12. Tendu du slip

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Alors on sait pas ce que vous allez en penser mais on a ADORÉ écrire ce chapitre (bon on aime tous les écrire, mais certains nous hypent plus que d'autres). C'est clairement un de nos préférés à toutes les deux !! Peut être qu'on a tellement aimé l'écrire qu'il fait 6500 mots, on s'est un peu emballées hahaha. Bref, on vous laisse le découvrir 😏 on a hâte de lire vos commentaires

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"À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles, Gabriel."

"Mais ça n'a aucun sens !" s'emporta le Premier Ministre. "Je ne me présente pas à ces élections. Bardella sait très bien qu'il devrait débattre avec les têtes de liste, mais il les esquive depuis des semaines ! Il sait ce qu'il fait. C'est de la manipulation. Je refuse qu'on laisse le Rassemblement National nous mener à la baguette."

D'ordinaire, Gabriel ne se permettrait pas d'hausser le ton face au Président de la République, mais le sujet de leur réunion touchait une corde sensible, et leur grande proximité le poussait à s'autoriser quelques libertés.

"Je ne pense vraiment pas que ce soit une bonne idée," poursuivit-il, ses mains se tordant nerveusement sur ses genoux.

"Tu as consulté les derniers sondages ?" demanda Emmanuel calmement.

"Valérie est à 15% et le RN à 30, je crois ?"

"Plus de 30%, ils sont encore en hausse, tout comme la liste de Glucksmann. Ils sont à un point d'écart de notre liste, Gabriel." La mine grave, il leva un doigt. "Un seul."

"Et tu penses qu'accepter la proposition complètement insensée de Jordan Bardella et m'envoyer débattre avec lui à la place de Valérie et des autres têtes de listes nous donnerait une meilleure image ? Est-ce que ça serait pas plutôt se tirer la balle dans le pied ?"

"Il est déjà prévu que Valérie aille débattre avec lui la semaine prochaine."

"Et donc, tu ne lui fais pas confiance pour redresser la barre ?" supposa Gabriel, les sourcils froncés.

Le silence qui s'ensuivit était lourd de sens. Emmanuel posa ses mains à plat sur son bureau et soupira, d'une façon presque théâtrale. Perdant patience, Gabriel reprit la parole:

"Alors c'est vraiment moi, l'arme anti-Bardella ?"

Il faisait référence au sobriquet qu'on lui avait attribué au moment de sa nomination, mais celui-ci avait entre-temps acquis une toute autre saveur sur le bout de sa langue. Ironique, presque, compte tenu des activités auxquelles il s'était régulièrement livré avec ledit Bardella, ces dernières semaines.

Le Premier Ministre se mordit la langue.

"Tu sais qu'il te réclame depuis janvier," remarqua Emmanuel avec un sourire amusé.

Gabriel se remémora les mots de Jordan, prononcés devant une foule de journalistes à la sortie de sa première visite à Matignon: 'Peut-être aurais-je l'occasion de débattre avec Gabriel Attal.'

À l'époque, il avait vu cette proposition comme une provocation purement vindicative, car Gabriel avait froidement repoussé ses avances dans son bureau quelques minutes plus tôt. Mais Jordan avait continué à évoquer cette idée les mois suivants, jusqu'à réitérer sa demande directement en face de Gabriel, en plein ébat...

C'était comme si leurs débats pour les élections présidentielles de 2022 lui manquaient.

Mais que cherchait-il maintenant, au juste ? Prouver qu'il était toujours à la hauteur du défi, même après l'ascension fulgurante de son rival au gouvernement ? Prouver qu'il était prêt à le remplacer à Matignon ? Ou cherchait-il à retrouver cette flamme qui semblait les animer dès lors qu'ils se retrouvaient juste tous les deux, à s'affronter devant des millions de téléspectateurs ?

Un Fil (Bleu, Blanc) RougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant