Amadou et son Secret

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Amadou Diagne, brillant avocat et étoile montante de la politique sénégalaise, avait toujours été l'exemple parfait de la réussite familiale. Fils aîné de Serigne Diagne, le maire de Dakar, et héritier de ses valeurs religieuses et conservatrices, il était censé incarner l'image d'un homme pieux et responsable. Mais derrière son sourire éclatant et sa prestance en public, Amadou cachait un secret qui, s'il était découvert, pourrait tout détruire.

Cela avait commencé innocemment, lors d'une soirée mondaine où Amadou avait été invité à parler de l'avenir politique du Sénégal. C'était là qu'il avait rencontré Sohna, une femme d'une beauté saisissante, mariée à un homme influent dans les cercles économiques de Dakar. Son mari, Mamadou Ba, était un magnat du pétrole, toujours trop occupé pour prêter attention aux besoins émotionnels de sa femme. Sohna, quant à elle, s'était retrouvée seule dans un mariage sans amour, et Amadou, avec ses mots doux et son charme irrésistible, avait comblé ce vide.

Lorsqu'ils s'étaient vus pour la première fois, leur complicité était immédiate. Sohna riait à chacune de ses blagues maladroites, et Amadou, pourtant d'habitude si sérieux, se surprit à faire des plaisanteries pour la faire sourire. La soirée s'était terminée par un échange de regards prolongés et une tension palpable qui les suivit même après la fête.

Quelques jours plus tard, ils se retrouvèrent par hasard dans un café discret de Dakar, et c'était là que tout avait vraiment commencé. Assis à une table isolée, Amadou et Sohna s'étaient retrouvés plongés dans une conversation passionnée. Les moments passés avec elle étaient une évasion parfaite de la rigueur de sa vie publique.

Amadou avait toujours su que c'était une folie de s'engager dans cette relation. Il se souvenait encore de ce que son père lui répétait constamment : « Dans cette famille, nous avons l'honneur et la religion pour nous guider. Rien ne doit nous détourner du droit chemin. » Mais à chaque fois qu'il se retrouvait avec Sohna, il oubliait tout cela. Elle avait un rire contagieux, un sourire qui illuminait son monde, et une manière de le taquiner sur ses discours sérieux qui le faisait fondre.

Un jour, alors qu'ils partageaient un moment volé dans un parc à l'abri des regards, Sohna éclata de rire en regardant Amadou.

« Tu te rends compte que si quelqu'un nous voit ici, tout Dakar va en parler ? Un politicien avec la femme d'un magnat du pétrole, c'est du jamais vu ! »

Amadou sourit, un peu gêné. « Je sais... c'est complètement insensé. Mais c'est ça que j'aime chez toi, Sohna. Avec toi, je me sens libre. »

Elle le fixa, amusée. « Libre, hein ? Jusqu'à ce que ton père te traîne par l'oreille à la mosquée pour te rappeler les vraies valeurs. »

Amadou éclata de rire à cette image. « Si tu savais combien de fois il me parle de mariage, de trouver une bonne fille pieuse. Si seulement il savait que je passe mon temps libre à séduire des femmes mariées... »

« Oh vraiment ?! » Sohna leva un sourcil, jouant avec une mèche de ses cheveux. « Je ne suis pas la seule, alors ? Monsieur l'avocat a d'autres aventures cachées ? »

« Tu es la seule, » répondit-il en la tirant vers lui pour un baiser rapide. « Et c'est déjà assez risqué comme ça. »

Le problème, c'était que la relation devenait de plus en plus difficile à cacher. Entre les réunions politiques, les dîners de famille et les conférences, Amadou devait jongler pour trouver du temps pour voir Sohna. Ils se retrouvaient souvent dans des lieux improbables, toujours avec la crainte d'être découverts.

Un soir, alors qu'Amadou se préparait à rejoindre Sohna dans un hôtel discret, son téléphone sonna. C'était son frère cadet, Moussa, qui l'appelait pour lui rappeler la grande soirée organisée par leur père en l'honneur d'une délégation politique étrangère. Amadou avait complètement oublié cet événement.

« Amadou, t'es où ? Papa te cherche partout ! La soirée commence dans une heure, et il veut que tu sois là pour donner ton discours d'ouverture ! » dit Moussa, clairement agacé.

Amadou se mordit la lèvre. « Euh... Je... j'arrive dans dix minutes. Dis à Papa que j'ai été retenu au bureau. »

« Retenu au bureau ? » Moussa riait presque. « Arrête, je sais que t'as encore un de tes rendez-vous mystérieux. Dépêche-toi avant que Papa s'en rende compte. Tu sais qu'il peut flairer les mensonges à des kilomètres. »

Amadou raccrocha en soupirant. Il devait choisir entre la soirée diplomatique organisée par son père ou une nuit passionnée avec Sohna. Finalement, il opta pour la raison (à contrecœur) et se précipita à la soirée.

En entrant dans la grande salle de réception, tout semblait en ordre. Les invités discutaient, les plats étaient servis, et son père était en pleine conversation avec des dignitaires étrangers. Amadou s'approcha, essayant de se fondre discrètement dans la foule. Mais évidemment, Serigne le remarqua immédiatement.

« Ah, Amadou ! Où étais-tu donc ? Tu es en retard pour ton propre discours ! » dit son père en le fixant avec ses yeux perçants.

Amadou sourit maladroitement. « Désolé, Papa. Le travail... des dossiers urgents. »

« Des dossiers, hein ? Je vois. » Son père n'était pas dupe, mais il préférait ne pas approfondir le sujet devant les invités.

Heureusement pour Amadou, la soirée se déroula sans incident majeur. Mais tout en discutant avec des diplomates et des hommes d'affaires, ses pensées restaient fixées sur Sohna. Chaque fois qu'il jetait un coup d'œil à son téléphone, il voyait des messages de sa part :

- "Je m'ennuie sans toi. Tu devrais être ici avec moi."
- "Je ne peux pas croire que tu m'aies laissée seule. La prochaine fois, c'est moi qui te punirai."

Amadou souriait en lisant les messages, mais au fond, il savait que cette situation ne pouvait pas durer éternellement. Il était pris dans un dilemme impossible : continuer cette liaison dangereuse qui le rendait vivant, ou mettre un terme à tout cela pour préserver sa réputation et honorer les attentes de sa famille.

Le lendemain matin, après avoir évité de justesse une confrontation avec son père, Amadou décida de rejoindre Sohna pour un petit-déjeuner improvisé dans un café discret. En la voyant arriver, vêtue d'une longue robe colorée et avec son éternel sourire malicieux, Amadou ne put s'empêcher de rire.

« Quoi ? Pourquoi tu ris comme ça ? » demanda Sohna en s'asseyant.

« Je pensais à hier soir. Mon père aurait probablement fait une crise cardiaque s'il savait où j'étais censé être à ce moment-là. »

Sohna éclata de rire. « C'est ça qui est drôle avec toi, Amadou. D'un côté, tu es ce politicien sérieux et respecté, et de l'autre, tu es un adolescent en pleine crise amoureuse. »

« Je sais, c'est complètement fou. Mais... avec toi, je me sens libre. Vraiment libre. »

Elle le regarda tendrement, avant de poser sa main sur la sienne. « Amadou, je pense qu'il est temps qu'on parle sérieusement. Cette histoire... on sait tous les deux que ça ne peut pas durer indéfiniment. »

Amadou la fixa, sentant une boule se former dans sa gorge. « Je sais. Mais je ne veux pas que ça s'arrête. »

Sohna sourit tristement. « Ni moi. Mais il faudra bien que tu choisisses un jour... et ce jour approche, Amadou. »

Amadou se trouvait maintenant face à un choix impossible : sacrifier sa carrière et sa famille pour une liaison interdite ou mettre fin à une relation qui, malgré tous ses risques, le faisait se sentir plus vivant que jamais.

Les Héritiers de DakarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant