chapitre 1,2

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En sortant de l'université, je me sentais encore tremblante des événements de la journée. Chaque pas que je faisais me ramenait aux ricanements des filles dans la cafétéria, aux coups que j'avais reçus, et à la douleur de ma propre humiliation. La cafétéria avait été un refuge temporaire, un endroit où je pouvais essayer de me fondre dans la foule, mais maintenant, je devais faire face à la réalité de ce que j'avais vécu.

Je m'engage dans le chemin du retour, mes écouteurs bien en place, la musique de Chase Atlantic à plein volume. Les paroles résonnent avec mon malaise, un écho de ce que je ressens au fond de moi. Ignore ça, me dis-je, mais chaque note semble rappeler la honte et la colère qui se mêlent en moi. Je suis hantée par l'image de leurs visages moqueurs, par le souvenir du sang sur mes mains, qui ne veut pas s'effacer.

Je tente de me convaincre que ce n'était qu'un mauvais moment à passer, un incident isolé, mais une voix intérieure me murmure que c'était bien plus que ça. À chaque pas, j'ai l'impression de m'enfoncer un peu plus dans un cycle interminable d'échecs, de solitude et de rejet. C'est comme si chaque jour apportait son lot de désillusion, me faisant sentir de plus en plus invisible.

Lorsque j'arrive chez moi, je pousse la porte d'entrée avec une légère hésitation, une anticipation de l'indifférence qui m'attend. Et là, je tombe immédiatement face à cette même scène familière : ma mère, assise sur le canapé, son regard rivé sur l'écran de son téléphone. Elle scrolle sans relâche, ses yeux fixés sur ce qui semble être un message crucial, bien plus important que le retour de sa propre fille.

Je soupire, une vague de désespoir m'envahit. Je sais qu'elle ne me posera pas de questions, qu'elle ne s'inquiétera pas pour moi. C'est comme si j'étais devenue une ombre, une présence qui ne dérange plus. Je laisse mes affaires tomber sur le sol, émettant un bruit sourd qui attire enfin son attention, mais à peine. Elle lève brièvement les yeux, un éclat de désintérêt traversant son regard, avant de revenir à son écran.

— Salut, murmuré-je, presque pour moi-même, mais je sais déjà que ça ne suffira pas. Je suis seule, comme toujours, confrontée à mes pensées sombres sans aucune échappatoire.

Je n'attend aucune réponse de sa part et me rends dans ma chambre, mon refuge, mais même là, la solitude est écrasante. Je me laisse tomber sur mon lit, le visage enfoui dans l'oreiller, essayant de noyer les souvenirs de cette journée. Mes pensées tourbillonnent, chaque pensée semblant plus lourde que la précédente, et je sens que je vais craquer. Tout ce que je veux, c'est fuir, mais je sais que je ne peux pas. Mon esprit est un prisonnier, et aujourd'hui, la sentence semble particulièrement sévère.

Je m'installe à mon bureau, ouvrant mon cahier de maths avec un soupir résigné. Je commence à m'atteler aux devoirs, essayant de m'y plonger, de me concentrer sur les équations et les chiffres. Les lignes se mélangent sous mes yeux, chaque problème me demande un effort mental colossal. Le temps semble s'étirer, les minutes se transformant en heures, et pourtant, j'avance lentement, laborieusement.

Après deux longues heures, je referme enfin mon cahier, fatiguée. Mon esprit est épuisé, et tout ce que je veux maintenant, c'est me débarrasser de la saleté et de la douleur de cette journée. Je me lève et me dirige vers la salle de bain. J'allume la douche, laissant l'eau chauffer jusqu'à devenir brûlante, presque intolérable, puis je me glisse sous le jet.

L'eau brûlante frappe ma peau, et je ferme les yeux, laissant cette chaleur intense essayer de dissoudre la tension dans mes muscles. En me lavant, mes doigts effleurent la peau de mes hanches, où de légers bleus commencent déjà à apparaître. Des marques, souvenirs de ce matin, que je voudrais tant effacer. Je baisse les yeux et regarde ces contusions qui se dessinent, un contraste sombre contre ma peau. La douleur est vive lorsque je les touche, mais je ne peux m'empêcher de presser doucement, comme pour m'assurer que tout cela est bien réel.

Coeur en feuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant