VIII

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❝𝑫𝒂𝒏𝒔 𝒍𝒂 𝒑𝒆𝒖𝒓 𝒔𝒆 𝒄𝒂𝒄𝒉𝒆 𝒕𝒐𝒖𝒋𝒐𝒖𝒓𝒔 𝒍𝒆 𝒗𝒊𝒄𝒆 𝒅𝒆 𝒍𝒂 𝒄𝒖𝒍𝒑𝒂𝒃𝒊𝒍𝒊𝒕𝒆́.❞


𝐒𝐨𝐩𝐡𝐢𝐞

Ma bouteille d'eau en main, j'essaie comme je peux de mettre de côté la douleur lancinante qui empoisonne ma cheville, irradiant dans tout le bas de ma jambe. L'eau glisse dans ma gorge et me rafraîchit sous la chaleur de Mérida. Même dans ma robe fluide et légère, la température m'étreint de toute sa lourdeur, et le bandage qui comprime mon pied n'arrange rien : j'ai chaud, ça me gratte, et j'ai mal à cause du venin qui continue de se répandre en moi comme un poison brûlant.

Au moins, je ne vais pas mourir, il faut voir le bon côté des choses.

L'antidote a tout de même un peu calmé la douleur, même si je suis toujours souffrante, c'est bien mieux que tout à l'heure, et je n'ai plus aucune nausée ni vertiges.

Dans la petite camionnette volée, je repose ma tête quelques instants contre la vitre en regardant la ville défiler comme une bobine de film pendant que Ray redémarre. Je crois qu'on ne sait même pas vraiment où on va. On a juste besoin de rouler un peu et de se vider la tête après que j'ai failli laisser ma vie. Je ne suis pas inquiète pour l'avenir, bizarrement. Même après ce que je viens de traverser, je n'ai jamais été plus rassérénée que maintenant.

En fait, je me sens... libre. Presque invincible, capable de relever n'importe quel défi, de défier n'importe quel dragon. Je ne sais que trop bien que la police ne tardera pas à être à nos trousses, mais je ne ressens étrangement aucune anxiété par rapport à ça.

Pourtant, la culpabilité s'accroche à moi et à mon estomac comme une sangsue. Elle me vide de tout mon sang, de toute mon eau de vie, jamais rassasiée. Je me sens comme le pire des monstres.

J'ai tué mon fiancé. Je l'ai laissé mourir et être enfoui dans les profondeurs de l'océan. Et voilà que maintenant, je me la coule douce avec ma meilleure amie au Mexique.

Je ne crois pas au hasard. Je ne crois qu'aux signes divins. Et pour moi, ma morsure n'en est que la preuve matérielle : ce n'est rien d'autre qu'un signe de Dieu pour me punir de ce que je suis en train de faire. Je me laisse tenter un peu plus de seconde en seconde par l'adrénaline de la liberté de la même manière qu'Eve s'est laissé tenté par le goût juteux et croquant de la pomme offerte par le serpent.

Je ne sais que trop bien que ça va mal terminer. Sa morsure était un avertissement. Mais c'est plus fort que moi, la sensation est trop divine pour que je recule. Je n'arrive plus à m'arrêter de la délectation que me procure cette nouvelle vie.

Nos mains sanglantes (gxg)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant