11

50 6 29
                                    

Les gestes du médecin étaient précis, presque mécaniques, tandis qu'il sortait de sa sacoche les instruments nécessaires pour m'ausculter. Ses mouvements étaient si calculés qu'on aurait dit qu'il faisait cela par automatisme, comme si la nature humaine de son acte s'était évaporée, ne laissant place qu'à une routine professionnelle.

-Recommençons depuis le début. Bonjour, Aena, dit-il d'une voix douce mais distante. Il posa un regard perçant sur moi, comme s'il évaluait ma réaction à ses mots.  Je suis ici pour vous soigner et m'assurer que vous allez bien.

Je hochais la tête en silence, un simple geste pour lui montrer que j'avais compris.

Pendant qu'il attachait le brassard autour de mon bras pour prendre ma tension, je restais immobile, fixant un point invisible sur le mur. Le bruit rythmé du tensiomètre résonnait dans la pièce, amplifiant la sensation de solitude qui m'étreignait. Puis il approcha son stéthoscope de ma poitrine, et je sentis le métal froid contre ma peau.

J'étais glacée à l'intérieur, mais je fis tout pour rester impassible. Son regard scrutateur et froid semblait sonder mon être, à la recherche de la moindre faille. Ce n'était pas qu'un simple examen physique. C'était comme s'il cherchait à déceler, sous la surface, les cicatrices laissées par des blessures invisibles. Mais je me tenais droite, résolue à ne rien laisser paraître, malgré le chaos qui régnait dans mon esprit. Chaque battement de mon cœur me rappelait à quel point je me sentais sur le fil du rasoir, prête à basculer d'un moment à l'autre.

Après quelques minutes d'un silence pesant, il posa ses instruments avec une précision chirurgicale sur la table de chevet et planta son regard dans le mien. Je pouvais voir un mélange de professionnalisme et d'une pointe d'humanité derrière ses yeux, mais son visage restait impassible.

-De ce que j'ai pu voir, vous avez la grippe. Malheureusement, à cause du... traumatisme que vous avez vécu, la fièvre s'est aggravée et votre tension est élevée,  conclut-il d'une voix qui se voulait neutre, mais où perçait une légère inquiétude.  Je vais vous prescrire des médicaments ainsi que des calmants et des somnifères.

- Je n'ai pas besoin de calmants,  répondis-je sèchement, presque sur la défensive.

La simple suggestion de les prendre éveillait en moi une vive réticence. Certes, ma journée avait été un cauchemar, mais je refusais d'admettre que j'avais besoin d'une aide chimique pour tenir le coup.

-Je n'ai fait aucune crise de panique.

Le médecin esquissa un sourire, une ombre de compréhension passant furtivement dans ses yeux.

-Peut-être pas pour le moment. Mais il vaut mieux prévenir que guérir, alors je vous en apporterai tout de même. Les calmants pourraient vous aider à vous détendre et à mieux dormir.

Il avait peut être dit cela d'un ton aimable mais j'avais bien compris que j'allais devoir les prendre.

Il se redressa ensuite, rassemblant méthodiquement ses instruments dans sa sacoche, comme s'il exécutait un rituel bien rodé. Je l'observai en silence, me demandant à quel point cet homme en savait réellement sur moi. Connaissait-il les détails de ce qui m'avait conduite ici ? Ou n'était-il que le messager, l'exécuteur d'ordres qu'il ne comprenait pas totalement ?

-Je reviens dans 20 minutes, le temps de faire l'aller-retour entre mon cabinet et votre chambre dit-il en se dirigeant vers la porte. Alors...

-Je ne bougerai pas d'ici le coupai-je, mon ton ferme trahissant une volonté de rester en contrôle. J'ai assez de respect envers Mikey pour lui obéir quand ses ordres sont justifiés.

C'était le minimum que je pouvais faire pour lui pour le moment.

Un éclat d'approbation traversa les traits du médecin, comme s'il avait pris note de ma loyauté.

Tel un oiseau en cage (Tokyo Revengers)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant