22. Un café rue de la Paix

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✉ Jean michel Break
Salut,
J'espère que tu vas bien
Je sais que j'avais dit que je t'embêterai plus, mais j'ai pas mal réfléchi à tout ça et j'aurais aimé qu'on en parle tous les deux...
Si tu ne le souhaites pas, je comprendrai
Mais si tu pouvais au moins me donner une réponse...
Merci

Gabriel était surpris. Ce message s'inscrivait dans une temporalité plutôt curieuse. D'abord parce qu'il tombait tandis que Gabriel réfléchissait réellement à recontacter Jordan pour parler, mais aussi parce que la discussion avec Stéphane l'autre jour n'avait pas réellement quitté ses pensées. Presque un mois plus tard, Jordan s'inquiétait toujours de lui. Le comprendre indirectement lorsque Stéphane lui avait parlé de leur rencontre au parlement était une chose, recevoir un message de l'homme lui-même - qui semblait tout à fait honnête - en était une autre.

Et puis... Loupe pas le coche.

Le conseil de Johanna n'avait pas non plus quitté ses pensées ces dernières semaines. Au début, il avait cherché en vain une solution. Un indice. Ça avait été frustrant. Comment savoir quand c'était le bon moment, exactement ? Comment savoir quelle était la meilleure manière de procéder ?

Et là, comme tombé du ciel, Jordan faisait un pas vers lui. Au moins, ça lui enlevait ce poids des épaules. Maintenant, la balle était dans son camp, et Gabriel avait trois options.

Il avait l'impression de se trouver dans une partie de Life Is Strange ou de Detroit: Become Human.

Carré : Laisser gagner la peur et repousser Jordan.

Rond : Se montrer vulnérable et avoir une discussion dont il ne pouvait deviner l'issue.

Triangle : Faire le mort et ne pas répondre au message.

Malheureusement, si dans un jeu vidéo il aurait pu revenir à son gré au précédent checkpoint, dans le monde réel, il n'avait pas ce luxe.

Et puis, après tout, faire des choix et trouver de quoi retomber sur ses pattes lorsque ceux-ci s'avéraient être de mauvaises décisions, c'était le lot de son quotidien en tant que Premier Ministre - même démissionnaire.

Il ne voyait qu'une façon de faire.

✉ Gabriel Attal
Retrouve moi au café du croissant de lune samedi à 9h. Ils ont une petite salle discrète, je peux la privatiser le temps qu'on se voie.

✉ Jean michel Break
Merci. A samedi.

- - -

Gabriel incita gentiment la chienne à avancer tandis qu'elle reniflait un énième coin de trottoir. Il avait décidé de faire la dernière partie du trajet à pied pour calmer sa nervosité, et faisant d'une pierre deux coups, cela lui permettait de sortir Volta. Il avait bien besoin de son soutien émotionnel.

Anthony le suivait de près, tout en lui laissant suffisamment d'espace pour qu'il ne se sente pas épié pour autant. Son garde du corps était vraiment doué pour le mettre à l'aise, il ne le remercierait jamais assez pour cela.

Arrivé au café, il salua le patron qui le guida vers la petite pièce. Le lieu était chaleureux, accueillant. Il y avait quelque chose de réconfortant dans la décoration et la disposition des quelques tables, fauteuils et banquettes. Après une courte discussion avec le propriétaire des lieux, et une vérification d'Anthony, les deux hommes le laissèrent s'installer et s'éclipsèrent. Gabriel savait que son garde du corps ne serait pas loin de toute façon.

Il s'installa sur un canapé qui faisait l'angle de la pièce. Loin des fenêtres. Volta bailla et s'allongea, posant sa tête sur son pied gauche. Il caressa le sommet de son crâne en souriant légèrement. La savoir avec lui le calmait un peu. Mais pas suffisamment pour ne pas secouer sa jambe droite interminablement.

Un Fil (Bleu, Blanc) RougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant