Je descendis l'escalier et allai dans la cuisine. Papa m'avait préparé une assiette avec deux toasts au fromage fondu. Il avait également sorti une tasse et la bouteille de jus de fruit. Je m'assis à la table et commençai à manger. On est samedi, alors je n'ai pas cours aujourd'hui. Et heureusement, car je n'ai aucune envie d'y aller. Je ne connais personne dans ma classe, et je n'aime pas ces cours qui se ressemblent tous. Et ce n'est pas facile de faire semblant d'aller bien au milieu de tout le monde, alors que j'ai encore la douleur de ces blessures. Je mange lentement, en pensant au fait que je verrai Mme Eirene cet après-midi. Je regarde le carnet que j'avais posé sur la table, en me disant au passage que je devrais peut-être en acheter un nouveau. Je l'ouvre et passe les pages, arrivant à la dernière que j'ai utilisée pour dessiner le monstre de cette nuit. Je regarde les pages restantes et je vois qu'il n'en reste que trois. Je soupire. Je regarde l'heure à la pendule, il est six heures moins cinq. Papa est sûrement déjà parti au travail. Je me lève, mets au lave-vaisselle l'assiette et la tasse, et je vais m'asseoir sur le canapé. Je souffle en me posant sur le cuir du sofa, car les douleurs se réveillent légèrement. Je m'allonge et prends un livre que j'avais laissé sur la table basse. C'est un roman d'horreur de Stephen King, "Simetierre". L'histoire est assez étrange, mais captivante. J'ai développé un certain goût pour l'horreur depuis le début de ces cauchemars. Peut-être un moyen pour moi de m'habituer un peu plus à ce que je pouvais voir durant les nuits. J'enlève le marque-page et reprends la lecture.
*
Je descends du bus et j'avance sur la place de la ville. Je regarde sur mon téléphone, 14h35. Je traverse la place et m'engage dans une rue plutôt étroite. Je me dirige vers le cabinet de ma psychologue. Mon poing serre la bretelle de mon sac, alors que je repense encore à cette nuit, sentant encore quelque peu les doigts du monstre tâter mes entrailles. Je traverse plusieurs rues, puis j'arrive devant un bâtiment à la façade blanche. Je monte les trois marches devant la porte d'entrée et j'ouvre. C'est la même petite salle que j'ai vue la première fois que je suis venu ici. La même salle avec ses murs blanchâtres, ses posters prônant la confiance en soi et autres, et ses fauteuils orange étroits mais confortables. La même salle où les tic-tacs de l'horloge sont le seul son que j'entends, la même salle avec toujours cette petite table au centre de la pièce, avec des magazines en tout genre. La même salle où j'ai fait une crise d'angoisse face à l'idée de parler de ce qu'il m'arrive, car j'avais peur qu'on me prenne pour un fou.
Sur la droite, il y a cette porte peinte en bleu. À côté, il y a trois pancartes, avec les noms des médecins qui reçoivent des patients ici : une orthophoniste et deux psychologues. J'attends quelques minutes, et à 14h41 exactement, le même monsieur, au regard vide et à l'apparence usée par le temps, que je vois sortir à la même heure chaque semaine. Le patient qui passe avant moi voir ma psychologue. Et comme à chaque fois, elle est juste derrière lui et vient me voir.
«-Tu peux venir.» dit-elle en souriant légèrement.
Je la suivis. Je traversai un couloir, passant devant le bureau de l'orthophoniste et du deuxième psychologue. Le bureau du Dr. Eirene se trouve au bout du couloir. Les murs sont également blancs, mais la moitié inférieure des murs est peinte en bleu. Je n'ai jamais franchement aimé le choix de la couleur des murs. En suivant Mme Eirene, j'entrai dans son bureau. Ici, par contre, je trouve la décoration plus agréable. Son bureau est d'un noir mat, et il est couvert de pochettes et de trieurs contenant je ne sais quoi. Je sais par contre que les tiroirs de son bureau, ainsi que les deux étagères derrière elle, sont remplis des carnets de notes qu'elle remplissait sur ses patients. Elle gardait tous ces carnets depuis qu'elle exerçait, même pour ses patients qui ont arrêté de la consulter, pour x ou y raison. Elle écrivait seulement sur la couverture "Terminé", avec un gros feutre noir. Le premier carnet qui m'a servi à écrire mes cauchemars provenait de sa réserve. Elle sortit d'un tiroir de droite un petit carnet noir, avec mon nom et mon prénom marqués dessus. Elle l'ouvrit à la dernière page.
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In a nightmare
PertualanganLes cauchemars nous hantent la nuit. Dans nos pires cauchemars, on est poursuivit par des monstres, on se trouve dans des endroits terrifiants, on fuit des choses abominables. Imaginez si, un jour, ces cauchemars deviennent si intenses... qu'ils en...