𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟖

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Vancouver, Canada

Miller

Dans quoi est-ce que je viens de m'embarquer, encore ?

J'aurais pu juste la laisser déclarer forfait. Mais, non, il fallait que j'intervienne à la dernière seconde. Cela aurait été trop simple, pourquoi me contenter d'un simple abandon alors que je peux la faire tomber devant tout le monde ? Ou en tout cas, le lui faire croire. Ce stress qui s'est dessiné sur son visage suite à ma menace n'a pas de prix.

Maintenant me voilà à devoir courir un trois mille mètres avec elle. Heureusement que Louis s'entraîne depuis deux mois avec des footings réguliers. Malgré tout, Aylin à un niveau bien supérieur au mien et je ressens violemment cet écart.

Sa longue queue de cheval brune qui vole de droite à gauche m'hypnotise. Les fragrances de son parfum sucré rendent l'expérience un peu plus agréable. Cependant, j'essaye de me concentrer sur la course. Le terrain me paraît soudain immense par rapport à ma vue des gradins. La fatigue commence à pointer le bout de son nez.

— Dépêche-toi Miller, même un papi court plus vite que toi, lance-t-elle, même pas essoufflée.

Donc moi je me fais chier à l'aider et c'est comme ça qu'elle me remercie ? Sa petite remarque remplie de condescendance ne me plaît pas, en revanche, j'essaye de garder mon calme pour le bien de mon plan.

— Ralenti un peu, on est censés être synchro je te signale, l'avertis-je éreinté par son rythme. Tu risques encore de nous faire tomber à cette vitesse.

Elle fronce les sourcils, soupire et finit enfin par s'adapter à mon allure. Bien, c'est déjà mieux comme ça.

— On ne risque pas de remporter la médaille d'or à ce rythme, crache-t-elle d'un ton supérieur.

Une fois pas deux, je ne suis pas Louis.

— Si je n'étais pas intervenu, tu serais encore en train de pleurer dans les starting-blocks, lancé-je, irrité par ses remarques. Donc tes commentaires, tu te les gardes.

Aylin serre les dents, mais ne réplique pas un mot. Elle sait que j'ai raison. La reconnaissance ce n'est pas son point fort j'ai l'impression. Surtout quand il s'agit de compétition. On dirait que rien d'autre n'existe autour d'elle, que rien d'autre ne compte. Elle est obnubilée par son objectif au point de perdre toute logique. Cela va de soi que je n'aie pas son niveau, elle s'attendait à quoi, au juste ?

Même si au fond, elle n'a pas tort concernant un point. On est avant-dernier sur huit. C'est donc très mal parti si elle vise l'or. Enfin si elle vise une médaille tout court. On vient de terminer le troisième tour, ce qui correspond à mille deux cents mètres et je suis déjà à bout.

J'aurais pu rester sagement assis dans les gradins avec Lucas, Alice et Alec. Mais ce désespoir qui se dégageait d'elle, cette mine abattue, quelque chose s'est brisé en moi. La voir baisser ses défenses a affaibli les miennes. De plus, ne pas aider quelqu'un qui souffre m'est impossible. J'aurais aimé qu'on nous aide Louis et moi.

— D'ailleurs, elle est où ta si précieuse Malia là ? demandé-je d'un ton railleur.

Ses traits se durcissent sur le champ et elle renforce sa prise sur ma main. Aïe, la garce, elle a une sacrée poigne pour réussir à me faire mal.

— T'es un gros connard quand même, souffle-t-elle choquée par mon toupet.

Oh, j'ai touché un point sensible, on dirait. Mais ce serait trop facile de s'arrêter là.

— Ben quoi ? C'est toi qui me chantais les louanges de cette fille il y a une semaine, non ?

La pression qu'elle exerce sur ma main continue d'augmenter, pourtant, je tire une certaine satisfaction à ne pas m'être trompé sur cette fille. Cette Malia veut m'empêcher d'être avec Aylin, je le sens. Sauf que je ne laisserais rien ni personne se mettre en travers de mon chemin.

BLINDLY [Sous contrat d'édition chez &H]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant