C'est une sensation assez particulière. Je me sentais flotter, doucement caressé par une brise. Autour, je ne voyais rien, à part un noir mat. Je me rendis compte qu'en fait, je ne pouvais même pas apercevoir mon corps, même si je mettais mes mains devant mes yeux. J'essayai de respirer mais je n'y arrivais pas. Je réalisai à ce moment-là que je coulais.
J'entendis un bruit provenant d'en dessous. J'eus le réflexe d'essayer de voir ce que c'était, mais évidemment, ça ne servit à rien. Je n'arrivais pas à comprendre ce qu'était ce bruit, mais dès que ce fut assez proche, je compris que c'était quelque chose qui me fonçait dessus.
Le bruit des mouvements d'eau que produisait cette chose, quoi que cela puisse être, se rapprocha à une vitesse folle de moi. Elle m'attrapa directement la jambe, et me serra avec une force considérable, m'emportant vers d'où elle semblait venir. À cause des mouvements de l'eau, je n'arrivais pas à comprendre ce qui m'avait attrapé, et en me faisant entraîner à cette vitesse, je ne contrôlais même pas mon corps, secoué dans tous les sens par l'eau. Je ne savais même pas dans quel sens on allait, si la chose me tirait vers la surface ou si je me dirigeais vers les profondeurs de ces eaux dépourvues de lumière.
À un moment, je sentis qu'elle s'arrêtait, tandis que moi, je poursuivais ma route. Elle me lâcha, et je partis loin devant. Je sentis moins de résistance dans l'eau que je traversais, jusqu'à ce que je comprenne que je l'avais quittée. Je m'envolai sur quelques mètres avant de m'étaler sur le sol. Je me relevai péniblement en me tenant la jambe. Dans cette pièce, il y avait une légère lumière, provenant de barres lumineuses suspendues au plafond. Je pus regarder les dégâts... mais je ne compris pas ce que je voyais. Mes jambes allaient très bien, tandis que mes vêtements n'étaient pas mouillés. Je n'avais même pas mal où que ce soit.
Je regardai là où j'avais atterri. Les murs étaient d'un bleu grisâtre et semblaient faits en plâtre. Il y avait une porte sur le côté, qui semblait assez épaisse et lourde. Le sol était fait de carrelage, assez sale et fissuré à certains endroits. Je regardai d'où il me semblait que je provenais, et je ne vis que les mêmes carreaux que dans toute la pièce, avec quelques taches d'eau par-ci par-là. Je provenais donc bien d'un endroit avec de l'eau, mais il n'y avait clairement aucun passage, et je n'étais même pas trempé... La pièce où je me trouvais avait une atmosphère assez pesante, mais ce qui attira mon attention fut la table noire posée en son centre, surtout les mallettes posées dessus.
Je m'approchai lentement de la table, appréhendant je ne sais quel mauvais scénario, dans lequel ceci n'était qu'un mauvais tour et que je tombais dans un piège - mes expériences passées dans ces cauchemars m'ont laissé quelques souvenirs des sales coups que j'ai dû subir.
Je touchai la table. Elle semblait faite de bois peint et ciré. Les mallettes étaient au nombre de trois. Deux plutôt carrées, et l'autre plus rectangulaire, assez large. J'ouvris celle qui était la plus proche de moi, l'une de celles qui étaient carrées. Ce que je vis me surprit. Le tissu était souple mais renforcé, reliant des coques en partie métallique et en ce qui semblait être du plastique rigide. Ça avait tout l'air de protections, comme celles qu'on met pour faire du roller, ou ce genre de chose. J'en sortis ce qui me parut être des genouillères. J'essayai de les mettre, et vis qu'elles étaient parfaitement faites pour aller sur moi.
J'avais de quoi me protéger. Rien qu'à cette pensée, j'étais assez réconforté. J'avais peut-être eu du matériel pour me battre dans d'autres rêves, mais jamais de trucs de protection. J'avais maintenant deux genouillères, deux coudières, ainsi que des protections à mettre sur les bras, et une sorte de côte de maille étrange recouvrant le ventre et le dos, couplée à un renforcement au niveau de la poitrine.
Je pris ensuite l'autre mallette carrée, mais la grande me faisait de l'œil. Je poussai un peu celle que j'avais en main, et pris celle qui me donnait plus envie. Je l'ouvris, et ce que j'y trouvai me laissa bouche bée.
La surface était droite et lisse. Son poids était assez important, mais la prise en main facile. Elle s'allongeait avec un canon fin, mais en la tenant à deux mains, elle était très facile à manipuler. J'étais stupéfait de trouver ça, car je n'ai jamais, au grand jamais, trouvé dans mes cauchemars des armes à feu. On aurait dit une mitraillette comme on en voit dans les films, avec les militaires. Je trouvai un bouton sur le côté, vers le milieu de l'arme, que je pressai. Le chargeur se décrocha de l'arme, et je pus constater qu'il était rempli de balles. Il y avait en plus dans la mallette trois ou quatre chargeurs, eux aussi remplis. J'étais empli d'une excitation comme jamais - peut-être pas très saine, vu que c'est grâce à des armes à feu - en voyant ce que j'avais entre les mains. Je me sentais rassuré par l'arme, étant donné que ça représentait un moyen franchement efficace pour se défendre. Je sentais la rage qui montait en moi, comme ce que je pouvais ressentir à chaque fois que j'avais une arme en main dans ces cauchemars. Je me tournai vers la dernière mallette, et l'ouvris avec enthousiasme, un peu grâce au bonheur d'avoir un aussi bon matériel dès l'arrivée. D'habitude, je devais chercher un moment avant de trouver quelque chose, et je croisais toujours un monstre ou deux sur le chemin.
L'intérieur de cette mallette fut moins surprenant, mais tout de même un peu. Il y avait un peu de tout et n'importe quoi : lampe torche, fusil à grappin, compresses et pansements, et même quelques bâtons lumineux à craquer. Je n'allais pas cracher sur ce que je trouvais, mais je me rendis compte que je n'avais rien pour ranger tout ce précieux butin. Je regardai autour, et remarquai un sac posé à la gauche de la table, que je n'avais pas vu avant. Il était vide, mais il fut vite rempli de tout ce dont je n'avais pas besoin sur le moment - soit les compresses, les pansements, le grappin et les bâtons lumineux -, et je mis un des chargeurs dans la poche gauche de mon sweat, et fermai les fermetures éclairs. Je me posai la question de pourquoi je l'avais encore, vu que je l'avais laissé sur la chaise de la chambre. J'haussai les épaules - parce qu'en soi, on s'en fou -, et je mis les deux autres chargeurs dans les grosses poches de mon pantalon, et les fermai avec les boutons qui étaient dessus.
Je songeai à l'homme aux lunettes qui avait dit qu'il allait surveiller mon état durant la nuit. Je regardai mon matériel, et me dis que franchement, je ne risquais pas grand-chose sur ce coup-là. Je mis le sac sur mes épaules, et poussai la porte, qui était assez lourde faut dire.
Ce qui aurait été intelligent, je pense, c'est que je me demande pourquoi j'ai reçu à ce moment-là autant de matériel. Parce que si j'avais réfléchi un peu, j'aurais peut-être deviné que ça allait partir totalement en couilles.
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In a nightmare
MaceraLes cauchemars nous hantent la nuit. Dans nos pires cauchemars, on est poursuivit par des monstres, on se trouve dans des endroits terrifiants, on fuit des choses abominables. Imaginez si, un jour, ces cauchemars deviennent si intenses... qu'ils en...