Zeitnot

19 - Les sélections

Tristana

[23h07 : Je dois passer les sélections dans deux semaines]

[23h07 : Sophie m'a dit qu'ils allaient choisir un autre mec, du coup j'ai paniqué]

[23h08 : De toute façon j'ai pas le choix]

[23h08 : Tu savais qu'il y avait une date limite pour les inscriptions, toi ?]

[23h09 : Je suis teeellement mal]

[23h12 : Comment on va faire ?]

César

[23h36 : Mdrrr]

[23h36 : Débrouille-toi]

Tristana

[23h39 : Pardon ???]

César

[23h40 : Je plaisante]

[23h41 : On en discute demain, je suis occupé là]

Tristana

[23h41 : D'accord]

C'était la dixième fois que l'adolescente relisait la conversation. Si, à la réception de ses premiers messages, elle avait froncé les sourcils, son « débrouille-toi » la faisait à présent doucement sourire.

Il était occupé. Est-ce que ça voulait dire qu'elle l'avait dérangé ? Sans doute pas tant que ça, s'il avait pris le temps de répondre. Oui, mais il aurait pu attendre demain matin. Il était tard, c'était vrai. Tristana n'avait pas l'habitude de veiller ainsi. Elle était arrivée chez elle à vingt-trois heures, et, le temps de prendre une douche et de faire une rapide toilette, elle traînait maintenant dans son lit sous le pâle éclairage de sa lampe de chevet.

Qu'est-ce qui pouvait bien l'occuper à une heure pareille ? La curiosité la rongeait. Sophie avait dû finir par déteindre sur elle. Tiens, Sophie ! Est-ce qu'elle était rentrée ? Tristana s'en voulait de l'avoir vexée. Elle ne savait pas ce qu'elle avait fait, mais elle était sûre que c'était sa faute. Peut-être que je devrais lui envoyer un message ?

Elle déverrouilla son téléphone qui s'était mis en veille, et retomba sur sa conversation avec César. Son index se figea. Un « d'accord », ça fait pas un peu sec ? Après tout, il était tard, et il avait pris le temps de lui répondre. Peut-être qu'elle devrait le remercier ?

Elle regarda l'heure. 23 h 52. Ça faisait plus de dix minutes qu'elle avait envoyé son dernier message. Si elle en renvoyait un maintenant, elle aurait l'air bizarre. Elle aurait rêvé demander conseil à Amélia, maître auto-proclamée des échanges virtuels, mais ça aurait impliqué qu'elle lui parle de César.

À moins qu'elle ne lui fasse croire que c'était pour son soi-disant « crush » ?

Alors qu'elle était à deux doigts de se lever pour aller toquer à la porte de la salle d'eau, sachant sa sœur toujours à l'intérieur, Tristana s'immobilisa. Mais qu'est-ce qui me prend ? Elle n'allait quand même pas se torturer l'esprit pour César. Et puis quoi, encore ? Dresser un autel à son effigie ? Ça lui ferait bien trop plaisir.

Elle écrivit un bref message pour Sophie, et finit par envoyer un sobre « merci » à son tuteur.

C'est juste pour être polie.

***

Dix jours s'étaient écoulés, et Tristana se retrouvait désormais à plaider sa cause avec désespoir.

— Aujourd'hui, t'es sûre ? gémit-elle.

— Oui, c'est Youri qui a insisté, expliqua Sophie. Ça le rassure de savoir qu'on ne s'y prend pas au dernier moment.