chapitre 1,1

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Tw : Violences physiques, Vocabulaire grossier

Je suis affalée sur le canapé, les yeux encore lourds de sommeil. Le matin d'un premier jour de rentrée, une tension palpable flotte dans l'air. Ma mère entre dans la pièce, le regard un peu fatigué, mais déterminé.

— Il est temps que tu te prépares, tu sais , me dit-elle d'un ton un peu brusque.

Je soupire, faisant traîner le son de ma réponse.

— Je sais, mais je n'ai pas vraiment envie d'y aller.

Elle lève les yeux au ciel, un geste que je connais par cœur.

— Ça ne sert à rien de faire la tête. C'est juste une rentrée, ça ne va pas te tuer.

Je m'étire et jette un coup d'œil au miroir. Mon uniforme m'attend, l'odeur du tissu propre me rappelle que la journée commence vraiment. Une jupe plissée et une chemise blanche, rien de très excitant. Mais, pour moi, c'est bien plus qu'un simple habit. C'est un symbole de ce que je redoute : le jugement des autres, les regards scrutateurs.

— Oui, je vais m'y mettre , lui réponds-je, essayant de cacher mon agacement. Je commence à m'habiller lentement, profitant de chaque seconde pour ne pas penser à la journée qui m'attend. La jupe est trop serrée, la chemise trop raide. C'est comme si chaque pièce de l'uniforme m'enfermait un peu plus dans une réalité que je n'apprécie pas.

En luttant avec les boutons de ma chemise, je lance distraitement

— Tu pourrais m'encourager un peu, tu sais, comme ferait une mère.

Elle ne semble pas vraiment m'écouter, les yeux fixés sur son téléphone.

— Je suis sûre que ça se passera bien. Sa voix manque de chaleur, presque indifférente. Ça me fait un peu mal, mais je n'ai pas le temps de m'y attarder.

Je finis par me lever, le cœur lourd.

— Bon, je pense que je vais y aller maintenant.

— D'accord, ne traîne pas trop , me dit-elle, avant de retourner à ses affaires, comme si ma présence n'était qu'une simple routine.

Je souffle, cette sensation de négligence me serre la poitrine, mais je n'ai pas le choix. Je m'aventure vers la porte, me forçant à respirer profondément. La lumière du matin m'agresse, mais je sors tout de même, fermant la porte derrière moi, laissant derrière moi un foyer qui ne se préoccupe guère de mes craintes.

En passant le pas de la porte, je prends une profonde inspiration, prête à affronter ce monde qui m'attend à l'extérieur. Je m'appelle Khione Auretta. Je suis brune, avec des cheveux qui tombent en désordre autour de mon visage. C'est ma deuxième année à l'université, et je me sens déjà comme un poisson hors de l'eau. Je n'ai pas d'amis ici, juste un vide que je n'arrive pas à combler.

Mes parents sont séparés. Mon père, coincé dans sa lutte contre l'alcool, est devenu un fantôme qui hante ma mémoire. Ma mère, quant à elle, semble plus préoccupée par ses escapades d'un soir que par moi. J'essaie de ne pas y penser, mais c'est difficile de ne pas ressentir cette absence de soutien familial.

Je glisse mes écouteurs dans mes oreilles, cherchant un peu de réconfort dans ma musique. Je lance ma playlist, et la voix mélodieuse de Chase Atlantic envahit mon esprit. Pourquoi tout le monde dit-il que ce sont des musiques de dépressifs ? Je veux dire, ils pourraient tout simplement s'occuper de leur propre vie au lieu de juger la mienne. La musique résonne en moi, me donnant un peu de courage.

Alors que je marche, les bâtiments de l'université apparaissent à l'horizon, une structure massive et intimidante. Je sens les regards se poser sur moi. Je ne sais pas pourquoi, mais ça ne change rien à mes habitudes. Je les ignore, un peu trop habituée à être la cible de l'attention sans raison.

Coeur en feuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant