❀ ℭ𝔥𝔞𝔭𝔦𝔱𝔯𝔢 15

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❀ Iliana Henderson

La faim me tiraillait. Nous étions à la fin du mois, et l'argent se faisait rare. En ce moment, pour une raison inconnue, j'avais beaucoup moins de clients, ce qui m'empêchait d'avoir un plus à la fin de la journée. Je donnais tout ce qu'il restait à manger à Gabriel, mais c'était assez difficile. Mon dernier repas, datant d'avant-hier soir, s'était composé d'une pomme et d'un yaourt.

La faim me tiraillait, encore plus durement qu'avant. Nous étions à la fin du mois, et les économies s'étaient envolées plus vite que prévu. Pour une raison qui m'échappait, mes clients se faisaient rares ces derniers temps. Peut-être une nouvelle concurrente avait-elle capté leur attention, ou peut-être était-ce simplement la malchance qui s'acharnait sur moi. Peu importait la cause, le résultat restait le même : je peinais à joindre les deux bouts, et Gabriel souffrait de ce manque, tout comme moi.

Je serrai la mâchoire en regardant les étagères vides de la petite cuisine. Il ne restait que quelques boîtes de conserve, des paquets de pâtes presque vides, et un peu de lait périmé. Je me rappelai de mon dernier repas : une pomme ridée et un yaourt presque moisi que j'avais pris avant-hier soir. Depuis, je m'étais contenté de boire de l'eau et de donner à Gabriel tout ce qui était encore mangeable. Mais même pour lui, cela devenait insuffisant.

Mon ventre gargouillait bruyamment, mais je l'ignorai. J'avais l'habitude de cette sensation. Cela faisait des années que je jonglais entre les besoins de Gaby et les miens, et je savais que je pouvais tenir encore quelques jours si nécessaire. Ce qui m'inquiétait le plus, c'était lui. À sept ans, un enfant ne devrait pas avoir à ressentir la faim de manière aussi cruelle.

Je regardai mon fils, assis à la table du salon, dessinant avec des crayons usés. Son visage était plus pâle que d'habitude, et je pouvais voir la fatigue dans ses petits yeux. Il avait maigri, même si je m'efforçais de le nourrir autant que possible. L'inquiétude me tordait l'estomac. Il fallait que je trouve un moyen de nous en sortir, et vite.

Je soupirai et me passai une main dans les cheveux, enlevant le chignon défait que j'avais fait ce matin. Rhys avait proposé de m'aider financièrement, mais l'idée de dépendre de lui me répugnait. Je savais qu'accepter son aide revenait à lui accorder une influence sur ma vie que je n'étais pas prête à lui donner. J'avais passé des années à me construire seule, sans lui, et malgré la tentation de tout lâcher et de me laisser aller dans ses bras, je ne pouvais pas. C'était une question de fierté, de survie.

Un message vibra sur mon téléphone, interrompant mes pensées. Mon cœur se serra. J'avais appris à redouter les notifications depuis quelques semaines, à cause des lettres et des cadeaux effrayants de mon stalkeur. J'hésitai avant de tendre la main pour vérifier. Il fallait que je sache. Le texte était simple, mais chargé de menace :

« Tu as l'air fatiguée, Iliana. Je pourrais t'aider, tu sais. Si seulement tu acceptais de m'avoir dans ta vie. Ne fais pas l'erreur de me défier encore plus. R. A. »

Je lâchai le téléphone, comme s'il m'avait brûlé. La colère me submergea. Cet homme avait dépassé les limites depuis longtemps, mais cette fois, il osait me proposer de m'aider comme s'il pouvait se poser en sauveur. La bile me monta à la gorge, mais je me forçai à rester calme. Il fallait que je garde la tête froide. La peur ne pouvait plus dicter ma vie.

Je jetai un regard vers Gabriel. Si seulement cet enfer pouvait s'arrêter, juste quelques jours. J'étais épuisée, et je ne savais plus comment gérer tout ça. Je m'assis en face de mon fils, attendant la nounou pour pouvoir partir.

Elle était déjà en retard d'une demi-heure, et j'espérais qu'elle ne tarderait pas trop, plus le temps passait, plus j'allais perdre des clients.

Je fixais la porte, anxieuse, tandis que le silence pesait dans la pièce. Chaque minute qui s'écoulait sans la nounou me plongeait un peu plus dans l'angoisse. L'idée de perdre encore une soirée de travail, de voir mes maigres revenus diminuer encore plus, m'oppressait.

NOVOCANEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant