chapitre 1,3

36 2 0
                                    

Assise au dernier rang du cours de littérature, je sens mes paupières devenir de plus en plus lourdes. La voix du professeur est un bourdonnement régulier, lointain, et mon cahier est resté ouvert à la même page depuis un moment sans que je note quoi que ce soit. Je me laisse aller, la tête prête à se poser contre le mur, mes pensées s'échappant dans le flou agréable du sommeil.

Mais un bruit soudain me tire de ma somnolence. Une chaise est tirée à côté de moi, un fracas dans le calme de l'amphithéâtre. J'ouvre les yeux, encore à moitié endormie, et une silhouette s'installe à côté de moi. Avant même que je comprenne ce qui se passe, une voix enthousiaste me parvient à l'oreille.

— Coucou ! Oh là là, je suis trop contente d'avoir trouvé une place ici, j'avais peur d'être coincée tout devant. Moi c'est Élisa, et toi, comment tu t'appelles ? Sa voix est aiguë, presque trop joyeuse pour l'heure du matin, et elle parle sans attendre de réponse. Tu sais, j'adore la littérature, surtout les grands classiques. Hugo, Balzac, tout ça ! Mais j'avoue que parfois, le prof est un peu barbant, tu trouves pas ?

Je cligne des yeux, un peu déboussolée, encore engluée dans la fatigue. Elle n'attend pas ma réaction, continuant sans relâche.

— C'est ma deuxième année ici, et je suis tellement excitée ! Tu sais, tout le monde dit que la première année est la plus difficile, mais moi, je me dis que c'est une aventure. Enfin, faut voir le bon côté des choses, tu vois ce que je veux dire ? Elle rit, une cascade de sons qui résonne dans la salle encore vide.

Je la fixe, essayant de comprendre si elle s'attend à ce que je dise quelque chose, mais elle enchaîne avant même que je puisse ouvrir la bouche.

— Et toi, t'es en quoi ? T'es là depuis longtemps ? Moi, j'ai choisi littérature parce que j'adore lire. Mais pas que des classiques, hein, j'adore aussi la fantasy ! Genre, tu lis quoi, toi ? Est-ce que t'aimes la fantasy ?

Je ferme les yeux une seconde, essayant de rester calme. Toute cette énergie est trop intense, et surtout, c'est la dernière chose dont j'ai besoin en ce moment.

— Khione, dis-je finalement, d'une voix basse et traînante, espérant que ça suffira pour lui faire comprendre que je ne suis pas d'humeur à parler. Et... ouais, c'est ma deuxième année aussi.

Mais ça ne semble que l'encourager.

— Khione ? C'est un super prénom, vraiment ! Oh, c'est tellement génial de rencontrer quelqu'un qui aime la littérature. Tu sais, j'ai l'impression que certaines personnes sont là juste parce qu'elles doivent être là, alors que d'autres... Elle continue, ses paroles se mêlant dans un flot interminable de mots qui rebondissent entre nous.

Je laisse échapper un soupir, posant ma tête dans ma main, mon regard fixé vers le tableau mais sans réellement le voir. Le professeur continue de parler, indifférent à notre échange, et Élisa continue de babiller à côté de moi. Chaque phrase est une nouvelle vague de paroles, chaque rire aigu me rappelle à quel point je voudrais être ailleurs.

Finalement, je me contente de hocher la tête de temps en temps, espérant qu'elle se fatigue toute seule. Mais au fond de moi, je sais que cette journée ne fait que commencer, et qu'apparemment, même le cours de littérature ne me laissera aucun répit.

Après le cours de littérature, je me dirige vers le prochain cours : les mathématiques. Un soupir m'échappe, traînant mes affaires le long du couloir. J'ai l'impression que les heures s'étirent sans fin, et que chaque classe est plus pénible que la précédente. La fatigue accumulée de la journée commence à me rattraper, mon corps est lourd, mon esprit est embrumé.

En arrivant dans l'amphithéâtre, je m'assois au fond, comme toujours. Le professeur commence à parler, sa voix résonne quelque part en arrière-plan, mais je ne parviens pas à me concentrer. J'essaie de rester éveillée, de prendre quelques notes, mais mes yeux se ferment malgré moi. Je me laisse aller, ma tête retombe sur mon bras replié sur la table.

Coeur en feuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant