Vie Nouvelle, Ames Perdus

1 0 0
                                    



En Espagne

Trois mois s'étaient écoulés depuis le décès du père d'Eric. Sa maison familiale, autrefois pleine de rires et de vie, était désormais marquée par le deuil. Sa mère, Fernanda, tentait de maintenir la maison en ordre, tandis que Clara, sa sœur, se plongeait dans ses études pour échapper à la douleur. Mais pour Eric, la réalité était différente.

Un soir, après une longue journée de travail, il retrouva Rebecca, une amie d'enfance qu'il n'avait pas revue depuis des années. Ils avaient grandi ensemble, et leur connexion refit surface naturellement, avec une intensité inattendue.

« Eric, ¿cómo te sientes hoy? » demanda Rebecca, alors qu'ils étaient assis dans un bar animé de la ville.

(« Eric, comment te sens-tu aujourd'hui ? »)

Il haussa les épaules, les yeux perdus dans son verre. « Mejor, supongo... pero sigue siendo difícil. »

(« Mieux, je suppose... mais c'est toujours difficile. »)

Rebecca posa une main réconfortante sur son bras. « Sabes que siempre estoy aquí para ti, ¿verdad? »

(« Tu sais que je serai toujours là pour toi, n'est-ce pas ? »)

Eric la regarda avec gratitude. Elle avait été un soutien constant depuis son retour en Espagne. Et même si leur relation s'était transformée en quelque chose de plus charnel, il savait que quelque chose manquait. Chaque nuit passée avec Rebecca était une tentative d'oublier la douleur, mais une autre douleur grandissait en lui : celle de l'absence de Fanta.

***

De l'autre côté, à Dakar, Fanta avait essayé de reprendre sa routine quotidienne. Son entreprise fonctionnait bien, mais chaque jour semblait plus vide. Eric ne donnait plus signe de vie, et elle commençait à se résigner à l'idée qu'il ne reviendrait pas.

« Il a probablement trouvé une nouvelle vie là-bas... » se dit-elle souvent en fermant sa boutique, le regard perdu dans les rues animées de Dakar.

Son frère Moussa, toujours attentif, avait remarqué son changement d'humeur. Un soir, alors qu'ils dînaient ensemble avec Maryam, il décida d'aborder le sujet.

« Fanta, tu n'as pas l'air d'aller bien. Depuis qu'Eric est parti, tu es différente. »

Fanta soupira. « Ce n'est rien, Moussa. Je dois juste m'habituer à son absence. Je pense qu'il ne reviendra pas. »

Maryam hocha la tête, compatissante. « Tu as fait tout ce que tu pouvais, Fanta. Mais la vie continue. »

Fanta sourit faiblement. « Oui, la vie continue... mais c'est comme si une partie de moi manquait. »

***

Pendant ce temps, en Espagne, Eric s'enfonçait de plus en plus dans son nouveau mode de vie. Les fêtes, l'alcool, et les moments intimes avec Rebecca étaient devenus une échappatoire à sa réalité. Mais chaque matin, lorsqu'il se réveillait, la culpabilité le rongeait.

« No puedes seguir así, Eric, » lui dit un jour sa mère, désespérée de voir son fils se perdre.

(« Tu ne peux pas continuer comme ça, Eric. »)

Eric la regarda sans répondre. Il savait qu'elle avait raison, mais il ne voyait pas d'autre moyen de noyer sa tristesse. Fanta lui manquait terriblement, mais il avait peur de la contacter. Peur qu'elle le rejette, peur de lui montrer à quel point il avait changé.

« Estoy bien, mamá, » finit-il par dire, même si au fond, il savait que ce n'était pas vrai.

(« Je vais bien, maman. »)

Mais Carla, sa sœur, ne mâcha pas ses mots. « No, no estás bien. ¡Mírate! Estás destruyendo todo lo que papá quería para nosotros. »

(« Non, tu ne vas pas bien. Regarde-toi ! Tu détruis tout ce que papa voulait pour nous. »)

Ses mots résonnèrent en Eric, mais il n'était pas encore prêt à affronter la réalité.

***

À Dakar, Fanta continuait de lutter contre ce vide. Moussa et Maryam faisaient de leur mieux pour la soutenir, mais elle n'était plus la même. Chaque matin, elle ouvrait sa boutique avec l'espoir fou de recevoir un message d'Eric, mais son téléphone restait silencieux.

Un soir, son père la prit à part, le visage grave. « Fanta, il est temps que tu tournes la page. Il ne reviendra pas. »

Elle baissa la tête, sachant que son père avait probablement raison. « Je sais, papa... mais c'est difficile. »

Il hocha la tête, comprenant sa douleur. « C'est pour ça qu'il est temps que tu envisages de te marier. Ça te fera du bien de construire une nouvelle vie. »

Fanta le regarda, surprise. « Me marier ? Mais je ne suis pas prête... »

Son père lui sourit doucement. « Parfois, on n'est jamais prêt pour les grandes décisions. Mais je pense que c'est la meilleure chose pour toi maintenant. »

Fanta sentit son cœur se serrer. L'idée de se marier ne lui avait même pas traversé l'esprit. Tout ce qu'elle voulait, c'était retrouver la paix intérieure, mais elle savait que son père avait en tête de lui trouver un époux pour tourner la page définitivement.

Les jours qui suivirent, elle commença à accepter l'idée que peut-être, Eric ne faisait plus partie de son avenir.

Les Héritiers de DakarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant