14 - Crise d'angoisse

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8h23.

Putain de sa race.

Prenant une grande inspiration pour se calmer, Tristana s'activa. Son premier cours commençait dans une demi-heure. Elle avait évidemment raté son bus, mais si elle demandait à sa mère de l'amener, elle avait une chance d'arriver à temps. Ah, non. Elle part toujours à huit heures. Bien sûr, ça lui paraissait tard, d'habitude, lorsqu'elle se levait à cinq heures. Sauf que là, il était encore plus tard.

Comment allait-elle se rendre au lycée ? Et si on la notait absente ? Et si elle manquait une interro surprise ? Et si ça apparaissait sur son bulletin ? Pire, et si ça l'empêchait d'avoir les félicitations ? Elle sentit la panique l'envahir.

Non, elle ne pouvait pas se le permettre. Pas si elle voulait entrer à Ausone. Son dossier devait être impeccable. Pas d'absence. Pas de retard. Rien. Bon sang, qu'est-ce qu'elle allait faire ?

Les jambes vacillantes, elle se laissa glisser contre le mur. Elle tordait ses doigts dans tous les sens, les étirant au maximum, plantant ses ongles sur ses phalanges et dans ses paumes. Pourquoi avait-il fallu qu'elle rate son réveil ? À cause de sa stupidité, elle allait gâcher son avenir.

Elle frappa sa tête contre le mur derrière elle. Bam.

Quelle idiote. Bam.

Abrutie. Bam.

Inconsciente. Bam.

Nulle. Bam.

Ratée. Bam.

Soudain, elle entendit remuer à côté. La porte s'ouvrit à la volée, et Amélia fit irruption dans la pièce, les cheveux encore ébouriffés par la nuit et l'expression affolée. Elle se jeta par terre à côté de sa sœur et saisit ses mains meurtries.

— OK Tristana, respire ! Lentement !

Tristana la regarda d'un air interdit. Son esprit saturé l'empêchait d'y voir clair. La voix criait tellement fort dans sa tête qu'elle n'entendait plus rien. Nulle ! Ratée ! Vaguement consciente de ce qui l'entourait, elle finit néanmoins par imiter sa sœur qui mimait inspiration puis expiration. Dans le flou qui encombrait ses sens, elle distingua enfin quelques mots :

— ... ta Ventoline ?

Comprenant à l'intonation de sa sœur qu'elle cherchait son inhalateur, Tristana pointa faiblement du menton son sac de cours. Amélia lâcha ses mains, les laissant chaudes mais tristement vides, et s'empressa de défaire la fermeture éclair. Elle sortit le médicament bleu de la poche avant, le secoua d'un geste expert et le plaça entre les lèvres de Tristana.

— Inspire un grand coup.

Pschh-pschhht.

Quelques secondes s'écoulèrent, et Tristana cessa de trembler. Elle n'avait même pas remarqué qu'elle grelottait. Sa sœur avait repris ses mains dans les siennes.

— Maintenant, souffle.

Tristana souffla.

***

— T'es en quelle salle ? demanda Amélia.

— 210, souffla Tristana.

Les deux sœurs étaient maintenant au lycée. N'ayant pas d'autre choix, elles étaient venues en bus. Amélia avait tenu à accompagner sa jumelle, même si ses propres cours commençaient bien plus tard. Tristana avait bien essayé de l'en dissuader, mais elle voulait s'assurer que la crise d'angoisse était bien passée.

Les adolescentes se dirigèrent vers l'aile droite du bâtiment et grimpèrent les escaliers. Il était 9h17. Sur un cours de deux heures, un retard de quinze minutes n'avait rien de dramatique, mais Tristana se sentait toujours aussi mal à l'aise. Sa sœur avait eu beau passer tout le trajet à tenter de l'apaiser, ses angoisses refusaient de la quitter.

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