chapitre 1,11

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Assise au fond de la salle, j'essaie tant bien que mal de suivre le cours de littérature, mais ma concentration n'est pas au rendez-vous. La douleur qui irradie de la plaie sur ma jambe me rappelle sans cesse les événements de la veille. La blessure a été soignée, mais elle reste sensible, et chaque mouvement me fait grimacer discrètement.

Mais plus difficile à ignorer que la douleur physique, c'est l'attitude de Seth. Depuis ce matin, il ne m'a même pas adressé un regard, comme si j'étais devenue invisible. Lui, installé deux rangées plus loin, se tient droit, le visage fermé, l'air détaché. Je le connais suffisamment pour comprendre que quelque chose ne va pas, que cette distance est voulue, mais je ne comprends pas pourquoi. Après tout ce qu'on a traversé ensemble, son comportement est incompréhensible et profondément blessant.

Je serre la mâchoire, la colère grondant sous la surface, mais j'essaie de me contenir. Chaque minute qui passe sans qu'il ne daigne m'adresser un regard ou même me parler alimente encore plus mon irritation. C'est comme si j'avais été effacée de sa vie, et cette pensée me brûle. Je ne suis pas prête à tolérer ça.

Finalement, la cloche sonne, marquant la fin du cours. Un soulagement, en quelque sorte. J'observe les étudiants qui se lèvent et quittent la salle, et je remarque Seth qui commence à ranger ses affaires. Il semble vouloir se glisser hors de la salle sans même un mot. Quelque chose en moi éclate.

Je me lève, déterminée, et le rejoins, contournant les rangées de chaises pour me poster devant sa table avant qu'il ne se lève complètement.

— Pourquoi tu m'ignores, Seth ? demandé-je, sans même chercher à cacher mon agacement.

Il lève enfin les yeux vers moi. Son regard est froid, distant, et je sens un pincement douloureux dans ma poitrine en voyant ce mur entre nous.

— Parce que je le fais, répond-il platement, avant de se lever, son ton tranchant, visiblement prêt à m'éviter.

Cette réponse, ce ton, c'est la goutte de trop. Toute la frustration, la douleur, la peur qui m'ont rongée ces dernières heures explosent à la surface.

Avant qu'il ne puisse m'échapper, j'attrape son bras fermement, l'obligeant à me faire face.

— C'est quoi ton problème, hein ? crié-je, incapable de retenir ma colère. J'ai risqué ma vie y'a deux jours pour toi, je t'ai protégé, et toi, tu m'ignores comme si j'étais rien ?

Ses traits se durcissent et il serre la mâchoire. Son regard devient plus sombre encore, comme un orage prêt à éclater. Sans dire un mot, il me repousse brutalement, me faisant reculer de quelques pas, puis il attrape mon poignet et m'attire vers lui pour me claquer contre le mur derrière moi. Le choc m'arrache un gémissement de douleur, ma plaie protestant avec virulence.

— Tu crois vraiment que j'ai besoin de toi pour me protéger ? gronde-t-il, son visage tout près du mien, son regard brûlant de colère. J'ai besoin de personne. Et certainement pas de toi qui te mets en danger sans réfléchir.

Je le fixe, les yeux brûlant de rage. Pas question de me laisser intimider par son agressivité.

— Ah ouais ? Eh bien, j'ai pas besoin de toi non plus, fils de pute, rétorqué-je avec hargne. Tu penses être le seul à pouvoir tout gérer tout seul ? Peut-être que tu devrais te rendre compte que le monde ne tourne pas autour de toi.

Son regard devient encore plus dur, sa poigne se resserre légèrement sur mon poignet. Mais je refuse de détourner les yeux. La tension entre nous est palpable, presque suffocante, comme une corde prête à rompre à tout moment.

— T'es vraiment inconsciente, tu sais ça ? souffle-t-il, sa voix vibrante de colère contenue.

— Peut-être bien, lancé-je avec défi, mais je ne suis pas la seule. Tu fais pareil, Seth. Tu joues au héros solitaire, tu crois que personne n'est capable de t'aider. Mais laisse-moi te dire un truc : t'es humain, toi aussi. Et t'es vulnérable, même si tu refuses de l'admettre.

Coeur en feuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant