Un Nouveau Départ

Chapitre 35

Le retour à l'usine après le week-end à Milan avec Pierre fut brutal. À peine franchi le seuil, je sentis une lourdeur peser sur l'ambiance. L'agitation familière des lieux semblait décuplée, mais teintée d'une tension palpable. Chaque membre de l'équipe semblait concentré, les visages fermés, l'esprit accaparé par une seule question : les anomalies télémétriques. Peu de personnes savaient que ces problèmes étaient bien plus graves qu'ils n'en avaient l'air. Seule une poignée d'entre nous, les initiés, connaissaient la véritable menace.

À peine arrivée, Christian Horner me rejoignit. Il était calme en apparence, mais son sourire crispé laissait deviner une nervosité qu'il peinait à dissimuler. Il s'arrêta à ma hauteur, et je lisais dans son regard la gravité de la situation.

— « Max et Checo sont déjà au courant. On a une réunion avec Steve, le chef de la sécurité informatique, dans dix minutes. Helmut veut être informé de tous les développements. »

Mon cœur fit un bond. Helmut Marko, le conseiller influent de Red Bull Racing, n'était pas du genre à s'impliquer directement, sauf lorsque les problèmes devenaient critiques. Sa réputation d'homme dur et intraitable n'était pas usurpée, et l'idée qu'il s'attende à des réponses concrètes ajoutait une pression supplémentaire.

— « Très bien, je suis prête. »

Nous nous dirigeâmes vers la salle de réunion où Max, Checo et plusieurs autres membres de l'équipe étaient déjà installés. Max était nerveux, jouant machinalement avec un stylo, ses yeux fixés sur les données affichées à l'écran. Checo, plus détendu en apparence, observait les graphiques, mais je savais qu'il n'était pas moins préoccupé par ce qui se passait.

Steve entra à son tour dans la pièce, accompagné d'Helmut. Ce dernier jeta un coup d'œil circulaire. Sa présence imposante suffisait à rendre l'atmosphère plus pesante encore. D'un signe de tête, Christian m'invita à m'asseoir. L'énergie dans la pièce était palpable, et tout le monde sentait que ce moment était crucial.

Steve ouvrit son ordinateur, son visage sérieux comme toujours. Il n'était pas du genre à paniquer, mais je savais que s'il était là, la situation était critique.

— « Nous avons un gros problème, » commença-t-il, en affichant des données à l'écran. « Le virus que nous avons détecté a modifié non seulement certaines données télémétriques, mais il a aussi ouvert une porte dérobée, ce qui permet à quelqu'un d'accéder à nos systèmes en temps réel. »

Helmut, qui était resté silencieux jusque-là, fronça les sourcils, son visage s'assombrissant davantage. Il avait cette manière de rester impassible, mais on sentait que le moindre faux pas serait impardonnable.

— « Quelqu'un a donc pu espionner tout ce que nous faisons ? Depuis quand ? » demanda-t-il d'une voix froide et incisive, en fixant Steve.

Steve inspira profondément. « Depuis Bahreïn. Nous avons découvert que le virus a été installé à ce moment-là, mais la porte dérobée a permis un accès continu à toutes nos données depuis. »

Max, qui écoutait en silence jusque-là, laissa échapper un juron.

— « Attends, tu es en train de dire qu'ils ont pu manipuler nos données à tout moment ? »

— « Oui, et ils pourraient encore le faire. » répondit Steve.

Helmut se tourna vers Christian, son regard perçant. « Ce genre de choses ne peut pas arriver dans une équipe comme la nôtre. Où est la faille ? Qui est responsable de cette catastrophe ? »

Christian, fidèle à lui-même, garda son calme, bien que je devinais qu'il sentait la pression monter. « Nous ne savons pas encore d'où vient l'intrusion, mais Steve et Éléonore travaillent dessus. Elle a contacté son cousin Alexandre, qui est déjà sur le coup avec la DGSI en France, connu mondialement pour leurs compétences. Il travaille à verrouiller l'accès, mais il reste à identifier l'auteur de l'attaque. »