Chapitre 33

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Le retour à l'usine de Red Bull après une victoire en course est toujours un peu chaotique. Certes, tout le monde sourit, les éloges fusent et les accolades sont de rigueur, mais il y a une autre réalité que peu de gens voient : les ingénieurs, les techniciens, tous, continuent de réfléchir, de disséquer les données, de chercher ce qui aurait pu mal tourner. Et cette fois, le sujet brûlant était bien évidemment la coupure de télémétrie en pleine course.

Je me retrouvai, comme toujours, dans mon bureau, entourée d'écrans et de rapports qui semblaient s'accumuler à une vitesse alarmante. Le silence de l'usine était trompeur. Derrière chaque porte fermée, une équipe travaillait sans relâche. Pour ma part, je me replongeai dans les relevés de la dernière course, essayant de trouver un schéma, un indice. Quelque chose d'anormal s'était produit, et il devenait de plus en plus évident que ce n'était pas une simple coïncidence.

Nathan entra dans mon bureau avec son éternel café à la main. Son expression fatiguée reflétait la mienne. « Toujours pas de répit ? » demanda-t-il en posant son café à moitié vide sur le bord de mon bureau.

Je soupirai. « Pas vraiment. J'ai beau passer en revue les relevés, chaque fois que je pense avoir trouvé quelque chose, ça s'évapore comme un mirage. »

Nathan fronça les sourcils, jetant un coup d'œil à l'écran devant moi. « C'est frustrant, mais on va finir par trouver. » Il prit une gorgée de café, grimaça, puis posa la tasse avec dégoût. « On va aussi devoir trouver une solution pour ce café de l'enfer. Je jure qu'ils mélangent du goudron avec l'eau. »

Je pouffai de rire malgré moi. Nathan et son obsession pour le mauvais café de l'usine étaient devenus légendaires. « Je me disais aussi pourquoi ton café était toujours à moitié plein... ou à moitié vide, selon l'humeur. »

Il secoua la tête en souriant. « Si c'était qu'une question d'humeur... Mais là, je me bats pour ma survie. » Il se pencha sur mon épaule, étudiant les graphiques que j'avais passés en revue pour la centième fois. « T'as pensé à recalibrer les capteurs ? Peut-être qu'il y a une erreur là-bas. »

Je hochai la tête. « J'y ai pensé, mais on a vérifié tout ça après la course. Tout est en ordre. »

Nathan hocha lentement la tête, son regard se durcissant. « Donc, on revient à notre hypothèse initiale. Si ce n'est pas un bug, c'est que quelqu'un a voulu que ça arrive. »

Je soupirai, consciente que cette conclusion devenait de plus en plus inévitable. « On en revient là. Mais sans preuve concrète, c'est compliqué. »

Nathan s'adossa contre le mur, croisant les bras. « Tu crois qu'on devrait en parler à la direction ? »

Je me frottai les yeux, épuisée à la fois par le manque de sommeil et la montagne de questions sans réponse. « Peut-être, mais sans preuve solide, on ne fera qu'ajouter de la panique. Ils sont déjà focalisés sur les préparatifs pour la prochaine course. Tu sais comment ils sont. »

Nathan acquiesça, visiblement d'accord avec moi. « Ouais, ils ne vont pas aimer entendre le mot 'sabotage'. »

Je haussai les épaules, réfléchissant à la situation. « On va continuer à chercher. Il y a forcément quelque chose quelque part. Un bug, une trace, un détail que nous avons manqué. »

Nathan se redressa, reprenant sa tasse de café avec une grimace. « Je suis d'accord. Et en attendant, je vais essayer de faire quelque chose pour ce café. Si je ne reviens pas, dis à ma famille que je les aime. »

Je ris tandis qu'il quittait le bureau, sa démarche traînante reflétant à la fois la fatigue et une certaine exaspération. Replongeant dans mes graphiques, je me demandai combien de temps encore nous pourrions jongler entre ces anomalies et les courses à venir. La prochaine épreuve approchait à grands pas, et je savais que nous ne pouvions pas continuer à ignorer ce problème.

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