Chapitre 38

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La nuit s'étendait sur le circuit, avec pour seul bruit le bourdonnement des ordinateurs et des ventilateurs. Je restais figée devant mon écran, observant les lignes de données télémétriques qui défilaient sans relâche. Nathan avait tenu bon jusqu'à ce qu'il s'effondre sur une chaise, la tête sur ses bras croisés. Je lui jetai un regard, fatiguée mais incapable de lâcher prise. Mon esprit bouillonnait. Je devais trouver ce qui clochait.

Cela faisait des heures que nous étions plongés dans l'analyse des données. Des anomalies mineures, presque imperceptibles, apparaissaient ici et là, mais nous n'avions toujours pas identifié leur source. Mon corps réclamait du repos, mais ma détermination à comprendre ce qui se passait était plus forte que la fatigue.

Je pris mon téléphone et appelai Alexandre. Sa voix calme résonna dans mon oreille dès qu'il décrocha.

— « Toujours debout ? » demandai-je, à moitié ironique, à moitié désespérée.

« Toujours là, Nonore. » répondit-il, bien que je devine la fatigue dans sa voix aussi.

Je lui partageai mon écran, espérant qu'un regard extérieur dénicherait ce que je n'arrivais pas à voir. Il prit quelques secondes pour analyser les relevés.

— « Tout semble normal ici. Peut-être qu'on passe à côté de quelque chose, mais en surface, ça ne se voit pas. »

— « On rate forcément quelque chose. Il y a un détail que je sens, mais je ne trouve pas. Si ça continue, on va droit dans le mur, et ça pourrait être dangereux pour Max ou Checo. »

J'appuyai mes mots, luttant contre la frustration qui montait. Alexandre prit une profonde inspiration.

— « Respire un peu. On a encore du temps avant les qualifications. Restons concentrés, on finira par trouver. »

J'acquiesçai d'un signe de tête, bien qu'il ne puisse pas le voir. Mais malgré ses paroles rassurantes, une angoisse montait en moi. Le temps filait, et je n'étais pas plus avancée.

Je parcourus les données une nouvelle fois, mon cœur battant un peu plus vite à chaque ligne décryptée. Mon instinct me soufflait qu'il y avait quelque chose dans cette télémétrie que je n'avais pas encore identifié.

Et soudain, je le vis. Une anomalie légère, mais critique.

— « Attends une minute... regarde ça ! » Ma voix se fit plus vive.

Je zoomai sur les relevés du MGUK de la voiture de Max. Une variation infime, mais anormale, apparaissait sur les températures. Ce n'était pas dramatique, mais suffisant pour être alarmant. Mon estomac se noua. Si le MGUK défaillait, Max pourrait perdre le contrôle à pleine vitesse.

— « C'est le MGUK... Si ça lâche pendant la course... » soufflai-je, la gorge serrée.

Mon souffle se fit plus court alors que je réalisais la gravité de ce que je venais de découvrir. Le MGUK... Une simple défaillance pouvait entraîner un accident catastrophique. Les images d'un Max à pleine vitesse, incapable de ralentir ou de contrôler sa voiture, me traversèrent l'esprit.

— « Il faut qu'on remplace ça tout de suite, sinon on va droit à la catastrophe. » Mon ton était sec, pressant.

— « On va gérer ça, Éléonore. Calme-toi, respire. Il est encore tôt, on peut prévenir tout problème avant les qualifications. » La voix d'Alexandre essayait de me rassurer, mais je n'entendais plus vraiment ce qu'il disait. Je fixais l'écran, les chiffres dansant devant mes yeux, incapables de se stabiliser dans ma tête.

C'est alors que mon téléphone vibra sur la table, me faisant sursauter. Je l'attrapai sans réfléchir, espérant une réponse de l'équipe technique ou une autre solution miracle. Mais l'écran affichait un message anonyme. Mon cœur rata un battement.

Un Nouveau DépartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant