Chapitre 1 - introduction

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J'ai froid. J'ai mal aux jambes. Je n'arrête pas de courir depuis un moment déjà. J'entends des cris au loin. Je n'ose pas regarder derrière moi. Je n'ose pas... voir ce qui me poursuit. Je fuis cette chose depuis tout à l'heure. J'ai froid, et j'ai mal aux côtes. Je ne pense pas que je vais pouvoir continuer encore longtemps. Cette nuit-là, je ne survivrai pas non plus.

Je cours le plus vite que je peux. Je ne veux pas finir comme les autres qui ont ralenti un peu, et qui se sont fait attraper. Je regarde autour de moi pour trouver un endroit où me cacher, mais je ne vois que des arbres fins et droits, montant haut dans le ciel. En plus, ce fichu brouillard épais m'empêche de voir correctement à plus de 10 mètres. Je ne sais pas où je vais en courant aussi vite que je peux, mais je sais que je vais rester en ligne droite. Si je change trop de trajectoire, ça pourrait donner à la chose la possibilité de m'avoir. Je dévale une pente assez raide. Je me laisse glisser pour respirer un peu. Sauf qu'évidemment, à l'arrivée, je trébuche. Je m'étale par terre et je roule sur le côté. J'ai soudainement mal à la jambe. J'ai dû la tordre en atterrissant. J'essayais de repartir, mais il était déjà trop tard. Une seconde d'hésitation, et cette chose nous attrapait. Je n'ai pas pu la voir, mais j'ai senti quelque chose de froid dans mon ventre, puis j'ai été soulevé à quelques mètres au-dessus du sol. Le sang commença à couler de cette plaie que le monstre venait de me faire. Alors que je sentis ses autres griffes s'enfoncer dans mon corps...

Je me réveillai en sueur. J'étais dans mon lit, avec les rayons de la lune éclairant légèrement le bord du matelas. Ma respiration était saccadée, et je me tordais de douleur. Comme à chaque fois, je ne gardais aucune blessure. Mais la douleur, cette foutue douleur insupportable, elle, elle était bien présente. Et comme à chaque fois, j'hurlai, j'hurlai comme une bête à l'agonie. Je ne sais plus combien de fois j'ai fait ces cauchemars, où je me fais poursuivre par ces monstres, que je finis tué, et que je me réveille, sans aucune blessure, mais que je souffre comme si j'avais réellement eu ces blessures.

On est samedi. Vers 5h du matin, je me suis donc réveillé, encore une fois, en hurlant. Mon père apparut dans la minute. À force, faut dire qu'il y est habitué. Ça doit faire 2 ans que j'ai ces cauchemars. Ses cernes sont encore là, montrant qu'il s'était encore levé tôt pour être là quand moi je me réveillais. Il m'aida à me lever. Je boitais, et je risquais de tomber au sol à chaque pas. On se dirigea vers la salle de bain, et il me plongea dans la baignoire, celle qu'il remplit d'eau froide chaque matin, en se levant. Après avoir remarqué que ces cauchemars n'allaient pas s'arrêter, j'ai cherché sur internet tout ce qui pouvait expliquer ces cauchemars, ou alors ce qui pourrait aider à calmer ces douleurs. Je n'ai pas trouvé grand-chose, mais j'ai vu qu'une douche froide permettait de réveiller les sens. Vu que ces douleurs proviennent de mes cauchemars, je me suis dit que je les gardais encore au réveil parce que je n'étais pas encore totalement réveillé. Le bain glacé dès le réveil ne m'a pas permis d'arrêter les douleurs, mais elles sont en tout cas atténuées. Avant, je les ressentais jusqu'à midi généralement, et maintenant ça ne dure que jusqu'à 8 heures, voire 9 quelquefois. Alors que j'étais allongé au fond de la baignoire glacée, mon père me regarda comme chaque matin, avec ce même regard fatigué. J'ai l'impression qu'il y a de l'inquiétude, peut-être de la peur, et de l'appréhension pour demain, où je ferai encore un cauchemar.

Il soupira, et se leva lentement. Il sortit de la salle de bain, et revint quelques instants plus tard, avec un carnet de notes et un stylo. Il l'ouvrit, feuilleta quelques pages, et s'arrêta sur ce qu'il avait écrit hier matin. Il se prépara à écrire.

«-Cette fois, qu'est-ce que tu as vu ?», demanda-t-il.

Depuis l'année dernière, je vois une psychologue. Elle m'a demandé de tenir un «carnet de rêves», que je dois remplir au réveil pour retranscrire au mieux ce que j'ai fait comme cauchemars. Ça lui permet de faire un suivi de l'évolution de ces rêves et d'essayer de comprendre ce qui les cause. Je fermai les yeux, respirant lentement.

In a nightmareOù les histoires vivent. Découvrez maintenant