❀ ℭ𝔥𝔞𝔭𝔦𝔱𝔯𝔢 8

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❀ Rhys Anderson

Je ne pouvais pas penser à autre chose qu'à ses paroles d'hier soir. J'avais un fils. Depuis tout ce temps, j'étais père, et je ne le savais même pas.

– Monsieur Anderson ? Vous êtes d'accord pour les démarches de collaboration avec les investisseurs de Hong Kong ? demanda une voix devant moi.

Je relevai la tête, sortant brutalement de mes pensées. Le conseil d'administration attendait ma réponse, mais tout ce que je pouvais entendre résonner dans ma tête, c'était « j'ai un fils ». Depuis la nuit dernière, cette révélation me hantait. Gabriel. Il s'appelait Gabriel, et il avait sept ans. Sept ans pendant lesquels je n'avais rien su, rien fait. Comment avais-je pu être aussi aveugle ?

– Oui, oui, c'est bon, lançai-je, distrait, en signant le document sans vraiment le lire.

Les membres du conseil semblaient satisfaits et continuèrent la réunion, mais je n'écoutais plus. Mon esprit était encore accaparé par Iliana et ce qu'elle m'avait révélé. J'avais été un con. Un putain de con. Comment avais-je pu laisser passer ça ? Comment avais-je pu abandonner Iliana comme ça, sans chercher à savoir ce qu'il était advenu d'elle ? Et ce message... Est-ce que c'était vrai que je ne l'avais jamais reçu ? Mon père, était-il derrière ça ? Je savais qu'il avait toujours été prêt à tout pour préserver l'image de la famille Anderson, mais de là à me cacher l'existence de mon propre fils ?

La réunion se termina enfin, et je m'éclipsai sans un mot de plus. J'avais besoin de réponses, et je savais exactement où commencer. Ma première étape serait de parler à mon père, même si je redoutais cette confrontation. Mais avant ça, je devais voir Iliana. Elle avait le droit de savoir que j'étais sincèrement dans le noir concernant Gabriel, que jamais je n'aurais choisi de l'abandonner si j'avais su.

Lorsque je me trouvais dans mon bureau, au tout dernier étage du building, dans le gratte-ciel qui surplombait New York, je pris mon téléphone et appelai Anderson senior. Il n'avait jamais été un père pour moi. Juste mon foutu géniteur.

Juste avant de l'appeler, je cherchai la date dans mon ordinateur, ce que je faisais le dix-sept juin, le jour où elle m'avait annoncé qu'elle était enceinte. Le jour de mon oral de bac. J'étais presque sûr que mon père avait un lien avec ça, puisqu'il m'avait ordonné de laisser mon téléphone à la maison pour ne pas que je sois distrait.

Le téléphone bourdonna plusieurs fois avant que la voix sèche et autoritaire de mon père résonne dans l'écouteur.

– Rhys, pourquoi m'appelles-tu maintenant ? J'ai une réunion.

Je pris une grande inspiration, essayant de maîtriser la colère qui bouillonnait en moi. Ce n'était pas le moment de se laisser emporter, pas encore.

– Papa, j'ai besoin de te parler de quelque chose d'important. Tu te souviens du dix-sept juin, il y a sept ans ? Le jour de mon oral de bac ?

Un silence pesant s'installa de l'autre côté de la ligne, assez long pour que je sache que quelque chose n'allait pas. Enfin, sa voix résonna à nouveau, cette fois plus froide.

– Bien sûr que je me souviens. Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

– Ce jour-là, tu m'as dit de laisser mon téléphone à la maison, pour que je sois concentré. Mais dis-moi la vérité... Est-ce que tu as intercepté des messages pour moi ce jour-là ?

Un autre silence, cette fois plus long. Mon cœur battait à tout rompre alors que j'attendais sa réponse. Je pouvais presque l'entendre peser le pour et le contre, décider de ce qu'il allait me dire, ou plutôt ce qu'il allait m'avouer.

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