❀ ℭ𝔥𝔞𝔭𝔦𝔱𝔯𝔢 12

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❀ Rhys Anderson

J'entrai dans le café où elle travaillait, tout sourire, mais je me figeai en la voyant rire avec un client. Mon sang ne fit qu'un tour et je m'approchai au moment où il partit. J'allais lui broyer la main s'il continuait de lui toucher l'épaule comme ça.

Je m'avançai vers elle et elle retourna derrière sans m'avoir vu.

– Bonjour, qu'est-ce que vous dé... Rhys.

Son ton et son visage changèrent instantanément lorsqu'elle réalisa que c'était moi. Son sourire s'effaça, remplacé par une expression de frustration et de lassitude. Elle posa sa main sur le comptoir, les doigts serrés contre le bois, comme si elle cherchait à contenir une tempête intérieure.

– Qu'est-ce que tu fais ici, Rhys ? demanda-t-elle d'une voix plate.

– Maman ! Regarde ! s'écria la voix d'un petit garçon derrière moi.

Iliana ferma les yeux une seconde. Elle savait que j'avais compris qu'il s'agissait de mon fils. Je me retournai immédiatement pour le voir. Je restai figé, mes yeux rivés sur ce petit garçon. Gabriel. Mon fils. C'était irréel de le voir en chair et en os, et pourtant, je ne pouvais nier l'évidence. Il avait mes yeux, mon sourire, et probablement ce même esprit rebelle qui m'avait toujours causé des ennuis. Le voir sourire avec insouciance, agitant fièrement son dessin, me fit ressentir un mélange complexe de fierté et de douleur. Tant de temps perdu. Tant d'années sans lui. Je me demandais ce que j'avais raté, ce que j'aurais pu être pour lui.

– C'est magnifique mon ange. Laisse-moi deux minutes et j'arrive voir de plus près, fit-elle d'un ton doux.

Iliana, elle, me regardait avec une expression que je ne connaissais que trop bien : celle d'une femme prête à se battre pour protéger son enfant, à tout prix. La manière dont elle se comportait avec elle contrastait beaucoup avec ton attitude avec moi, mais c'était compréhensible. Je me retournai ensuite vers elle, lorsque mon petit garçon rebaissa la tête.

– Je t'interdis d'aller le voir, cracha-t-elle dans un murmure.

– Je vais me gêner, fis-je en plissant les yeux.

Iliana se raidit, son regard devenant encore plus dur. Elle se pencha légèrement en avant, sa voix abaissée en un chuchotement tendu.

– Tu n'as aucun droit sur lui, Rhys. Pas après tout ce temps. Il n'est pas juste un projet ou un souvenir. C'est mon fils. Mon fils, tu entends ? Tu n'étais pas là, tu n'as pas été là pour lui, ni pour moi.

Je fronçai les sourcils. Son accusation me piqua plus profondément que je ne l'aurais cru.

– Ce n'est pas comme si j'avais choisi de disparaître, Iliana. On m'a menti. Je suis ici maintenant, je veux être là pour lui.

Ses yeux lançaient des éclairs.

– Être là, maintenant ? Tu crois que ça suffit ? Pendant toutes ces années, c'était moi qui veillais sur lui, moi qui me battais pour lui offrir une vie décente, pendant que toi, tu étais... Où, au juste ?

Sa voix tremblait légèrement, une combinaison de colère et de douleur. Gaby, toujours absorbé par son dessin, semblait dans son propre monde, heureusement ignorant la tension qui régnait entre nous.

– Iliana, laisse-moi...

Elle m'interrompit, son visage se durcissant encore plus.

– Non, Rhys. Je ne vais pas te laisser entrer dans sa vie et tout chambouler. Pas après avoir fait tant d'efforts pour qu'il se sente en sécurité. Tu crois que tu peux débarquer et tout réparer, mais ce n'est pas aussi simple.

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