Chapitre 7 - I : Viens

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Le soleil, revenant inlassablement, annonçait déjà une journée écrasante.

Dans les hauteurs des arbres, les Sylveilles quittaient leurs nids pour une nouvelle parade, lâchant des graines fines qui virevoltaient comme des poussières d'or.

Avant le départ, Sakomo contait à Baltane une autre petite légende locale de Letz, son continent d'origine. Apparemment, ces oiseaux avaient donné leur nom à la monnaie des deux continents à une époque où ils étaient en voie de disparition. Les graines qu'ils semaient était alors devenues une denrée extrêmement rare et faisaient office de monnaie d'échange de grande valeur. Par la suite, la réhabilitation des Sylveilles avaient été une tâche ardue, preuve étant que les Terres de Mytir étaient aujourd'hui leur seul refuge, et il était possible de les apercevoir seulement dans ses régions les plus humides.

Baltane écoutait attentivement, bien qu'il n'osât pas interrompre son conteur préféré pour lui avouer que la notion même de monnaie lui était inconnue. À Halmo, seul le troc était en vigueur. Pour se procurer un bien, il s'agissait de rendre un autre service, et en général, tout le monde y trouvait son compte.

De son côté, Martha montrait à Gravier où se situait Bruyères sur une carte impressionnante qui dépassait presque la cartographe une fois dépliée. Cela faisait maintenant quatre ans que la vieille femme s'était lancée dans un tour du monde ambitieux, afin de créer la carte la plus complète jamais faite jusqu'alors. Reliefs, capitales, cours d'eau, langues parlées, cavités souterraines, tout était minutieusement indiqué, jusqu'aux plus petits villages comme celui de Martha, qu'elle venait de dessiner habilement au milieu de la Côte Fresnoise.

— Vous êtes donc originaires de cette région, Sakomo et toi ? demanda Martha, regardant la carte avec curiosité.

— Oui, nous venons de la Cité-Conclave, au nord de Letz.

— Pourquoi n'avez-vous pas noté plus de détails sur cette carte, à part mon village ?

— Eh bien... Car je ne connais rien de cette région, lui répondit Gravier simplement.

Martha sembla visiblement perturbée par cette réponse.

— Être au service de la déesse Letz n'est pas très permissif vois-tu, précisa la navigatrice. De mes vingt-cinq premières années, je n'ai connu que la Cité-Conclave d'Al Taïr. Il en est de même pour Sakomo, nous avons quitté la capitale la même année.

— Mais quand vous êtes partis, vous n'avez pas commencé par explorer les alentours? demanda innocemment Martha.

— Les circonstances étaient... particulières. Disons que nous avons fait un peu comme toi, nous sommes partis sans l'accord de personne.

Gravier lui tendit la carte en montrant son dernier ajout.

— Regarde, j'ai même pris soin de faire un petit portrait de toi à côté! s'amusa-t-elle.

Martha sourit mais grimaça aussitôt. Sa jambe la lançait à nouveau. Gravier compris tout de suite, et la prit calmement dans ses bras. Elle était douce et moelleuse. De tous les membres de la bande, c'était probablement elle qui se rapprochait le plus de ce que pouvait être une mère. C'était d'ailleurs la plus âgée. Elle avait un teint métissé, plus clair que Sakomo, mais vallonné par les rides du temps.

— Je vais aller chercher la lotion et te mettre un nouveau bandage d'accord?

Martha acquiesça en tentant tant bien que mal de supporter la douleur. Elle redoutait terriblement le moment où le bandage allait être retiré. La première fois, elle était inconsciente, mais là... Elle avait entendu des choses horribles sur l'état de sa jambe et rien qu'imaginer que sa peau fondue avait collé au... Bref. Elle ne voulait plus y penser.

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