8. Dans les étoiles

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Il ouvrit les yeux difficilement, sa vision un peu floue dans un premier temps. Il avait terriblement chaud, à croire que l'oreiller et la couette sortaient du sèche-linge. Il referma les yeux et poussa un long soupir. Après tout, c'était plutôt confortable. Et il n'avait miraculeusement pas trop mal à la tête. Il serra un peu plus la boule d'oreiller contre lui, jusqu'à ce qu'il se rende compte que la forme dans ses bras n'avait pas tout à fait la consistance d'un oreiller, même le plus ferme.

Il ouvrit à nouveau les yeux, en clignant plusieurs fois afin de tenter de faire le net. Les étoiles en plastique au plafond, les rideaux pas complètement tirés, un bras autour de lui - Il frôla l'arrêt cardiaque en reconnaissant le jeune homme contre lui, les souvenirs de la soirée lui revenant par la même occasion. Oh bordel. Qu'est-ce qu'il avait fait.

Jordan sembla sortir de sa stupeur lui aussi, s'étirant tout en gardant les yeux fermés un moment. Gabriel était figé sur place, lui qui savait toujours se dépêtrer de n'importe quelle situation n'avait à cet instant aucune idée de comment se sortir de là. Il était dans de beaux draps, pas seulement à proprement parler. Il tenta de déserrer le plus subtilement possible son emprise sur Jordan - avec un peu de chance, il ne le remarquerait pas...

Évidemment, c'est ce moment que choisit Jordan pour ouvrir à son tour les yeux, et croiser ceux de Gabriel. Les deux jeunes hommes se jaugèrent en silence pendant ce qui leur sembla être une bonne minute.

"Je suis presque sûr de pas avoir assez bu pour avoir fait un blackout, mais je t'en supplie dis moi qu'on a rien fait de mal," fit Gabriel, la voix rauque et peu assurée, priant de tout son être pour que Jordan ne lui réponde pas avec l'une de ses phrases qu'il voulait drôle.

Là, Gabriel voulait juste être sûr. Être rassuré, peut-être. Être en pleine possession de ses moyens. Étonnamment, Jordan garda tout son sérieux, une lueur compatissante dans le regard.

"Ça dépend ce que t'appelles 'faire de mal'," commença Jordan, qui s'empressa d'ajouter devant l'air effaré du plus vieux : "t'étais clairement bourré, t'es venu me draguer lourdement. Quand on est venu se coucher, tu m'as demandé de rester avec toi."

Gabriel s'était assis entre-temps, passant ses mains sur son visage. Effectivement, il portait encore sa chemise - complètement froissée - et son caleçon, ça l'aidait à croire Jordan et ses propres souvenirs.

"Désolé pour ça je... Je sais pas trop ce qui m'est passé par la tête."

"Y'a pas de mal," commença Jordan avant d'ajouter d'une voix plus douce : "mais on doit quand même parler du fait qu'on s'est embrassé."

Gabriel lui jeta à nouveau un regard, tout à fait horrifié cette fois. Maintenant, il avait effectivement bien en tête sa petite danse aguicheuse. Il avait terriblement honte.

"Jordan, je pense vraiment ce que je t'ai dit la dernière fois quand..."

Il prit une seconde pour tenter de retrouver sa contenance, prenant une inspiration les yeux fermés avant de soupirer.

"On ne peut pas laisser ce genre de chose arriver une fois de plus. C'est trop risqué. J'ai de trop grosses responsabilités, ma carrière c'est ma vie. J'ose penser que tu comprends."

Jordan se pencha en travers du lit, son torse frôlant la cuisse de Gabriel qui déglutit et tenta de réprimer un frisson. Ses yeux tombèrent malencontreusement sur un carré de peau que la chemise de Jordan laissait entrevoir entre deux boutons. Il ne pouvait pas se laisser aller comme il avait pu le faire deux ans plus tôt.

"Je sais, c'est pareil pour moi mais..."

Jordan se redressa et lui tendit le verre d'eau qu'il avait posé sur la table de nuit avant de se coucher. Gabriel hésita mais devant le regard compréhensif de Jordan, il accepta de boire.

Un Fil (Bleu, Blanc) RougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant