chapitre 1,14

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Cela fait une semaine que Seth et moi ne nous sommes pas adressé la parole. C'est comme si tout était figé entre nous, une barrière invisible, mais bien réelle. Chaque fois que nos regards se croisent, il y a cette tension, ce mélange de rage et de quelque chose d'autre, d'incontrôlable. Mais on fait avec, pour le bien de la mission. C'est comme ça, et il va falloir tenir le coup.

Nous avons pris l'avion avec les autres membres du gang, et maintenant nous sommes à l'hôtel. Une mission à l'autre bout de l'Europe, une destination ensoleillée, l'Espagne. Le genre de lieu qui ferait rêver n'importe qui... sauf que, pour moi, il s'agit de tout sauf de vacances. C'est stressant. Dangereux. Et je n'ai pas Seth pour me soutenir, pas cette fois.

Je me regarde dans le miroir de la chambre d'hôtel. Une robe noire ultra courte, décolletée, qui ne laisse aucune place à l'imagination. Les talons Yves Saint Laurent s'accordent parfaitement avec la tenue, allongeant mes jambes et me donnant un air que je déteste. Ce n'est pas moi, ce n'est pas ma façon d'être. Cette robe, c'est une carapace, une illusion que je dois donner pour la mission. Ce que je déteste le plus, c'est l'impression de redevenir un objet, exactement comme avant.

— T'es magnifique, Khione, me dit Roxy, qui se trouve derrière moi.

Elle est dans une robe plus discrète, mais elle est sublime. Elle porte toujours un sourire léger, rassurant, ce qui m'aide à rester stable. Elle sait que je suis nerveuse, même si je ne l'avoue pas.

— Merci, Roxy, dis-je sans grand enthousiasme.

Elle s'approche et pose une main sur mon épaule.

— Hé, ça va aller, tu sais ? Tu n'es pas seule là-dedans. On sera juste derrière toi, murmure-t-elle, son regard empreint de bienveillance.

Je hoche la tête, inspirant profondément, essayant de calmer mes nerfs. Elle a raison, ce n'est qu'une mission, un rôle que je dois jouer pour obtenir ce que nous voulons. Mais cela ne change rien au fait que ça me terrifie.

— Tu dois rejoindre Seth à l'entrée. T'es prête ? demande-t-elle.

Seth. Bien sûr. Comme si la soirée n'était pas déjà assez difficile, je dois monter sur sa moto pour la suite. Super. Je lève les yeux au ciel, attrape mon sac, et descends.

En bas, Seth est déjà là, appuyé nonchalamment contre sa moto, l'air aussi désinvolte qu'à son habitude. Je me dirige vers lui, mes talons résonnant contre le sol. Il ne tourne même pas la tête, mais je sens son regard glisser sur moi, une expression indéchiffrable sur son visage.

— Monte, dit-il simplement, sans émotion.

Je m'approche et grimpe sur la moto. La robe est si courte que j'ai l'impression d'être presque nue en m'installant derrière lui. Je m'accroche à sa taille, serrant les dents. La proximité est insupportable, mais je fais de mon mieux pour ne rien laisser paraître. Ses muscles se tendent légèrement sous mes doigts, mais il ne dit rien non plus.

La route jusqu'au lieu de la fête est silencieuse, la tension entre nous palpable. La nuit est douce, les lumières de la ville brillent tout autour de nous, mais tout ce que je ressens, c'est l'étau de la mission qui se resserre. L'endroit est luxueux, presque extravagant, une villa immense où la soirée bat déjà son plein.

Nous arrivons enfin, et je descends de la moto. Seth ne me regarde même pas alors qu'il coupe le moteur. Je sais que lui aussi a un rôle à jouer ce soir, mais je n'ai aucune idée de ce qu'il fera. Nous sommes chacun de notre côté, et l'idée de ne pas avoir de filet de sécurité me serre la gorge.

À l'intérieur, la musique est forte, les gens dansent, rient, boivent. C'est un spectacle de luxe et de décadence. Je fais de mon mieux pour paraître à l'aise, mais chaque fibre de mon être est tendue. Amir et Nolan s'approchent de moi, m'expliquant les détails du plan. Je dois chauffer un homme précis, l'amener à l'écart, dans une pièce à l'étage. C'est un homme influent, et il détient des informations que nous devons obtenir.

Je repère ma cible de l'autre côté de la pièce. Il est grand, cheveux bruns, un sourire charmeur qui n'arrive pas à masquer l'arrogance dans son regard. Je prends une profonde inspiration, me préparant à entrer dans ce rôle.

Je m'approche de l'homme en question, mon regard fixé sur lui, affichant un sourire séducteur. Il remarque immédiatement ma présence et me détaille de haut en bas, clairement intrigué.

— Bonsoir, lui dis-je, ma voix douce et charmante, presque susurrée. Vous avez l'air de vous ennuyer... Peut-être que je pourrais rendre votre soirée un peu plus intéressante.

Il sourit, visiblement amusé par mon approche.

— Oh, vraiment ? Et comment comptez-vous faire ça ? répond-il avec un clin d'œil, sa voix teintée d'arrogance.

Je m'approche encore, mon corps frôlant le sien, et je fais mine de jouer distraitement avec la boutonnière de sa chemise.

— Eh bien, je pense que je connais quelques moyens de vous divertir, murmuré-je, mes yeux plantés dans les siens, pleins de promesses voilées. Mais ça ne serait pas très discret ici... vous ne trouvez pas ?

Mon regard plonge dans le sien, un air de défi, de provocation. Il semble apprécier ce qu'il entend et glisse une main dans mon dos.

— Peut-être qu'on devrait trouver un endroit plus... privé, alors, dis-je, ma voix à peine plus forte qu'un souffle.

J'enlace son bras, nos corps se rapprochant tandis que je laisse un rire léger franchir mes lèvres, un rire qui cache tout ce que je ressens réellement. Je laisse mes doigts glisser sur son torse, puis je me penche un peu plus près de son oreille.

— Venez, dis-je, presque dans un murmure, je vais vous montrer quelque chose que vous n'oublierez jamais.

Je guide l'homme vers les escaliers, mes hanches se balançant légèrement de manière à capter toute son attention. Une fois à l'étage, je jette un regard derrière moi et lui offre un sourire qui pourrait être interprété comme de la promesse.

— Fermez la porte derrière vous, suggéré-je, d'un ton qui se veut suave. J'ai envie que ce moment soit juste pour nous.

Il obtempère, se rapprochant de moi avec une expression impatiente. Je m'efforce de rester calme, mais l'angoisse commence à me prendre à la gorge.

Coeur en feuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant