𝐀𝐔 𝐂𝐎𝐄𝐔𝐑 𝐃𝐄 𝐋𝐀 𝐕𝐄𝐍𝐆𝐄𝐀𝐍𝐂𝐄

Chapitre 16: L'appel du vide

𝑪𝒍é𝒐

~ ♤ ~

Quand j'ouvre les yeux, il fait sombre. Les murs blancs de l'infirmerie, cette lumière terne qui n'accentue que l'impression d'être dans une cage.

Il n'y a personne.

Rien d'autre que moi, ce silence étouffant, et ce vide immense qui m'écrase la poitrine. J'ai l'impression de me réveiller dans un tombeau. Je me redresse avec difficulté, une douleur sourde me lance dans la tête, m'arrachant un gémissement étouffé.

Lentement, les souvenirs remontent, flous et terrifiants. Je me souviens de ma crise, de cette folie qui m'a engloutie, des cris, de la violence. J'ai tout brisé.

Je passe une main tremblante sur mon visage, comme si je pouvais effacer les fragments de cette explosion, mais non. Ils sont là, gravés dans ma mémoire, et dans la douleur qui serre toujours ma poitrine. Je tâte mes vêtements, réalisant que je ne porte plus la robe de la mission. À la place, ce pyjama bleu standard de l'organisation, uniforme de prisonnier.

Je me rallonge, ferme les yeux, mais les souvenirs ne lâchent pas. Ils tournent en boucle.

Pourquoi maintenant ?

Deux mois à supporter tout ça, à encaisser chaque coup en silence. Deux mois de peur, d'angoisse, de méfiance, où je ne faisais qu'accumuler la colère. Et là, dans cette pièce, j'ai explosé.

Qu'est-ce qui m'a fait craquer ?

Je fais le point. J'essaie de remonter aux racines. Mais tout se mélange, se tord dans ma tête.

Je ne peux écrire nulle part, de toute façon. Je ne peux pas en parler non plus, il n'y a personne en qui je fais confiance ici et Harper n'est plus là.

Elle, au moins, aurait pu m'écouter et m'aider à traverser ça...

Il n'y a que moi, mes pensées, et ce vide immense autour de moi.

Je suis seule avec ces émotions que je ne comprends même pas.

Ironique pour une future psy...

Je crois que je ne me suis jamais sentie aussi seule. Seule dans le sens le plus viscéral du terme, abandonnée, livrée à moi-même. Ce sentiment me ronge. Il fait mal, terriblement mal, plus encore que toutes les horreurs que j'ai dû affronter ces derniers mois.

Il est peut-être temps que je commence à bouger, à chercher mes réponses.

Inconsciemment, je me suis trop habituée à l'idée que ma place était ici. Ils m'ont tellement répété que c'était nécessaire et que je devais m'y faire, que j'ai fini par l'accepter sans même m'en rendre compte.

Mais, sérieusement, pourquoi cette situation ?

J'ai eu tort de ne pas m'écouter plus souvent alors que j'étais la seule à pouvoir être présente pour moi-même. Peut-être aurais-je pu éviter cela ? Devant Harrison en tout cas... même si l'idée d'exploser était inévitable à un moment donné. Je suis humaine après tout...

Même en étant théoriquement prête à cette mission et en m'étant préparée, je n'aurais jamais pu être totalement prête mentalement à tout ce qui s'est passé pendant cette soirée. C'est ce choc là qui m'a fait craquer, je le sais bien...

Mais je dois aussi me tenir droite, garder la tête froide...Il faut que je m'accroche à quelque chose de solide.

Puis, mes pensées dérivent vers Harrison. Ce qu'il a dit juste avant que je sombre.