Chapitre 10 : Epique combat

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Chapitre 10 : Épique combat

Autriche, 2 novembre 1945

La dernière fois qu'Albus l'avait vu, c'était quarante-six ans plus tôt. Il s'en souvenait parfaitement. Son visage d'autrefois était gravé dans son esprit, peut-être car il n'avait jamais cessé de songer à cette époque. Il n'était pas bon de ressasser le passé, il le savait pertinemment et, même s'il était plus vieux et bien plus sage qu'à dix-huit ans, il n'était qu'un homme. Éternellement imparfait et rongé de remords.

En cette nuit glacée de novembre, Albus était effrayé. Plus effrayé qu'il ne l'avait jamais été. La rencontre qu'il avait repoussée durant tant d'années se produirait d'un moment à l'autre. Il n'avait pas peur de l'homme qu'il avait aimé. Il n'avait pas peur de mourir, non plus.

Il avait peur d'avoir une confirmation.

Il s'était toujours rendu responsable de la mort d'Ariana mais il trouvait, quelque part, un réconfort absolu d'ignorer qui avait lancé le sortilège l'ayant causée. Gellert avait-il vu quelque chose qui avait échappé à Albus et Abelforth ?

Après l'enterrement de leur soeur, Abelforth avait refusé de lui parler durant deux décennies complètes. Il avait donc longtemps eu cet évènement comme dernier souvenir de son frère alors, évidemment, il se rappelait des moindres détails de ce jour.

Abelforth n'avait pas pu prendre le Poudlard Express, le 1er septembre, jour de l'enterrement. Peu de gens étaient venus enterrer Ariana. Il y avait eux deux, Bathilda Tourdesac et quelques sorciers de Godric's Hollow qui avaient appris au passage qu'ils avaient une soeur. Gellert était parti le lendemain de la mort d'Ariana et il ne lui avait jamais dit au revoir. Bathilda lui avait arrangé un Portoloin à sa demande, toutefois confuse de son départ précipité.

« Vous vous entendiez si bien, je ne comprends pas qu'il ne soit pas resté pour l'enterrement, avait soupiré Bathilda. Mais j'imagine qu'il avait des soucis, il m'a semblé très paniqué lorsque...

— Ne vous avisez pas de parler de lui sur la tombe de ma soeur, avait grogné Abelforth en les fusillant du regard.

— Ab, avait murmuré Albus, les larmes aux yeux, en posant une main réconfortante sur son bras, Miss Tourdesac ne pensait pas à mal, elle ne sait pas...

— NE ME TOUCHE PAS ! avait hurlé Abelforth en dégageant son bras.

— Ab, je suis vraiment dé... »

Il n'avait pas eu le temps de finir sa phrase que son frère lui avait donné un violent coup de poing sur le nez. Un crac lui avait indiqué que son nez avait été cassé en même temps que ses lunettes et Albus n'avait même pas protesté. Il l'avait bien mérité.

« Ne me parle plus, ne me contacte plus, avait continué Abelforth pendant que la petite foule les observait. Je ne veux plus jamais te voir, tu m'entends ? »

Albus, le nez en sang, avait hoché la tête, comprenant parfaitement sa réaction.

« J'aurai quitté la maison avant ton retour de Poudlard, avait assuré Albus.

— Non, tu t'en vas, aujourd'hui. »

Il n'avait jamais soigné son nez, portant à jamais sa punition au milieu de la figure et il était parti aussitôt avec, simplement, l'essentiel. Lui qui aimait tant lire, il n'avait pris que deux livres. Les Contes de Beedle le Barde et La Bible d'Ariana. Deux ouvrages sacrés, pour des raisons bien différentes que lorsqu'il les avait reçus. L'un lui avait fermé l'esprit, l'autre le lui avait ouvert.

Finalement, il réalisa presque tout ce qu'il avait toujours souhaité. Après un temps en France à étudier l'alchimie avec Nicolas Flamel, il avait visité le monde et, après de nombreuses recherches et expériences, il avait découvert douze usages au sang de dragon. On lui avait, par la suite, proposé un poste de professeur de métamorphose à Poudlard, l'école qu'il aimait tant, et évidemment il avait accepté. Il était devenu directeur-adjoint et, on lui avait même offert le poste de ministre de la Magie à plusieurs reprises. Il avait, évidemment, refusé. Son attrait pour le pouvoir était bien trop dangereux, il en avait perdu la tête l'été de ses dix-huit ans. Parfois, il songeait que, puisqu'il était désormais plus sage, il pouvait se faire confiance... et c'était, il le savait, la preuve qu'il possédait, à soixante-quatre ans, d'encore trop d'arrogance.

Le plus grand bienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant