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Je me tenais dans ma chambre, enveloppée par l'atmosphère feutrée qui régnait au 15e étage du QG. Les murs, peints d'un gris pâle, semblaient absorbés par un silence complice, comme s'ils partageaient avec moi le poids de mes pensées. La lumière du soleil filtrant à travers les rideaux transparents dessinait des motifs délicats sur le parquet, un contraste paisible avec l'agitation croissante dans mon cœur.

Depuis mon arrivée, j'avais pris l'habitude d'explorer les rares espaces où j'étais autorisée à me mouvoir, mais aujourd'hui, l'envie de sortir s'était muée en une curiosité plus pressante. Une envie d'évasion, sans doute. Les souvenirs des moments passés avec Mikey flottaient dans mon esprit, doux et envahissants, comme une mélodie persistante.

L'esprit encore embrouillé par mes réflexions, je sursautai lorsque je découvris une boîte ornée d'un ruban délicat sur ma table de chevet. Mikey avait l'art de surprendre, et cette attention inattendue m'arracha un sourire. En l'ouvrant, je trouvai une petite broche en forme de violon, finement travaillée. Mon cœur se mit à battre un peu plus vite. Ce geste, cette délicatesse, me toucha. Je me sentais aimée, chérie même, et un éclat de chaleur envahit ma poitrine. Pourtant, au fond de moi, une ombre s'éveillait, un léger malaise qui, tout en étant imperceptible, ne pouvait être ignoré.

Au fil des jours, les cadeaux de Mikey se succédaient, chaque geste étant teinté d'une intention presque palpable. Je ne pouvais m'empêcher de me sentir redevable, comme si ces attentions exigeaient quelque chose en retour, un échange tacite que je ne pouvais comprendre. Mais malgré cela, l'idée de mettre en doute la sincérité de Mikey ne me traversait même pas l'esprit. Non, j'étais simplement reconnaissante, mais un voile de confusion planait sur mes véritables sentiments envers lui. Était-ce de l'amour ? De l'amitié ? La frontière se brouillait, mais je m'accrochais à la douceur de ces instants.

Un jour, alors que je me trouvais dans le hall commun, absorbée par un livre, une voix familière résonna derrière moi. Le hall commun était le seul endroit du quinzième étage où les cadres pouvaient se rendre sans l'autorisation de Mikey. C'était là où, en général, ils patientaient en attendant de pouvoir se rendre dans le bureau de leur boss.

Je relevais la tête.  Kakucho, avec son air sérieux habituel, engagea la conversation. Je sentis une vague de bonheur me traverser. J'appréciais sa présence, la légèreté de notre amitié m'apportait un répit. Notre échange était simple, marqué par des rires timides et des silences confortables.

Cependant, alors que je partageais une anecdote, je remarquai l'ombre d'une irritation sur le visage de Mikey qui venait d'entrer. Sa silhouette, habituellement décontractée, semblait rigide, presque menaçante. Le regard qu'il me lança était chargé de quelque chose d'incompréhensible, et je sentis mon cœur se serrer. Pourquoi cette réaction ? Je n'osai poser la question, me contentant de capter la tension qui émanait de lui, comme une vague écrasante.

Mikey s'approcha, prenant place à mes côtés. Sa présence, normalement réconfortante, avait ce jour-là une teinte de possessivité. Il se tourna vers Kakucho, une froideur dans la voix, demandant avec un détachement calculé : 

-Qu'est-ce qui vous prend tant de temps ? 

 Je ne compris pas tout de suite la signification derrière cette question. L'interaction, bien que banale, éveilla un sentiment d'inquiétude en moi. Ce côté possessif, bien que subtil, se dessinait dans l'air, mais je ne le reconnaissais pas encore.

-Je voulais te donner ce dossier sur le gang  Kurogane répondit le numéro 3 de son air impassible.

-Son chef est mort. N'avais-je pas ordonner de détruire cette organisation ?

-Justement. C'est le rapport, et toutes les ressources que nous nous sommes appropriées par cette attaque.

Quant à moi, je n'en menais pas large. C'était la première fois qu'on laissais filtrer en ma présence des informations.

Tel un oiseau en cage (Tokyo Revengers)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant