Les Héritiers de Dakar

Complicité Inatendue

Fanta se tenait derrière le comptoir de sa boutique, vérifiant le stock de la journée quand Eric entra, son sourire habituel illuminant la pièce. Son charisme était toujours un peu déstabilisant, mais Fanta s'y était désormais habituée.

« Salut, la chef d'entreprise ! Prête à tout conquérir aujourd'hui ? » lança Eric en déposant une pile de nouveaux vêtements sur le comptoir.

Fanta leva les yeux et répondit en riant : « On verra si les clients sont prêts à être conquis surtout ! »

Eric éclata de rire. « T'inquiète pas, avec toi aux commandes, c'est impossible qu'ils ne le soient pas. »

Le duo avait développé une routine agréable. Chaque matin, ils commençaient la journée par une série de blagues, avant de se plonger dans les discussions sérieuses sur les dernières tendances ou la gestion des stocks. Il y avait une légèreté dans leur collaboration qui rendait chaque jour unique.

« Alors, tu penses que ces nouvelles robes vont faire fureur ? » demanda Eric en dépliant une pièce rouge éclatante.

« C'est sûr ! Avec ça, si quelqu'un ne se retourne pas dans la rue, c'est qu'il est aveugle. » Fanta ajouta en esquissant un sourire malin.

Eric la regarda, un air amusé sur le visage. « Tu sais, je pourrais te conseiller d'en essayer une toi-même, mais je ne veux pas que tu voles la vedette à tes clientes. »

Fanta lui lança un regard faussement réprobateur. « Très drôle, Eric. Mais je suis ici pour vendre, pas pour défiler. »

Leur relation dépassait le simple cadre professionnel. Au fil des mois, ils avaient appris à se connaître intimement. Fanta se sentait en confiance avec lui, partageant même des détails sur sa vie personnelle qu'elle ne confiait qu'à peu de gens.

Un jour, après avoir fini d'étiqueter les nouveaux articles, elle se tourna vers lui, hésitante. « Tu sais, j'ai jamais vraiment eu d'amis hommes. Ça me fait un peu bizarre de me confier autant à toi. »

Eric haussa les épaules, souriant. « Je ne suis pas n'importe quel homme, moi. Je suis Eric, fournisseur et ami dévoué. Et puis, je suis très doué pour écouter, tu ne trouves pas ? »

Elle éclata de rire. « Oui, c'est vrai. Tu es un très bon confident. Mais ça me surprend parfois à quel point c'est facile de te parler. »

Il hocha la tête, pensif. « Je crois que quand on se concentre sur ce qui nous unit plutôt que sur ce qui nous sépare, les barrières deviennent insignifiantes. »

Fanta sourit, touchée par ses mots. « Tu parles comme un philosophe, là. Mais oui, tu as raison. »

Ils avaient abordé plusieurs fois leurs différences religieuses, mais cela ne semblait jamais être un obstacle. Eric, en tant que chrétien, et Fanta, musulmane, respectaient leurs croyances respectives avec une fluidité rare.

Un après-midi, en pleine pause café dans la petite arrière-boutique, Eric posa la tasse en riant. « Hé, tu sais quoi ? Si on faisait un pari ? Si je vends plus que toi aujourd'hui, tu dois venir avec moi à un match de basket. »

Fanta le regarda, les sourcils froncés, mais amusée. « Et si je gagne ? »

Il réfléchit quelques secondes. « Hmm... OK, si tu gagnes, je te fais une journée complète de livraison gratuite ! »

Elle rit en croisant les bras. « C'est presque trop facile pour moi. Marché conclu ! »

La journée se poursuivit avec une compétition amicale entre eux. Eric mettait tout en œuvre pour attirer l'attention des clients, multipliant les blagues et commentaires humoristiques pour vendre. Fanta, de son côté, usait de son charme naturel et de sa connaissance pointue des tendances pour convaincre les clients. À la fin de la journée, après avoir comparé les résultats des ventes, c'était... Fanta qui l'emportait.

Eric haussa les bras en signe de défaite. « OK, OK. Je m'incline, maître vendeur. Une journée de livraison gratuite, c'est tout ce que tu veux ? »

Fanta hocha la tête avec un sourire triomphant. « Absolument. Et n'oublie pas que tu me dois un café en plus. »

Leurs journées étaient ponctuées de ces moments de légèreté, mais derrière chaque sourire et chaque blague, il y avait une amitié qui se renforçait jour après jour.