Amour impossible, destins croisés

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Les jours se succédaient, mais ni Fanta ni Eric ne parvenaient à apaiser la douleur de leur séparation. Le poids de l'amour non partagé les consumait. Du côté d'Eric, ses amis tentaient de le réconforter.

« Écoute, Eric, » commença Javier, son meilleur ami, lors d'une de leurs longues conversations. « Même si elle annulait son mariage, tu sais bien que vous ne pourriez pas être ensemble. Elle est musulmane, toi chrétien... Ces différences, elles sont ancrées dans vos vies. Vous ne pourrez jamais surmonter ça. »

Eric, le regard sombre, secoua la tête avec véhémence. « Je m'en fiche, Javier. Je l'aime. Et je trouverai un moyen, peu importe les obstacles. »

Javier poussa un soupir résigné. « Tu te fais du mal, hermano. Parfois, il faut savoir lâcher prise. »

Mais pour Eric, lâcher prise n'était pas une option. Il passait ses journées à réfléchir à des solutions, se perdant dans ses pensées, cherchant un moyen d'être avec Fanta malgré tout.

Pendant ce temps, à Dakar, Fanta vivait elle aussi un dilemme. Bien que tout le monde autour d'elle se réjouissait de son mariage imminent avec Hamed, elle ne parvenait pas à ressentir cette même joie. Hamed, malgré son affection pour elle, n'était pas dupe. Un soir, alors qu'ils dînaient ensemble, il posa sa main sur la sienne et plongea son regard dans le sien.

« Fanta, » murmura-t-il avec douceur, « je vois bien que tu n'es pas heureuse. Si tu veux annuler le mariage, je le ferai. Je veux ton bonheur, même si cela signifie te laisser partir. »

Le cœur de Fanta se serra. Elle savait qu'Hamed était un homme bon, généreux et respectueux. Mais l'amour n'y était pas. Elle hésita, les mots coincés dans sa gorge. « Je... je ne sais pas, Hamed. C'est compliqué. »

Il lui sourit tristement. « Tu n'as pas besoin de me le dire, Fanta. Je sais que tu ne m'aimes pas. Alors, si c'est ce que tu veux, annule le mariage. Je suis prêt à ce sacrifice. »

Après une longue réflexion, Fanta prit sa décision. Elle annulerait le mariage, non pas pour Eric, mais parce qu'elle ne pouvait pas épouser un homme qu'elle n'aimait pas. La nouvelle de l'annulation se répandit comme une traînée de poudre, causant un scandale dans la famille. Des oncles, tantes et cousins critiquaient ouvertement cette décision. Mais, peu à peu, les choses se calmèrent. Fanta, désireuse de prendre du recul, décida de quitter le pays pour se changer les idées, espérant oublier son amour impossible pour Eric.

De son côté, Eric, ignorant la décision de Fanta, se lançait dans une quête désespérée pour la retrouver. Il la cherchait partout, l'appelait, mais sans réponse. Un jour, il se résolut à aller chez Moussa, le frère de Fanta.

« Où est-elle, Moussa ? Je dois lui parler. » Eric, le visage tendu, espérait une réponse positive.

Mais Moussa, droit et sérieux, lui fit face avec calme. « Même si Fanta a annulé son mariage, Eric, il n'y a pas d'avenir pour vous deux. Vous êtes de mondes trop différents. Mieux vaut que tu l'oublies. »

Les mots de Moussa résonnèrent dans l'esprit d'Eric comme un coup de poignard. Le sentiment de vide qu'il ressentait déjà ne fit que grandir. Il erra dans les rues de Dakar, perdu, cherchant un moyen de noyer sa douleur. Les semaines passèrent, et Eric sombrait peu à peu dans une spirale de dépression. Il passait ses soirées dans des bars, buvant jusqu'à ne plus pouvoir se tenir debout.

Un soir, complètement ivre, il s'effondra sur un banc, dans une rue sombre et déserte. C'est là qu'un vieil homme, vêtu d'une longue tunique blanche, le trouva. L'homme, un imam local, prit pitié de lui et l'amena chez lui.

« Mon fils, tu es perdu, » dit-il doucement en lui offrant un verre d'eau. « Pourquoi te fais-tu tant de mal ? »

Eric, le visage fatigué et les yeux rougis par les larmes et l'alcool, ne répondit pas immédiatement. L'imam lui posa une main rassurante sur l'épaule. « Tu es le bienvenu ici. Si tu veux prier, même si tu es chrétien, cela n'a pas d'importance. Dieu entend tous ceux qui cherchent. »

Eric, bien que sceptique, accepta l'invitation. Lorsqu'il se prosterna pour la première fois aux côtés de l'imam, un sentiment profond, de paix et d'apaisement, le traversa. C'était comme si, pour la première fois depuis des mois, il trouvait un semblant de réconfort. Intrigué par ce qu'il venait de vivre, il commença à poser des questions à l'imam sur la religion musulmane. L'homme, patient et bienveillant, répondit à toutes ses interrogations, l'encourageant à continuer cette quête spirituelle.

Ainsi, peu à peu, Eric se mit à s'interroger sur son propre chemin de vie, cherchant peut-être une autre voie pour espérer, un jour, être digne de l'amour de Fanta.

Les Héritiers de DakarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant