Je regardais cet homme en costume-cravate, d'un physique assez discret, remettre ses lunettes sur son nez. C'était donc lui, l'homme qui venait me voir au nom de cette organisation ? Je lui dis bonjour, mais en bégayant, appréhendant ce qui allait arriver. Il ouvrit une grosse sacoche qui pendait à sa taille et en sortit un dossier. Il le posa sur le bureau et l'ouvrit. La première page était vide, avec seulement un titre écrit en gros. Je n'arrivais pas à lire car la feuille était tournée, mais je déchiffrais les mots «projet gouvernemental».
«- Puis-je ?» demanda-t-il en montrant du doigt le fauteuil de Mme Eirene, qui acquiesça. Elle était restée debout derrière moi, à côté d'un autre homme en costume. L'homme au bureau s'assit et toussa un coup. Il me regarda et commença un petit monologue, comme s'il l'avait répété au préalable.
«- Nous sommes une organisation soutenue par un projet gouvernemental. Nous avons pour tâche d'apporter notre aide aux jeunes subissant des événements... 'particuliers', remarqués depuis quelques années, se manifestant par des rêves lucides, ou plutôt devrais-je dire cauchemars.» Il marqua une pause, réfléchissant un peu à ce qu'il allait dire ensuite.
«- Cette organisation n'a pas de véritable nom officiel... tu peux simplement dire 'l'Organisation', ou bien comme tu le veux. Notre équipe de com n'a pas su trouver un nom assez bon, il faut dire...», dit-il en rigolant un peu. «Le but de cette organisation est d'aider les personnes comme toi souffrant de ces cauchemars, tout en étudiant leur origine. Tu profiteras d'une aide psychologique régulière, et tous tes besoins seront pris en charge.»
Je tiquai sur ce qu'il venait de dire.
«- Qu'est-ce que ça veut dire ? Comment ça, vous allez prendre en "charge tous mes besoins" ?»
Il me fixa dans les yeux.
«- Dans l'idée, l'organisation crée un environnement adapté pour accueillir et soutenir toutes les personnes victimes de ces rêves. Car, autant cela peut paraître comme une fantaisie, les personnes vivant cela sont bien plus nombreuses qu'on ne voudrait le croire. Le siège de l'organisation est éloigné des milieux urbains, mais c'est un campus vaste pouvant accueillir beaucoup de monde.»
Il était impassible. Il gardait un ton monotone tout du long. J'écoutais tout ce qu'il me racontait, mais j'avais une question qui me taraudait. Je lui fis signe que j'avais une question et la posai après qu'il se soit arrêté.
«- Désolé d'interrompre, mais... pourquoi ne pas m'expliquer tout ça dans la lettre que j'ai reçue ?» dis-je. Parce que franchement, on ne pouvait pas faire plus vague.
Il soupira. «J'y suis pour rien personnellement. C'est l'équipe de com qui a écrit cette lettre, j'imagine... On a pas mal de moyens pour financer tout ça, mais niveau personnel, c'est assez la ramasse sur certains points...»
Il se redressa sur la chaise et replaça encore ses lunettes. Il baissa les yeux sur les documents posés devant lui.
«- Je ne suis pas habilité à te décrire en détail comment fonctionnent nos services, mais je peux te dire que sur le campus, toutes les personnes souffrant de ces rêves bénéficient d'un traitement et ont accès à une technologie - que je pourrais dire 'unique', il faut dire - leur permettant de surmonter ces cauchemars. C'est cependant un traitement sur le long terme, avec une durée indéterminée.»
Il me fixa de nouveau.
«- Je veux savoir maintenant si tu es intéressé par les services qu'on te propose. Oh, et pour préciser, aucun frais ne sera demandé à ton père. Nous demanderons seulement un retour régulier sur ce que t'apporte le traitement et si nos moyens mis à ta disposition t'aident dans tes cauchemars.»
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In a nightmare
MaceraLes cauchemars nous hantent la nuit. Dans nos pires cauchemars, on est poursuivit par des monstres, on se trouve dans des endroits terrifiants, on fuit des choses abominables. Imaginez si, un jour, ces cauchemars deviennent si intenses... qu'ils en...