Les Héritiers de Dakar

Les tensions eclatent

Les jours passaient, et Amadou et Maryam continuaient à vivre leur nouvelle vie de couple, mais leur relation n'avait toujours pas franchi le cap intime. Chaque soir, au lieu de partager leur lit comme le voulait la tradition, ils s'amusaient à jouer à des jeux comme le Uno ou regardaient des films ensemble. La complicité grandissait doucement entre eux, mais quelque chose manquait. Amadou se sentait de plus en plus perdu. Même s'il admirait la patience et la douceur de Maryam, il n'arrivait pas à se libérer totalement de son passé.

Un matin, alors que Maryam préparait le petit déjeuner, Amadou reçut un message inattendu. C'était Sohna. Elle lui annonçait que son mari l'avait brutalement frappée et qu'il avait quitté le pays. Elle se trouvait à l'hôpital, seule et désespérée. Sans hésitation, Amadou sentit son cœur se serrer pour elle. Il se rappela des moments qu'ils avaient partagés, de leur relation interdite, et malgré tous ses efforts pour tourner la page, il se rendit compte qu'il ne pouvait pas complètement l'oublier.

En silence, il se leva de la table et attrapa ses clés. Maryam, qui remarqua son agitation, demanda calmement : "Où est-ce que tu vas ?"

Amadou hésita, puis répondit : "Je dois aller à l'hôpital... Sohna est dans une situation difficile. Elle a été battue par son mari et elle est seule. Je dois aller la voir."

Maryam sentit une pointe de jalousie monter en elle, une émotion nouvelle qu'elle n'avait encore jamais ressentie avec autant de force. Elle savait que Sohna représentait encore beaucoup pour Amadou, même si leur relation était terminée. Pourtant, elle essaya de rester calme.

"Amadou... ne vas pas la voir. Ce n'est pas ton rôle. Elle a fait son choix. Tu dois te concentrer sur notre mariage maintenant," dit-elle avec une voix tremblante, ses yeux remplis d'inquiétude.

Amadou, partagé entre le devoir moral et ses propres émotions, soupira. "Maryam, je comprends ce que tu ressens, mais je ne peux pas la laisser seule dans cette situation. Elle est blessée, et même si je ne suis plus avec elle, je ne peux pas l'abandonner comme ça."

Maryam baissa les yeux, ses mains tremblantes. "Alors fais comme tu veux, mais souviens-toi que ce choix pourrait nous coûter cher."

Amadou ne répondit pas et sortit en hâte de la maison. Sur le chemin de l'hôpital, il ressentait un mélange de culpabilité et de devoir. Maryam, bien qu'elle soit sa femme maintenant, ne pouvait pas comprendre ce lien profond et compliqué qu'il partageait avec Sohna. Mais en même temps, il savait que revoir son ex était un terrain glissant, surtout avec une femme aussi patiente et compréhensive que Maryam à ses côtés.

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Lorsqu'il arriva à l'hôpital, Amadou était en sueur, le cœur battant fort. Il trouva rapidement la chambre de Sohna. Elle était allongée sur le lit, le visage marqué par des ecchymoses, les yeux rouges d'avoir pleuré. En le voyant entrer, un mince sourire apparut sur ses lèvres.

"Amadou... tu es venu," murmura-t-elle, la voix faible.

"Bien sûr que je suis venu. Comment est-ce que je pouvais te laisser comme ça ?" répondit-il en s'asseyant à ses côtés.

Ils parlèrent longuement. Sohna lui raconta les détails de son calvaire, la violence de son mari, sa fuite précipitée. Amadou était triste pour elle, mais il savait qu'il ne pouvait pas la sauver cette fois. Cependant, il ne pouvait pas non plus lui tourner le dos dans ce moment de désespoir. Il passa l'après-midi à son chevet, la réconfortant, tentant de l'aider à retrouver un semblant de calme.

L'heure du dîner approchait, et Amadou savait qu'il devait rentrer chez lui. À contrecœur, il se leva et lui dit : "Je dois y aller. Prends soin de toi, Sohna."

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En rentrant chez lui, Amadou trouva sa famille réunie autour de la table du dîner. L'ambiance était légère, tout le monde discutait joyeusement. Personne ne semblait remarquer son absence prolongée, et il fut accueilli avec des sourires chaleureux. Maryam, malgré ses inquiétudes, se montra bienveillante. Elle lui servit son dîner sans un mot de reproche, mais Amadou sentait que quelque chose pesait lourd dans l'air.

Ils passèrent la soirée comme si de rien n'était, mais Amadou savait que l'orage couvait. Il se demandait quand Maryam allait craquer. Ce n'est qu'une fois qu'ils furent dans leur chambre que les choses éclatèrent.

Maryam, d'habitude si douce et calme, se retourna brusquement vers lui. Ses yeux brillaient de colère et de tristesse. "Amadou, tu ne peux pas continuer comme ça ! Revoir ton ex, passer des heures à son chevet... Tu dois respecter notre mariage ! Tu dois me respecter !"

Amadou, surpris par cette réaction, resta un instant silencieux avant de répondre. "Maryam, elle est dans une situation terrible. Je ne fais que l'aider, il n'y a rien de plus."

Mais Maryam ne se laissa pas convaincre. "Je ne suis pas naïve, Amadou. Je sais que tu as encore des sentiments pour elle. Mais tu dois comprendre que je suis ta femme maintenant. Tu ne peux pas continuer à vivre dans le passé !"

Le ton monta rapidement. Amadou, piqué dans son orgueil, commença à répondre sèchement, lançant des paroles blessantes. "Tu ne comprends rien, Maryam. C'est plus compliqué que ça ! Tu crois vraiment que je peux juste oublier ce que j'ai vécu avec elle ?"

Maryam, les larmes aux yeux, ne supportait plus ces mots. Elle finit par se tourner et pleurer silencieusement sur son lit. Amadou, toujours en colère, se laissa tomber sur le canapé à l'autre bout de la pièce, regrettant déjà ses paroles. Il observa sa femme pleurer en silence et sentit la culpabilité monter en lui.

Il réalisa que Maryam, malgré tout ce qu'elle faisait pour lui, méritait mieux que ce traitement. Elle l'avait toujours soutenu, accepté ses imperfections, et il ne pouvait pas la punir pour ses propres tourments. Amadou soupira profondément, regrettant son comportement de la soirée.

Allongé sur le canapé, il se demanda comment se racheter. Il savait qu'il avait blessé Maryam profondément cette nuit-là. Il devait trouver un moyen de regagner sa confiance, de réparer ce qu'il avait brisé. Mais pour cela, il devait d'abord accepter de laisser le passé derrière lui, et de donner à Maryam la place qu'elle méritait dans sa vie.