Après quasiment une heure de dialogue avec ce garçon qui nous fixe, mes parents et moi, comme des extraterrestres, nous sortons enfin du bureau de la directrice.
Hayden, puisque c'est bien ainsi qu'il s'appelle, me suit tel un fantôme. Il ne parle presque pas, s'en est presque alarmant. Aucun débordement expressif - à part une stupeur certaine après qu'il m'est reconnue -, ni sourire ni larme. Rien. Il s'est contenté de répondre le strict minimum d'une voix monocorde, avec seulement une petite lueur d'anxiété au fond des yeux et un réflexe nerveux de se gratter continuellement le bras ; ce sont bien ses seules réactions humaines.
Moi qui paniquais à l'idée de ne pas réussir à me gérer, je suis servie. Pour me donner de faux airs de contenances, je lisse et relisse ma jupe en tirant dessus.
"Qu'est-ce qui a bien pu me traverser la tête pour que je décide d'enfiler cette satanée jupe rouge bonbon aujourd'hui ?!"
Dans le couloirs arrive l'heure des au revoir. Je sers la main de Caroline et de la directrice, elles me recommandent de vite revenir les voir - soit disant que ma petite frimousse leur manque - et on se donne rendez-vous dans un mois pour une petite mise au point avec Hayden. En fonction de cette période d'essai et du ressenti de Hayden, mes parents aviseront pour la suite.
Pendant que les adultes échangent les dernières politesses bientôt accompagnées des nouvelles récentes du village, dont la rencontre sportive de la semaine prochaine, je propose à mon tout nouveau frère d'aller chercher ses affaires. Il hoche imperceptiblement la tête et on s'éclipse tous les deux.
Je le suis dans les escaliers jusqu'à sa chambre, et afin de m'occuper l'esprit pour éviter une énième montée cardiaque, je profite du silence pour l'observer plus en détail.
Hayden. Il a seize ans, âge que j'aurai moi aussi dans plusieurs semaines, et il fait une tête de plus que moi qui mesure aux alentours d'un mètre soixante, taille raisonnable pour mon âge. Ses cheveux châtain clair ébouriffés lui tombent sur le front et je suis certaine qu'il pourrait se faire une petite queue de cheval vu leur longueur ; une chose est sûre, il ne prend absolument pas soin de sa belle chevelure aux reflets blonds. Ses yeux en partie dissimulés derrière son rideau de mèche sont d'un bleu océan électrique, sans doute en raison des regards noirs qu'il ne cesse de lancer, et son teint olive adoucit ses traits.
Je dois le reconnaître, il n'est pas "déplaisant à reluquer", comme dirait poétiquement ma prof de français.
Alors que je réfléchis en montant les marches derrière l'objet de mon angoisse, un boulet de canon surgit du couloir pour finir sa course dans le torse de Hayden, qui me heurte violemment sous le coup de la surprise. Je me rattrape de justesse à la rampe, et fixe le petit blondinet qui est en train de serrer Hayden dans ses bras. Je ne le connais pas mais pourrais le remercier pour la vision de cette scène mémorable ; Hayden vire d'une pâleur cadavérique au rouge cramoisi, les bras en l'air, le regard fuyant. J'éclate de rire et toute la pression que j'accumulais depuis déjà plusieurs jours retombe tel un soufflé.
- Tu pars pas ! Tu restes avec nous, affirme le petit garçon avec une moue boudeuse en plantant ses yeux dans ceux de Hayden.
- Je... Mais, euh... Oscar, lâche moi..!
"Oh, il s'appelle donc Oscar. Joli prénom ! Je me demande pourquoi il est là lui aussi..."
Pendant que Hayden se débat avec le prénommé Oscar, je remarque un objet par terre qui n'était pas à mes pieds auparavant. Il a dû tomber lors du carambolage... Je le ramasse et constate qu'il s'agit d'un morceau de bois de la longueur de mon avant-bras, recouvert de petits graffitis illisibles taillés à même la surface.
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•Magxine• le Clan du Pentagone
ParanormalDepuis que l'Empire a pris le pouvoir, ce n'est plus qu'une question de temps... les Parallèles sont en danger..! . Sasha était une jeune fille parfaitement normale (à un ou deux détails près), mais c'était sans compter l'arrivée d'Hayden dans sa vi...