silence le plus complet possible. Ils sont passés en-dessous de moi à plusieurs reprises mais ont fini par rebrousser chemin en râlant et en essayant de s'auto-convaincre qu'il s'agissait d'un animal. J'ai finalement passé la nuit dans cet arbre, ce qui a retardé mon avancée.

Si mes estimations sont exactes et si je maintiens un rythme soutenu, je serai à l'Arcade demain soir au plus tôt, dans deux jours au plus tard.

Dixième et dernier jour dans l'Alpharallèle. Je vois l'Arcade immense au loin. J'y suis presque !

C'est la dernière étape de mon plan, après ça, je serai enfin... libre !

"Percey... J'espère qu'elle va bien..."

Un frisson me parcourt le corps et pendant un instant, mon être se tourne irrésistiblement vers l'endroit d'où je viens, là où je l'ai laissée. Là où je l'ai abandonnée.