La première semaine s’est passée mieux que je ne l’aurais imaginé. Même si je ne me suis pas encore fait de nouveaux amis, les cours sont intéressants et les professeurs plutôt accueillants. J’ai pris mes marques petit à petit, apprenant à naviguer dans cette nouvelle école et à m'adapter à ses routines. Les élèves sont pour la plupart sympathiques, mais beaucoup d'entre eux semblent déjà avoir leurs propres groupes d'amis. Ce n'est pas grave, je me dis que ça viendra avec le temps. Pour l'instant, je préfère observer et comprendre cet univers.
Ce samedi matin, je me réveille avec une odeur de café frais et de croissants flottant dans la maison. Mon grand-père est déjà assis à la table, lisant le journal comme à son habitude. Je m'installe en face de lui, et il relève les yeux, un sourire en coin.
"Winhold," commence-t-il après une gorgée de café, "je pensais à quelque chose. Tu devrais t'intéresser aux arts martiaux. Ça te forgerait un bon esprit, de la discipline, et te permettrait de te défouler un peu."
Je lève un sourcil, intrigué. "Les arts martiaux ? Pourquoi pas… Mais quel type exactement ?"
Il repose son journal, son regard devenant plus sérieux. "Je pense au Shinshinkai," dit-il. "Un art martial qui mélange la force brute, la technique, et la résilience. Je t'ai inscrit à un dojo qui enseigne cette discipline ici, pas loin. Après le petit déjeuner, je t'y emmène pour ta première leçon."
Je hoche la tête. Je n'ai jamais vraiment pensé à pratiquer un art martial, mais après tout, ça pourrait être intéressant. Et puis, ça me donnera une chance de m'occuper et de penser à autre chose qu'à mes parents ou à ce changement de vie.
Le dojo, surnommé "Le Donjon kurogane" par ses membres réguliers, est situé dans une petite rue tranquille de la ville. Malgré son extérieur modeste, l'intérieur respire la tradition et la force. Des tatamis parfaitement alignés couvrent le sol, et des mannequins de bois sont alignés contre les murs. Je peux sentir une énergie étrange et puissante ici, comme si les murs eux-mêmes avaient absorbé des années de sueur, de douleur, et de triomphes.
Mon premier jour au donjon est un mélange d'excitation et de nervosité. L'instructeur, un homme robuste avec un regard perçant, nous met tout de suite au défi. Il nous enseigne les bases du Shinshinkai — les positions de défense, comment absorber les coups, et l'importance de la précision. Chaque mouvement a une signification, une intention. Je suis surpris par la complexité et la stratégie que cela implique.
Je me retrouve face à un partenaire d'entraînement plus grand et plus fort que moi. Après plusieurs coups échangés, je commence à comprendre l'essence de cet art. Il ne s'agit pas seulement de force brute, mais de savoir utiliser l'élan de l'adversaire contre lui. À la fin de la séance, je suis épuisé mais satisfait. Mon corps est douloureux, mais il y a une satisfaction étrange qui m'envahit, celle d'avoir appris quelque chose de nouveau et de précieux
Après la séance, alors que le chauffeur de mon grand-père m'attend pour me ramener à la maison, je décide de marcher seul. "Je préfère rentrer seul aujourd'hui," lui dis-je. "Juste pour me vider l'esprit un peu."
Il hésite, mais finit par acquiescer. J'ai besoin de temps pour réfléchir, pour digérer cette première leçon et pour observer la ville à mon rythme. Je marche pendant un moment, profitant de l'air frais, jusqu'à ce que je prenne un raccourci par une ruelle que je n'avais jamais empruntée.
C'est là que je l'entends. Un cri étouffé, suivi d'une voix menaçante. J'avance prudemment, mon cœur battant plus vite. Je tourne le coin et vois une jeune fille se faire agresser par deux types louches. Ils ont l'air menaçants et violents, et je sens une montée de colère et de peur en moi. Mes poings se serrent. Je pense à ce que j'ai appris aujourd'hui au donjon. Peut-être que c’est le moment de tester ces techniques.
Je m’avance avec prudence, puis je crie pour attirer leur attention. "Hey ! Lâchez-la tout de suite !" Mon cœur bat la chamade, mais je me prépare à me défendre. L’un des agresseurs se tourne vers moi, un sourire méprisant aux lèvres.
Ils s'approchent, menaçants. Je me souviens des positions de défense, des mouvements d’absorption. Le premier se lance sur moi, et je parviens à dévier son coup en utilisant son propre poids contre lui, le faisant trébucher. L’autre sort un couteau. Mon corps réagit instinctivement, une combinaison de ce que j'ai appris et de l'adrénaline qui coule dans mes veines. Je parviens à désarmer le deuxième avec un coup bien placé, mais pas avant qu'il ne sorte un pistolet.
Un coup de feu retentit, et je me fige. Tout semble se passer au ralenti. Le bruit assourdissant, la sensation de mon cœur qui s’arrête. Mais rien ne m'atteint. Je lève les yeux juste à temps pour voir la police arriver, sirènes hurlantes. Les agresseurs sont arrêtés, et je reprends lentement mon souffle, réalisant à quel point j'ai failli y passer.
La police m'escorte à la maison, et je peux voir le regard de mon grand-père depuis le seuil de la porte. Il a l'air soulagé mais furieux en même temps.
"Winhold, tu aurais pu te faire tuer !" dit-il, son visage pâle d'inquiétude. "À partir de maintenant, tu ne rentreras plus jamais seul, c'est clair ?"
Je hoche la tête, réalisant que je l'ai vraiment inquiété cette fois. Après une longue conversation où je lui raconte tout ce qui s’est passé, je monte prendre un bain. L’eau chaude apaise mes muscles endoloris et mon esprit encore agité.
Je descends pour dîner, un silence un peu pesant entre mon grand-père et moi, mais je sens aussi qu'il est fier de moi, malgré son inquiétude. Après avoir mangé, je me couche, exténué. Je repense à cette journée — au donjon, à la ruelle, à la peur, et à ce qui m'attend encore.
Je ferme les yeux, sachant que ce n’est que le début.
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L'empire de l'Aegis
MaceraDans un monde où le pouvoir et l'influence sont détenus par le mystérieux Pentagone, une entreprise colossale régissant cinq dynasties familiales, un jeune homme nommé Winhold est bouleversé par un événement traumatisant. Son ambition de diriger le...