Chapitre 6

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La nuit était tombée. Je regardai l'heure sur mon téléphone : 19h01. On roulait depuis déjà plus d'une heure, et les deux hommes n'avaient pratiquement rien dit. L'homme aux lunettes se reposait sur le siège passager, tandis que l'autre bougonnait en marmonnant des propos incompréhensibles, même si j'étais à moins d'un mètre derrière lui, sur la banquette arrière.

La valise et le sac étaient dans le coffre. Je n'ai pas regardé le contenu, mais d'après ce que mon père m'a dit, il y a de quoi tenir une semaine complète en vêtements, ainsi que des livres qui étaient sur ma liste de lecture, deux carnets de notes vierges - pour continuer à écrire sur mes rêves - et quelques autres trucs sans grande importance. Je m'ennuyais et observais les deux hommes. Je décidai d'essayer de faire comme le lunetteux et de me reposer... en évitant de m'endormir. Je sortis des écouteurs que j'avais pris du sac avant de le mettre dans le coffre, et je les branchai à mon téléphone. Je mis de la musique douce, juste assez forte pour ne pas m'endormir. Je fermai les yeux et commençai à me perdre dans mes pensées.

«- Quand est-ce la dernière fois que j'ai rêvé... ?» pensais-je, avant de me laisser emporter par les notes de musique dans mes oreilles.

*

Sans m'en rendre compte, le trajet passa à toute vitesse, et on me secoua l'épaule pour que j'ouvre les yeux. On était arrivé. Je regardai mon téléphone en sortant de la voiture : 20h26. Je regardai autour de moi, sans comprendre tout de suite où nous étions à cause de la nuit.

Il y avait deux grandes allées, une sur la droite et une devant, éclairées par quelques lampadaires solitaires le long du chemin. De larges bâtiments, ressemblant à des entrepôts, se dressaient autour de nous, tandis que le bruit calme de la mer constituait le fond sonore. Sur le coup, l'idée que ce n'était pas vraiment une organisation gouvernementale, mais quelque chose d'un peu plus illégal, me traversa l'esprit.

«- On n'était pas censé aller au campus dont vous avez parlé ?» demandai-je, commençant à sérieusement douter de la véracité de ce qu'ils avaient dit depuis le début.

L'homme aux lunettes me fit signe de me calmer. «Je t'ai dit qu'on te ferait rencontrer quelqu'un qui te parlera plus du fonctionnement du campus avant d'y aller, tu te rappelles ? On a loué cet entrepôt pour ces rendez-vous, car nous devons récupérer plusieurs ados dans le coin avant de se rendre au campus.»

Plus je regardais l'entrepôt, plus j'avais l'impression qu'on m'y emmenait pour me prendre les organes et les revendre au marché noir, une histoire dans ce genre. Avec une assurance quelque peu inexistante, je suivis les deux hommes se dirigeant vers la droite. Ils allèrent vers l'un des entrepôts les plus éloignés et ouvrirent une porte sur le côté. Sur le chemin, je remarquai qu'il y avait d'autres voitures, de tous types, garées le long de l'allée. En tout, il devait y en avoir une quinzaine. J'entrai dans l'entrepôt, suivant les deux hommes. On pénétra dans un vaste espace aux murs d'une propreté relative et plus ou moins bien éclairé. J'entendis, au loin, des discussions visiblement animées, puis je remarquai un petit rassemblement de personnes ; d'autres hommes, certains avec la même tenue que ceux devant moi, et d'autres en tenues militaires. Un léger silence s'installa lorsqu'ils remarquèrent notre présence, probablement à cause de la résonance de nos pas dans cet entrepôt, avant que leurs conversations ne reprennent.

Les deux gars qui m'avaient amené jusqu'ici se dirigèrent vers une porte plus loin sur le mur en face de nous, m'indiquant de les suivre. Ce que je fis sans poser de questions, même si franchement, ce n'est pas ce qui me manquait à ce moment-là. Alors que je les suivais toujours, incertain, je sentis un drôle de frisson. Il ne fut que passager, et je pensai que c'était seulement l'inquiétude qui me l'avait causé. En traversant différents couloirs, nous arrivâmes à un croisement. Ils allèrent tous les deux à droite, jetant un regard en arrière pour vérifier que je les suivais toujours. Tandis que je tournais, je ressentis un nouveau frisson. Cette fois, il y avait quelque chose en plus. Je me sentis obligé de me retourner, et je le fis. De l'autre côté, il y avait un couloir s'étendant sur quelques mètres, puis une double porte battante. Des vitres sur le haut des portes laissaient entrevoir quelque chose se cacher juste avant que je puisse le voir. Je regardai quelques secondes ces portes, puis je me retournai et rattrapai les deux hommes. Une fois à leur niveau, je ressentis de nouveau ce frisson, mais je décidais de ne pas y faire attention.

In a nightmareOù les histoires vivent. Découvrez maintenant