Chapitre 36

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Le paddock portugais s'éveillait doucement sous le soleil déjà brûlant de l'Algarve. C'était jeudi, le jour des interviews, des réunions, et des derniers préparatifs avant le vrai travail. Si cette journée était généralement plus détendue pour les pilotes, l'équipe technique, quant à elle, était déjà sur le pied de guerre. Après les récents problèmes de sécurité, la tension restait palpable chez Red Bull.

Je passai près des motorhomes, observant le ballet incessant des techniciens qui s'affairaient autour des voitures et du matériel. Alors que je passais près du motorhome McLaren, je tombai sur Lando et Daniel en pleine interview. En me voyant, Lando fit un grand signe de la main avant de faire un clin d'œil à la caméra et Daniel me fit de grand signe coupant le journaliste.

— « Hé, les gars ! C'est elle, la fameuse ingénieure qui sait tout sur nos moteurs ! » lança-t-il en direction de l'équipe qui filmait.

Lando leva un sourcil, amusé. « Attention, Dani. Si elle sait tout sur les moteurs, elle peut aussi saboter les nôtres. »

Je souris et haussai les épaules. « Pas besoin, tu fais déjà assez de dégâts tout seul, Lando. »

Les deux éclatèrent de rire, et je profitai de cette brève interaction pour me détendre un peu plus. Le paddock, c'était aussi ça : un mélange d'humour et de pression constante, où chacun tentait de décompresser avant la tempête du week-end. L'odeur du café flottait dans l'air, mélangée aux effluves métalliques caractéristiques des garages. Chaque équipe semblait concentrée, mais chez Red Bull, l'atmosphère était un peu plus tendue que d'habitude. Après les récents incidents de sécurité et les ajustements informatiques, tout le monde voulait s'assurer que les voitures seraient prêtes pour les essais du lendemain.

Je saluai rapidement quelques ingénieurs avant de retrouver Nathan près de la zone technique, penché sur son ordinateur. Son expression était celle d'un homme concentré, mais une légère nervosité transparaissait dans ses gestes. Il n'avait pas encore remarqué ma présence.

— « Alors, tout est en place pour demain ? » demandai-je en posant mon sac à ses côtés.

Nathan sursauta légèrement avant de me sourire, bien que ses yeux trahissaient une certaine anxiété.

— « Oui, enfin... techniquement tout semble en place, mais j'ai toujours un doute. Tu es sûre qu'Alexandre a tout verrouillé ? »

Je hochai la tête. Alexandre avait fait tout ce qu'il pouvait pour sécuriser les systèmes après la découverte du virus qui avait infiltré nos données télémétriques. Malgré ses assurances, un petit doute subsistait, une peur que quelque chose d'invisible continue de rôder dans les systèmes.

— « Il a vérifié chaque système, chaque accès. Mais c'est vrai qu'on n'est jamais totalement à l'abri. On doit rester vigilants. »

Nathan soupira profondément avant de sourire, comme s'il tentait de chasser ses préoccupations.

— « Tu sais quoi ? On devrait se détendre un peu. De toute façon, tu sais ce qui est encore plus dangereux que les virus informatiques ? »

Je haussai un sourcil, amusée par son changement de ton. Nathan avait le don de faire basculer les conversations sérieuses vers l'humour, un talent qui m'aidait souvent à ne pas sombrer dans l'inquiétude.

— « Je suis curieuse d'entendre ça. »

— « Les questions des journalistes ! Sérieux, tu n'as pas idée des absurdités qu'ils sortent parfois. »

Je ne pus m'empêcher de rire. Il avait raison. Les journalistes avaient un talent particulier pour poser les questions les plus farfelues. Juste à cet instant, comme si l'univers avait entendu notre conversation, un visage familier fit irruption dans notre petit coin de tranquillité. Pierre Van Hooijdonk, le célèbre journaliste néerlandais, réputé pour ses interviews totalement décalées, s'approchait de nous avec son sourire espiègle.

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