Les Héritiers de Dakar

L'impasse d'Amadou

Les jours passaient, et Amadou se retrouvait de plus en plus coincé entre deux mondes. D'un côté, il y avait Sohna, cette femme qui avait envahi ses pensées et volé son cœur. Et de l'autre, il y avait sa famille, ses responsabilités, et la pression croissante pour se conformer aux attentes sociales et religieuses qui pesaient sur lui. Mais Amadou n'était pas homme à fuir les problèmes. Il avait pris une décision difficile mais déterminée : demander à Sohna de divorcer pour qu'ils puissent enfin vivre leur amour au grand jour.

Un soir, dans leur café habituel, il prit une profonde inspiration avant de lancer la conversation qu'il redoutait.

« Sohna, j'ai beaucoup réfléchi à notre situation, et je pense qu'il est temps qu'on prenne une décision radicale, » dit-il, les yeux rivés sur son café.

Sohna leva un sourcil, intriguée. « Une décision radicale ? Qu'est-ce que tu veux dire ? »

Amadou posa doucement sa main sur la sienne. « Je veux que tu divorces de Mamadou. Je veux qu'on puisse être ensemble sans se cacher. Je veux t'épouser, Sohna. »

Elle resta silencieuse un moment, scrutant son visage pour comprendre s'il était sérieux. Amadou avait toujours été un homme de principes, mais cette demande... c'était énorme. Elle se mordit la lèvre, hésitant avant de répondre.

« Amadou, tu sais que ce n'est pas si simple. Mamadou n'est pas un homme qu'on quitte facilement. Et puis... la richesse, la vie que je mène... » Elle soupira. « Je ne suis pas sûre que je sois prête à tout abandonner pour toi. »

Amadou fronça les sourcils. « Donc, tu ne m'aimes pas assez pour faire ce sacrifice ? »

Sohna se redressa, piquée par ses mots. « Ce n'est pas une question d'amour, Amadou ! C'est une question de survie. Mamadou a des relations puissantes, et si je demande le divorce, je perds tout. Et même si je le faisais... es-tu prêt à affronter les conséquences ? Ton père... ta famille... Ils ne l'accepteraient jamais. »

Amadou serra les dents. « Je suis prêt à tout affronter pour toi. Mais c'est à toi de décider, Sohna. Je ne peux pas continuer comme ça. »

Elle soupira de nouveau, visiblement déchirée. « Je vais y réfléchir... mais tu sais que ce n'est pas facile. » Elle savait, au fond d'elle, qu'elle ne quitterait jamais la sécurité que lui offrait son mari. Mais elle ne voulait pas perdre Amadou non plus.

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Pendant ce temps, à la maison Diagne, la situation devenait de plus en plus pressante. Serigne Diagne, le patriarche, avait remarqué que son fils prenait de l'âge, mais semblait totalement désintéressé par le mariage. Ce n'était pas normal dans une famille aussi religieuse et respectée que la leur. Serigne commençait à craindre que quelque chose ne soit pas à sa place.

Un soir, après la prière, Serigne décida d'aborder la question avec son épouse, Mareme.

« Mareme, j'ai l'impression qu'Amadou ne pense toujours pas au mariage. Il a presque 35 ans et rien ne bouge. J'ai l'impression qu'il nous cache quelque chose. »

Mareme hocha la tête. « J'ai remarqué la même chose, Serigne. Mais tu sais comment il est, il se consacre tellement à son travail... Peut-être qu'il n'a simplement pas encore trouvé la bonne personne. »

Serigne se redressa dans son fauteuil. « C'est bien pour cela que je pense qu'il est temps que nous l'aidions à trouver quelqu'un. »

Mareme sourit. « J'ai entendu dire que Maryam, la fille de ton ami Alassane, est une jeune femme très pieuse et respectée. Elle est belle, douce, et surtout, elle a une bonne éducation religieuse. »

Serigne hocha la tête, approuvant l'idée. « Exactement. Je pense qu'il est temps de les présenter. Ce serait un bon parti pour lui, et elle serait parfaite pour notre famille. »

Mareme, ravie par cette idée, appela immédiatement Alassane pour organiser un dîner. Quelques jours plus tard, tout était prêt.

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Le jour du dîner, Amadou n'avait aucune idée de ce qui l'attendait. Il avait simplement été informé par sa mère qu'il devait être présent pour une réunion familiale importante. Lorsqu'il arriva dans la grande salle à manger, il fut surpris de voir une jeune femme, voilée et élégamment vêtue, assise avec ses parents autour de la table.

« Amadou, viens t'asseoir, » dit Serigne en souriant. « Je veux te présenter Maryam, la fille de mon ami Alassane. »

Amadou sourit poliment, mais il comprit rapidement où son père voulait en venir. Maryam, avec son regard baissé et ses manières délicates, incarnait tout ce qu'il savait être recherché par sa famille : une femme pieuse, douce et respectueuse des traditions.

Pendant le repas, Maryam essayait de capter l'attention d'Amadou avec ses questions sur son travail et ses ambitions. Elle était d'une beauté discrète mais époustouflante, et sa voix était d'une douceur qui charmait tout le monde à la table. Mareme, la mère d'Amadou, ne pouvait cacher son sourire satisfait en voyant à quel point Maryam semblait correspondre à ce qu'elle avait toujours rêvé pour son fils.

Mais Amadou, lui, n'avait d'yeux que pour Sohna. Même en étant assis là, entouré de sa famille, ses pensées le ramenaient toujours à elle. Les sourires de Maryam, aussi charmants soient-ils, ne pouvaient rivaliser avec l'attrait enivrant de sa relation avec Sohna. Alors que Maryam parlait de ses projets pour l'avenir, Amadou ne pouvait s'empêcher de repenser à ses moments volés avec Sohna, leurs rires, leur passion.

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Après le dîner, alors que tout le monde se retirait, Serigne prit Amadou à part.

« Amadou, qu'en penses-tu ? Maryam est une fille exceptionnelle. Elle est pieuse, bien éduquée, et elle serait une épouse parfaite pour toi. »

Amadou hocha la tête, mais son cœur n'y était pas. « Elle est gentille, Papa. Mais... je ne suis pas sûr d'être prêt. »

Serigne fronça les sourcils. « Pas prêt ? Amadou, tu es l'aîné. Il est temps que tu fondes une famille. Tu ne peux pas te permettre de repousser cela indéfiniment. Si tu ne fais pas un choix, la vie le fera pour toi. »

Amadou sentait la pression monter. Il savait que ses parents voulaient le voir marié avec une femme pieuse comme Maryam. Mais comment pouvait-il envisager cela alors que son cœur appartenait encore à une autre ?

« Je comprends, Papa, » dit-il finalement. « Je vais y réfléchir. »

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Les jours qui suivirent, Amadou se retrouva pris dans une tourmente émotionnelle. D'un côté, Sohna refusait de divorcer de Mamadou, le laissant dans l'incertitude. De l'autre, sa famille lui faisait pression pour qu'il épouse Maryam, une jeune femme parfaite aux yeux de tous mais pour laquelle il n'éprouvait aucun véritable sentiment.

La vie d'Amadou devenait un tourbillon d'obligations et de désirs contradictoires. Il se demandait combien de temps encore il pourrait tenir avant que tout ne s'effondre.