Chapitre 10 : Nolan

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J'ouvre les yeux lentement. Pendant un court instant, j'oublie où je suis et revois ma vie d'avant, avant le Pentagone, avant la mort de ma famille, avant la fuite, avant l'incendie... Mais une décharge me traverse la colonne vertébrale pour me ramener à la réalité.

Je suis de retour dans la tente d'Écureuil. Pourquoi ? Mon dos à vif me le rappelle rapidement.

- Tu es réveillé petit bourgeon ? Quel soulagement, soupire Écureuil debout à côté de moi. C'est pas passé loin cette fois-ci, tu m'as fichu une sacré frousse.

- J-j'ai dormi combien de t-temps ? bafouillé-je en serrant les dents de douleur.

- Deux jours. Je vais prévenir le chef que tu es réveillé, ne bouge surtout pas, dit-il avant de disparaître derrière le voile de sa tente.

"Où veux-tu que j'aille ?"

Je suis allongé sur le ventre sur ce qui ressemble plus à un lit que tout ce que j'ai connu ces derniers mois, une bassine d'eau teintée de sang à côté de moi et des bandages sur tout le dos.

On m'a donné une dizaine de coups de fouet d'après mes souvenirs, pour avoir renversé ma ration sur nul autre que le chef. Avec son retour du tronc, je n'ai pas pu prendre mon petit-déjeuner avant l'arrivée de tout le camp, et en voulant m'éclipser pour manger dehors tranquillement, Coyote m'a fait un croche-pied et je suis tombé sur la personne la plus proche : le chef de notre branche, Grand-Loup. Celui-ci n'a rien dit mais son regard a parlé pour lui, et mon dos se souviendra à vie de ce silence dévastateur.

Écureuil revient avec Corbeau qui me fusille du regard.

- Quand est-ce qu'il sera sur pied ? demande-t-il d'une voix glaciale.

- Dans quelques jours je dirais, s'avance Écureuil. Il faut attendre qu'il cicatrise un minimum pour éviter une infection et la douleur-

- Trois jours. Il part en rafale avec nous dans trois jours.

Je me pétrifie sur place et me mord la joue pour éviter de laisser s'échapper un gémissement de ma bouche.

"Non... Je ne veux pas..!"

- Trois jours ? C'est beaucoup trop tôt Corbeau ! Il ne vous sera d'aucune utilité dans son état, il va se faire tuer !

- Départ aux aurores dans trois jours, et pas une seconde de plus. Me suis-je bien fait comprendre ? Il a intérêt à être prêt, sinon il vaudra mieux pour lui de mourir.

- Mais je...! Bien Corbeau, abandonne Écureuil.

- Je préfère ça. J'y vais, occupe toi de lui.

Et Corbeau quitte la tente sans un autre regard pour moi.

Écureuil s'approche et retire doucement les bandes de tissu imbibées de sang de mon dos dans un silence inconfortable. Je finis par sentir l'air glisser sur ma peau brûlante de douleur, comme des lames acérées.

- Tiens, mords ça, me dit-il alors en me tendant un morceau de cuir d'une main et sortant sa baguette de l'autre. Aqua muuta zelidi.

Je vois l'eau de la bassine se solidifier lentement jusqu'à devenir de la glace. Écureuil la brise et en attrape des morceaux.

- Ça va faire mal sur le coup mais ça devrait soulager tes plaies petit bourgeon. Prends une grande inspiration. Un, deux, trois !

Il pose la glace sur mon dos, et tout mon corps se crispe violemment. Je hurle intérieurement et une larme coule de mon œil droit. J'ai mal, mal, mal, mal ! Tout n'est plus que douleur autour de moi lorsque je perds conscience...

•Magxine• le Clan du PentagoneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant