All Monsters Are Human (EN COURS D'ÉDITION)

chapitre 35 - FINAL - partie 3

"Si deux personnes s'aiment, il ne peut y avoir de fin heureuse."

Ernest Hemingway

*

Ashton

Comment ai-je pu me retrouver dans un piteux état ?

Je m'étais réveillé dès l'aube. Le lendemain de l'anniversaire de Luke. Chez moi, dans ma chambre, dans mon lit. Sans aucun souvenir.

Lorsque maman m'avait annoncé la nouvelle, j'avais cru pendant un instant que j'étais devenu hystérique. Mais je n'étais pas hystérique. J'étais simplement sentimentalement brisé. Brisé de l'intérieur. Un gouffre s'était créé lorsque j'avais su que mon petit-ami était décédé. Le jour de son anniversaire. Assassiné. D'une balle dans le cœur.

Mon petit-ami avait été assassiné. Et je n'avais aucun souvenir. Je ne savais même pas si j'étais présent lors des faits. Je ne savais plus rien. Tout était confus dans ma tête.

Mon petit-ami avait été assassiné.

Je n'allais plus le revoir.

Ma mère était là, avec moi, me disant sans cesse « tout ira bien, je te le promets», me prenant dans ses bras, alors que j'éclatais en sanglots, m'essuyant les larmes avec le tissu de son pyjama. Je savais bien qu'elle mentait.

C'était ça. J'étais sentimentalement brisé. Détruit, figé, cette fois-ci sans perspective d'avenir.

Je ne voulais même pas m'imaginer un futur sans lui. Je ne voulais même pas m'imaginer tout court sans lui. C'était juste impossible. Comment était-ce possible ?

*

Une semaine passait après l'enterrement de Luke. Je ne mangeais plus. Je ne dormais plus sans faire un cauchemar. J'étais insomniaque.

Je ne l'avais pas vu au funérarium. J'avais pris ma propre décision.Je ne voulais pas voir son corps cadavérique près de moi. Je ne pouvais pas. Et de toute façon, personne ne pouvait d'après les médecins légistes. Ma mère pensait que j'avais fais le mauvais choix, et que j'allais le regretter toute ma vie. Elle disait que lorsque papa était décédé,elle était venue une dernière fois l'embrasser sur son front avant qu'ils ne referment le cercueil et qu'il ne séjourne dans sa tombe. J'étais petit pour comprendre, ça. Je n'avais pas été voir papa. Et au fond de moi, je regrettais quand même.

*

Je ne voyais même plus Calum et Michael. Ils s'étaient eux aussi renfermés sur eux-mêmes après l'incident. C'était une situation terriblement tragique. Eux aussi étaient profondément marqués. Ils avaient su que Luke était télékinétique et pas de la meilleure manière, j'en étais conscient. Mais j'avais promis à Luke de ne jamais en parler afin de les protéger.

Je me forçais à prendre des médicaments pour calmer la douleur et me faire dormir, mais aucune substance chimique ne pouvait calmer ma peine. Rien ne pouvait calmer ma peine. J'en étais conscient, mais j'essayais tout de même de me frayer un chemin, même si c'était la chose la plus difficile.

J'allais dans ma salle de bain. Mon visage était pâle, sinistre. Ma peau devenait blafarde, blanche et je la touchais au bout de mes doigts. Elle avait la froideur du marbre. J'avais remarqué que ma grève de la faim m'avait fait maigrir. Mes joues étaient creuses. Des cernes contournaient mes yeux. Tous mes muscles au niveau des bras avaient presque disparus et mes os de clavicules ressortaient. J'étais presque cadavérique à mon tour. Ma mère s'inquiétait pour moi. Elle savait que c'était douloureux. Lorsque papa est mort, elle était elle aussi dans le même état que moi. Donc je savais qu'elle pouvait comprendre.