Le soleil éclatant de Dakar baignait la maison des Diagne en cette journée exceptionnelle. Le mariage d'Amadou et Maryam était sur toutes les lèvres. La famille Diagne, connue et respectée dans toute la ville, organisait un événement digne de son rang. Tout avait été pensé dans les moindres détails pour que ce mariage soit un véritable chef-d'œuvre sénégalais.Les chants traditionnels des griots résonnaient dans l'air, annonçant la joie et la célébration. Les invités, vêtus de leurs plus beaux boubous et de pagnes éclatants, arrivaient par dizaines, remplissant la maison et les cours. Les femmes portaient des colliers en or qui scintillaient sous le soleil, et les hommes, habillés de grands boubous brodés, discutaient en petits groupes, attendant avec impatience la cérémonie.
À l'intérieur, Maryam se préparait avec ses sœurs et ses amies proches. Elle était resplendissante dans son grand boubou blanc, orné de perles et de dentelles fines. Son visage rayonnait de pureté et de douceur. Elle incarnait la parfaite mariée : pudique, réservée et respectueuse des traditions. Pourtant, une nervosité subtile l'habitait, une peur enfouie qu'elle n'arrivait pas à expliquer. Peut-être parce qu'elle sentait qu'Amadou ne partageait pas la même joie qu'elle en ce jour.
Amadou, lui, se tenait à l'écart, habillé d'un grand boubou noir avec des motifs dorés. Il paraissait imposant, mais son cœur était lourd. Même s'il avait accepté d'épouser Maryam, il ne pouvait s'empêcher de penser à Sohna. Cette histoire le hantait toujours, mais il savait qu'il devait tourner la page. Aujourd'hui devait être le premier jour d'une nouvelle vie. Il essaya de se convaincre que tout irait bien, mais un pressentiment pesait sur lui.
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Alors que la cérémonie battait son plein, avec des tambours sabar retentissant et des cris de joie s'élevant, une silhouette inattendue fit son entrée discrètement dans l'assemblée : Sohna. Vêtue d'un grand boubou rouge flamboyant, elle ne passa pas inaperçue. Ceux qui la connaissaient murmuraient en la voyant entrer, surpris par sa présence en ce jour si particulier.Sohna, déterminée et pleine de rage, chercha des yeux Amadou. Elle l'aperçut, assis aux côtés de Maryam, semblant être absorbé par les bénédictions et les prières que les griots adressaient au couple. Elle sentit son cœur se serrer. Comment avait-il pu la quitter si facilement ? Comment pouvait-il épouser une autre femme alors qu'il l'aimait, elle ?
Elle s'approcha de lui, saisissant l'occasion pendant que la foule était distraite. "Amadou, il faut qu'on parle," murmura-t-elle, d'une voix pressante.
Amadou, surpris, leva les yeux et vit son ancienne amante se tenir devant lui. Son cœur fit un bond. "Sohna, qu'est-ce que tu fais ici ?"
Elle le fixa intensément. "Ne fais pas ça. Ne te marie pas avec elle. Je t'aime, Amadou, tu le sais. On peut tout arrêter maintenant."
Amadou secoua la tête, désespéré. "Sohna, c'est trop tard. J'ai pris ma décision. Cette histoire entre nous... c'est terminé."
Sohna, blessée, recula d'un pas. "Tu crois vraiment que tu peux m'abandonner comme ça ? Je te préviens, si tu épouses cette fille, je ferai tout pour détruire ta vie. Tu ne sais pas de quoi je suis capable."
Amadou, choqué par ses paroles, se redressa. "Tu es en train de te ridiculiser, Sohna. Cette menace ne changera rien. Je t'en prie, pars."
Mais Sohna ne comptait pas partir tranquillement.
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Alors que la cérémonie atteignait son apogée, avec les griots chantant la louange des mariés et des invités battant des mains en rythme, Sohna fit l'inimaginable. Elle s'avança rapidement vers le centre de la cour, arrachant le micro des mains du maître de cérémonie. Un silence instantané s'abattit sur l'assemblée, tout le monde se demandant ce qui allait se passer."Je suis Sohna," annonça-t-elle d'une voix forte et assurée. "Et je suis l'amour de la vie d'Amadou."
Les chuchotements stupéfaits traversèrent la foule comme une onde de choc. Amadou, figé, sentit son monde s'effondrer autour de lui. Maryam, choquée, porta une main tremblante à sa bouche, les larmes commençant à rouler sur ses joues.
"Et ce n'est pas tout," continua Sohna, savourant l'attention de tous les invités. "Amadou et moi, nous attendons un enfant."
Un murmure de stupeur parcourut l'assemblée. Les yeux se tournaient vers Amadou, puis vers Maryam, qui sanglotait maintenant ouvertement. Mareme, la mère d'Amadou, eut un hoquet de surprise, tandis que Serigne, son père, devenait rouge de colère. Il se leva brusquement, prêt à intervenir, mais ses filles le retinrent de justesse.
"Qu'est-ce que tu fais ?" s'exclama Amadou en se levant, furieux. "Sohna, c'est un mensonge !"
Sohna, imperturbable, souriait tristement. "Vraiment ? Tu vas me traiter de menteuse devant toute cette foule ?"
Maryam, anéantie, fondit en larmes, ses sœurs la prenant dans leurs bras pour la consoler. Amadou, voyant la situation lui échapper, tenta de reprendre le contrôle. "Écoutez-moi tous," commença-t-il, sa voix tremblante d'émotion. "Je n'ai jamais touché Sohna. Je jure sur tout ce que j'ai de plus cher que je respecte ma religion et mes valeurs. Ce qu'elle dit est un mensonge."
Un silence tendu s'installa. Tout le monde attendait la réaction de Sohna. Ses yeux, autrefois remplis de colère, se remplirent soudain de larmes. Elle vacilla légèrement, comme si la réalité venait de la frapper de plein fouet.
"Je... je suis désolée," balbutia-t-elle finalement, sa voix brisée. "Je... je n'attends pas d'enfant. Je voulais juste que tu reviennes vers moi. Je ne supporte pas l'idée de te perdre."
Le choc laissa place à une profonde tristesse parmi les invités. Maryam, toujours en pleurs, regardait Amadou avec un mélange de douleur et de compréhension. Elle savait qu'il ne l'aimait pas encore, mais elle savait aussi que ce scandale n'était pas de sa faute.
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Le mariage, désormais éclipsé par le drame, se termina dans un malaise général. Les invités partirent les uns après les autres, choqués par ce qu'ils avaient vu et entendu. Amadou, Maryam, et toute la famille Diagne se retrouvèrent pour une réunion tendue dans le salon familial.Serigne, assis en tête de table, était livide. "Comment as-tu pu nous faire ça, Amadou ?" demanda-t-il, sa voix tremblante de colère. "Tu as terni notre nom. Que va dire la communauté ?"
Amadou, accablé, ne savait pas quoi dire. Il baissa la tête, incapable de soutenir le regard de son père.
Mareme prit la parole à son tour, la voix douce mais pleine de reproches. "Mon fils, nous avions confiance en toi. Nous pensions que tu avais fait la paix avec ton passé. Comment as-tu pu laisser cette femme te manipuler ainsi ?"
Amadou secoua la tête. "Je ne l'ai jamais touchée. Je vous le jure. Ce qu'elle a fait aujourd'hui... c'était par désespoir. Mais je n'ai rien fait de mal."
Le silence qui suivit fut lourd. Serigne finit par se lever, fatigué. "Quoi qu'il en soit, tu as déçu ta famille aujourd'hui."
Amadou se sentit dévasté par les paroles de son père. Il savait que ce scandale allait le suivre pendant longtemps. Mais au milieu de ce chaos, une personne lui offrit un réconfort inattendu.
Maryam, les yeux encore rougis par les larmes, s'approcha d'Amadou et lui prit la main. "Je te crois, Amadou," murmura-t-elle. "Je sais que tu n'as rien fait de mal. Je te comprends. Mais je t'en prie, laisse-moi t'aider à guérir. Laisse-moi être à tes côtés."
Amadou, bouleversé par sa douceur et son pardon, la regarda avec reconnaissance. Peut-être, après tout, ce mariage n'était pas si perdu.
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Les Héritiers de Dakar
Любовные романыTandis que le patriarche tente de maintenir une façade d'unité et d'intégrité, ses enfants sont aspirés dans des tourments personnels et des luttes internes qui risquent de fragiliser l'héritage familial. De la politique à l'entrepreneuriat, des amo...