XXX. La Vérité Fragmentée

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L'aube pointait à l'horizon, baignant le ciel d'une lumière orangée qui se mêlait aux restes de la nuit. Onyx se tenait immobile sur la colline surplombant la ville. La brise douce faisait frémir l'herbe autour de lui, mais il restait ancré dans le silence, les yeux rivés sur le paysage en contrebas. Il était revenu ici, là où tout avait commencé. Là où, en d’autres temps, il avait cru fuir, aveuglé par ses propres démons. Maintenant, cette même colline, autrefois un refuge, semblait symboliser un autre type d’évasion. Une réconciliation.

Dans cet instant suspendu, il se laissa envahir par les souvenirs des batailles qu’il avait menées. Il se rappela les visages de ses Vérités, celles qui l’avaient tant effrayé, tant défié, et qu’il avait fini par comprendre, peut-être même aimer.

Il soupira profondément, comme si l’air qui quittait ses poumons emportait avec lui un poids qu’il portait depuis des années. Il savait que la paix, une paix véritable, n’était jamais éternelle, mais aujourd’hui, à cet instant précis, il la ressentait. C’était suffisant.

"Je suis venu te voir", dit une voix derrière lui.

Onyx ne se retourna pas immédiatement. Il connaissait cette voix. Son frère, Ephraïm Bamana, ou peut-être devait-il dire Toutatis maintenant. Le nom de son grand frère résonnait comme un rappel de cette justice implacable qu'il avait toujours cherchée à imposer, à lui-même comme aux autres.

"Je savais que tu viendrais", répondit Onyx, enfin prêt à affronter cette ultime vérité. "Je t'attendais."

Ephraïm s'approcha lentement, et lorsqu'il se plaça à côté de lui, il posa une main fraternelle sur son épaule. Leurs regards se croisèrent un bref instant avant qu’ils ne se perdent à nouveau dans la contemplation du paysage.

"Tu l’as fait," murmura Ephraïm, sans sourire, mais avec une chaleur sincère dans les yeux. "Tu as affronté ce qui te hantait."

Onyx hocha la tête, mais ne répondit pas immédiatement. Il savait qu’Ephraïm voyait plus loin que les apparences. Il avait vu sa lutte, il avait ressenti ses douleurs, et aujourd’hui, il comprenait mieux que personne le chemin qu’il avait parcouru. Pourtant, la Vérité de la Justice planait encore entre eux, comme une épée jamais totalement rangée.

"Mais à quel prix ?" demanda finalement Onyx, brisant le silence. "J'ai dû tout déconstruire, Ephraïm. Moi-même, mes relations, ma vision du monde… tout. Je ne suis même pas sûr d'être encore entier."

"Tu n’as jamais été aussi complet qu'aujourd'hui," rétorqua doucement Ephraïm. "Ces fragments que tu perçois ne sont que des morceaux de toi que tu as rejetés pendant trop longtemps. Accepte-les, Onyx. Ils font partie de toi."

Un silence accueillit ses paroles, lourd de sens, mais empreint d’une sérénité nouvelle. Onyx savait qu’Ephraïm avait raison. Les vérités qu’il avait combattues étaient autant de miroirs déformés de son propre esprit, des parties de lui qu’il refusait de voir.

Pris dans ses pensées, Onyx n’entendit pas les autres approcher. Il sentit simplement leur présence, un à un, alors que ses proches le rejoignaient. Prisca, Rhode, Keren, Chris, Zelda, et même Luciano et Hans, chacun portant dans ses yeux une lueur différente. Chacun, d’une manière ou d’une autre, avait été un témoin silencieux de sa bataille intérieure. Mais plus important encore, ils étaient tous les pièces du puzzle de sa vérité.

Prisca fut la première à briser l’intimité du moment. Ses pas étaient légers, mais résolus. Ses yeux cherchaient ceux d’Onyx, un mélange d’émotion et de calme trônant sur son visage. Elle avait changé, elle aussi. Le temps les avait tous marqués, mais l'amour qui un jour les avait liés semblait enfin avoir trouvé son apaisement.

La Vérité FragmentéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant