Coeur en feu

chapitre 1,8

Mon père s'approche de moi, ses yeux durs et intransigeants. Je sens une pression sur ma poitrine alors qu'il répète, encore et encore, que je dois le faire. Que je dois rejoindre le gang, que je n'ai pas d'autre choix. Ma voix se fait de plus en plus faible face à sa détermination, et finalement, comme un ressort qui se brise, je cède.

— D'accord, je murmure, mon regard fuyant. Je vais le faire.

Je vois Seth dans un coin de la pièce, et à l'instant même où les mots sortent de ma bouche, il souffle bruyamment, comme s'il retenait sa colère depuis trop longtemps. Puis, d'un geste brusque, il tourne les talons et frappe violemment le mur à côté de lui. Le bruit résonne, et je sursaute, sentant la peur et l'adrénaline me traverser d'un coup.

Je monte les escaliers rapidement, mes jambes tremblantes, pour le rejoindre. Quand je le trouve, il est debout, les poings encore serrés. Sans dire un mot, je m'approche, mais avant même que je puisse tenter de parler, Seth se retourne brusquement, me poussant violemment contre le mur. Mon dos heurte la surface froide, et je sens la panique m'envahir.

— Pourquoi t'as cédé ? crache-t-il, ses yeux brillants de colère. T'es complètement stupide ou quoi ? Tu sais pas dans quoi tu viens de te mettre !

Je tente de reprendre mon souffle, les mots se coinçant dans ma gorge.

— J'avais pas le choix, je souffle. Qu'est-ce que tu voulais que je fasse ?

Seth s'approche encore, son visage tout près du mien, ses traits déformés par la rage.

— Le choix ? répète-t-il, la voix basse et glaciale. Y'a toujours un choix, Khione. Mais maintenant, t'as mis les deux pieds dedans, et crois-moi, tu vas regretter.

Mon estomac se serre à ses mots. Je n'ai jamais vu une telle haine dans ses yeux, une telle fureur.

— Écoute, je... commence-je, mais il me coupe, les mots fendant l'air comme un coup de fouet.

— Ta gueule, Khione. Tu crois que ça va être un jeu ? Tu vas voir. Chaque mission, je serai là. À chaque foutue mission, je serai là. Et crois-moi, j'ai autant envie de te protéger que de te tuer.

Il s'éloigne de moi d'un pas brusque, laissant derrière lui un silence écrasant. Ses paroles résonnent en boucle dans ma tête. J'ai envie de crier, de lui dire que je ne voulais rien de tout ça, que j'étais piégée, mais les mots meurent sur mes lèvres.

Je le regarde s'éloigner, le cœur battant. La rage et la peur se mêlent en moi, mais surtout, un désespoir profond s'installe. J'ai l'impression d'être une marionnette, tirée de tous côtés, et chaque ficelle me coupe un peu plus.

Je prends une grande inspiration, tentant de calmer les battements frénétiques de mon cœur, puis je redescends. En bas, l'atmosphère est pesante, l'air chargé d'alcool et de rires qui semblent de plus en plus faux. Je ne me sens pas à l'aise, pas avec tout ce qui vient de se passer, et encore moins entourée de ces gens qui ne semblent pas se rendre compte du poids de cette situation. Tout le monde a bu, et les souvenirs de cette nuit-là, celle où ces types m'ont touchée, commencent à se mélanger à la réalité, brouillant la frontière entre hier et aujourd'hui.

Je serre les poings, le souffle court. J'ai besoin de partir. Tout de suite. Mes yeux cherchent Seth, et je le trouve, un peu à l'écart, encore en colère, le regard sombre et la mâchoire serrée. Je m'approche, hésitante, puis je me lance.

— Seth, tu peux me ramener ? je demande, ma voix légèrement tremblante, malgré moi.

Il me lance un regard, un éclat de colère encore présent dans ses yeux, puis hoche la tête, mais il ne prend même pas la peine de me répondre. Un simple signe de tête, et il se détourne, marchant vers la sortie sans attendre que je le suive.